Le 30 août 2023 a été un moment historique pour le peuple Gabonais. L’armée Gabonaise a pris ses responsabilités en déposant Ali Bongo Ondimba et son clan. Ce coup de force salutaire réconcilie le peuple avec son pays.
Pendant quatorze ans, les droits fondamentaux du Gabonais ont été bafoués par ce régime. On a assisté à des arrestations arbitraires suivies par une normalisation de la répression, de la torture et une déshumanisation totale de l’individu. Le témoignage de Zibi Bertrand, ô combien émouvant, est là pour démontrer que ce régime gouvernait par la terreur et la peur.
L’euphorie de la libération passée, les Gabonais doivent réfléchir sur le devenir politique du pays qui, à coup sûr, passe par un dialogue national inclusif et souverain. Beaucoup de mal a été commis durant ces années. Nelson Mandela disait: « On peut pardonner ; mais on ne doit pas oublier le mal commis. » Cette phrase de Madiba nous amène à cogiter sur la nécessité pour le pouvoir de la transition à mettre en place une Commission Vérité et Réconciliation. Cela aura le mérite de revisiter moralement et juridiquement tout ce qui a été commis contre le Citoyen gabonais pendant ces quatorze ans de pouvoir.
A l’exemple de ce qui a été fait en Afrique du Sud, en Argentine et même en Côte d’Ivoire, il semble important que la nation gabonaise fasse un examen de conscience sur son passé, afin de mieux préparer l’avenir. Le pardon ne signifie pas l’oubli. Trop de familles gabonaises n’ont pas pu faire le deuil de leurs proches.
Dans les violences post électorales de 2009 et de 2016. A travers cette justice transitionnelle, les responsabilités des uns et des autres doivent être établies. Il ne s’agit pas de mettre en avant les sanctions pénales. Ce qui est important, c’est d’opérer une véritable réconciliation entre les Gabonais. Se parler c’est bien, mais s’aimer patriotiquement, c’est mieux. Cela, à notre sens, ne peut se faire que par une Commission Vérité et Réconciliation. Ce sera l’occasion d’une catharsis collective par le biais de confessions publiques. La vérité devra être établie. Le passage de l’hymne national, « c’est notre essor vers la félicité » ne peut prendre toute sa profondeur symbolique qu’avec une justice pour tous.
Serge Bibang