Quoi qu’on dise, il faut honnêtement reconnaitre, à travers le rachat par le Gabon, du deuxième producteur de l’or noir sur le territoire national, que le pays vient d’amorcer réellement sa souveraineté économique dans l’une de ses matières premières.
Par Nelson Tchimbakala
«Notre pays est désormais le deuxième producteur de pétrole extrait sur son territoire», s’est félicité le ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi sur son compte X, le 21 juin dernier, soit quelques heures après le versement de la dernière tranche du rachat des actifs de cette société au fonds américain Carlyle.
Ainsi donc, le Gabon va désormais opérer seul, produire et commercialiser une part importante de son pétrole, après une transaction dont les négociations ont véritablement démarré en février 2024, lorsque le pays a fait valoir droit de péremption sur le rachat d’Assala Energy, une entreprise qui compte 470 employés gabonais.
Opposé à l’autre société pétrolière Maurel et Prom dans le rachat, les tractations n’ont pas été aisées : « Il faut comprendre pourquoi subitement on agite le chiffon de dette. Parce qu’il y a une réalité : le Gabon a l’intention de devenir désormais propriétaire de son pétrole, via Assala. Et ça gène», a pesté le Conseiller spécial du président de la République, chef de département communication, Télesphore Obame Ngomo, invité, juste avant l’acte du rachat, sur une émission de la chaine de télévision nationale Gabon 1ère.. Il est vrai qu’il a fallu trouver 1,3 milliard de dollars soit 800 milliards de nos francs, pour gagner cette bataille mémorable.
C’est historique, depuis que ses premières exportations pétrolières ont démarré en 1957, le Gabon n’a jamais été un acteur clé dans la production et la commercialisation de l’une de ses importantes ressources naturelles. Pendant 67 ans donc, ce sont des entreprises étrangères, notamment françaises, qui ont toujours eu la mainmise sur cette importante ressource. Imposant ainsi leur dictat sur ce qui devait revenir à l’Etat gabonais, non sans compter d’importants pourcentages reversés abusivement à quelques individus, au détriment des populations qui ont vu leurs conditions de vie se dégrader au fil des ans. Ce, malgré les différents booms pétroliers qu’a connus le pays.
Ici, la souveraineté économique désigne, selon wikipedia, « l’état d’un système économique qui bénéficie d’un contrôle sur ses approvisionnements principaux.» En économie de développement, il implique pour les pays qui disposent de ressources naturelles de disposer d’un contrôle régulier sur ces ressources ou sur leur exploitation. Le Gabon étant un grand producteur de pétrole sur le continent, il est plus que judicieux, même sur le tard, qu’il ait la maîtrise de cette importante ressource
Maintenant que c’est acquis, les nouvelles autorités du pays devraient tout faire pour revoir les paradigmes en termes de gestion des entreprises nationales et de la formation de la ressource humaine adaptée.
Assala Energy doit servir de parfait exemple dans le management des affaires au sein du nouveau Gabon rêvé par tous.
