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One Forest  Summit| La préservation de l’environnement, c’est bien, mais pas au détriment des populations

Libreville, la capitale gabonaise  a abrité du 1er au 2 mars dernier, le sommet « One forest summit ». Une initiative des présidents gabonais et français, Ali Bongo et Emmanuel Macron, prise lors de la Cop27 tenue à Charm el-Cheikh, en Egypte les 6-18 novembre 2022. Un sommet qui a pour Objectif : la remobilisation de l’attention politique autour de la sauvegarde de ces forêts, menacées par la déforestation et la surexploitation. Quid alors des villageois impactés par cette préservation ?

Le ‘’One forest summit’’ qui a réuni à Libreville les  Chefs d’Etats et de gouvernements, des scientifiques, des ONGs de défense de l’environnement, des institutions financières et des chefs d’entreprises, a mis l’accent sur les forêts du Bassin du Congo, avec comme ambition : arriver à de nouveaux engagements et à des avancées concrètes pour : conjuguer préservation et exploitation des forêts et s’assurer que les bénéfices aillent à la population locale ; améliorer les connaissances et la coopération scientifique ; accroître l’accès aux financements internationaux et trouver de nouvelles idées pour financer la préservation des forêts.

Le Gabon, pays hôte a préservé la majorité de sa forêt vierge préservée depuis le début des années 2000 en créant 13 parcs nationaux, dont l’un est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le pays a considérablement progressé dans la gestion durable de ses ressources en bois, hors des parcs. En conséquence, alors qu’il ne possède que 12% des forêts du bassin du Congo, le Gabon héberge près de 60 % des éléphants de forêt qui subsistent en Afrique – un indicateur clé de bonne gestion des ressources naturelles. Cette bonne gestion de ressources naturelles a permis, lors du Sommet Action Climat de 2019, au Gabon, de signer avec l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale (CAFI), un accord de 150 millions de dollars de paiement portant sur 10 ans et basé sur les résultats d’absorption du carbone. En juin 2021, le Gabon a reçu son premier paiement de 17 M$, une étape importante pour le pays dans ses efforts de préservation de ses terres forestières.

Un accord historique à bien des égards. Pour la première fois, les efforts d’un pays d’Afrique ont été valorisés pour la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre due à la déforestation et à la dégradation, et pour l’absorption du dioxyde de carbone par ses forêts naturelles.

Les ambitions de cette préservation sont-elles atteintes au Gabon ?

Non, pour une bonne frange de la population impactée par cette préservation. Ces dernières qui vivaient de ressources tirées de ces différentes zones sont aujourd’hui dans l’incapacité de se prendre en charge. Ce, d’autant plus que l’analyse des aspects sociaux se limite encore trop souvent à une simple description socio-économique de la zone affectée par le projet sans évaluer les impacts des activités forestières sur l’ensemble des populations. Conséquences : de nombreux villages sont abandonnés, faute de ne plus tirer leurs ressources de la forêt. Et l’on assiste ainsi impuissant au conflit Homme-faune dont les conséquences sont désastreuses pour les populations.

Quid alors de la manne de la vente du crédit carbone ?

 Le Gabon est le premier pays a bénéficié de la manne de la préservation de la forêt. Une manne qui se chiffre à des milliards de francs CFA. Selon l’une des ambitions du sommet de Libreville, cette manne devrait être redistribuée aux populations impactées par la préservation de la forêt. Mais ce n’est aujourd’hui pas le cas. Il est observé que cette opération de vente du crédit-carbone et de la préservation de la forêt n’est que l’affaire du seul ministre des Eaux et Forêts, Lee White. Aucune communication sur les contours de la gestion de cette manne n’est faite par les plus hautes autorités de la République. Une opacité qui ne se justifie pas, du moment que les populations villageoises sont les premières sur la liste des sacrifiés de la préservation de cette nature.

LMA

 

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