Durant quatre décennies, l’environnement politique du Gabon a été un fourre-tout qui a sécrété une totale hybridation du régime. Nous n’avons jamais été dans un véritable régime Présidentiel, encore moins Parlementaire. L’appel à contribution lancé par le Premier ministre gabonais est l’occasion de réfléchir sur le régime politique qui conviendrait le mieux au Gabon.
Il semble que le régime Présidentiel réponde mieux aux us et coutumes du peuple gabonais. En effet, dans nos traditions, l’image du chef a une symbolique forte en ce qui concerne le fonctionnement de nos sociétés. Il ne s’agit pas de faire l’apologie d’une forme de présidentialisme qui fait du Chef de l’Etat l’Alpha et l’Omega de tout. Nous voyons à quoi a conduit ce schéma : une hyper concentration des pouvoirs entre les mains d’un même homme d’un même parti politique et d’une même famille.
Le régime Présidentiel qui est préconisé est celui ou le Chef de l’Exécutif est le détenteur du pouvoir décisionnel, assisté d’un vice-président. Celui-ci a une fonction représentative quand le Président gouverne et une fonction décisionnelle quand le Président de la République est dans l’indisponibilité de gouverner. Dans un tel régime, l’existence du Premier ministre n’a plus lieu d’être. Le Président de la République gouverne avec son cabinet composé de ministres et de conseillers.
Le Président de la République est élu au suffrage universel avec son vice-président. Le Parlement doit être monocaméral. Il n y a que la Chambre des députés. Le Parlement contrôle l’action du Président de la République via la mise en place de commissions. L’une des prérogatives du Parlement c’est de donner un avis décisionnel sur les nominations effectuées par le Chef de l’Exécutif. En effet, si une nomination ne répond pas aux critères de bonne moralité et d’éthique, cette nomination peut être annulée. L’une des clés du régime présidentiel c’est la séparation stricte des trois pouvoirs
Le Président de la République ne peut dissoudre le parlement, car il ne découle pas de lui. Le système de nomination des juges à la Cour Constitutionnelle se limite à trois juges nommés par le Président de la République. Les six autres juges doivent être élus par leurs pairs. Cela peut assurer une réelle indépendance de la Justice à l’égard de l’Exécutif, dans le contexte gabonais.
Le régime présidentiel, selon nombre d’observateurs, consacre une réelle démocratie où l’équilibre des pouvoirs se traduit par une séparation rigide de ceux-ci et une stabilité des institutions.
La future constitution devra, à notre sens, répondre à cette donne politique.
Serge Bibang