Débutée le 11 août dernier, la campagne électorale, 3 jours après, est terne. Le pays ne semble pas vivre une campagne des élections générales : présidentielle, législatives et locales. Certains états-majors politiques indiquent des difficultés financières.
S’il y a un camp qui mène une campagne électorale digne de ce nom, c’est bien celui du parti démocratique gabonais avec son candidat à la présidentielle, Ali Bongo Ondimba, qui a démarré sa campagne électorale en fanfare, le 11 août dernier. Au-delà du cadre de ce parti qui est au pouvoir depuis 56 ans, les autres candidats indépendants et de certains partis politiques ont véritablement du mal à décoller. Mieux, même les partis de la majorité présidentielle disent avoir été marginalisés.
On peut, dès lors, s’interroger sur l’utilisation de l’argent du contribuable budgété et qui a été fixé à 95 milliards de nos francs. Ainsi que l’a indiqué officiellement, le 13 janvier dernier, le ministre du budget, devant les juges constitutionnels sur une requête de la société civile qui trouvait exagéré le montant initial de 100 milliards. Certes, la ministre indiquait devant les membres de la cour constitutionnelle que les 95 milliards intégraient aussi bien le recensement général de la population en cours et les contentieux électoraux.
Une somme non moins importante pour le Gabon. Et qui aurait dû permettre un regain d’activités économiques avec toute la logistique qu’impose l’organisation des élections générales. Or, dans certaines structures souvent sollicitées en période électorale, notamment les imprimeries, les médias et autres structures de communication, le constat est désolant : les activités tournent au ralenti et sont aux antipodes d’un contexte électoral comme c’est le cas actuellement au Gabon.
Au sein de plusieurs partis, le franc électoral, ce financement public des partis en compétition électorale dégagé par l’état, ne serait pas encore effectif. Résultats, très peu d’affiches et autres gadgets des candidats autres que celui du parti au pouvoir, sont quasiment invisibles.
Au niveau de la haute autorité de la communication (Hac) qui gère la commission d’égal accès aux médias publics, l’institution a toutes les difficultés à déployer des équipes de reporters sur l’étendue du territoire national faute d’argent. Du coup, l’un des acquis obtenus au « dialogue d’Agondje » à savoir : associer les médias de toutes tendances aux élections est remise en cause après la belle expérience des élections jumelées (législatives et locales) de 2018.
Questions : comment le gouvernement gabonais justifie-t-il cette absence criarde du budget de campagne ? Cet argent profite-t-il aux entreprises installées à l’étranger en constatant, par exemple, que les grandes affiches vantant les réalisations du président sortant sont fabriquées ailleurs qu’au Gabon ? A quelques jours de la fin de la campagne électorale, le budget électoral sera-t-il enfin débloqué ?
Junior Akoma