Déjà, face à une crise financière et économique qui l’a plongé dans le désarroi, le groupe Satram Alogis EGCA se retrouve désormais engagé dans un nouveau combat. Celui de la récupération de ses parcelles à Libreville et Port-Gentil. Confronté à ce qu’il qualifie d’’’extorsion’’ de ses biens et d’importants investissements, le groupe s’inquiète également pour la sécurité des emplois des Gabonais. Dans ce contexte, il semble perdu, surtout face à une justice qui paraît avoir pris parti.
Les difficultés du groupe ont commencé en 2017, lorsque l’entreprise Pechaud a décidé de s’installer sur son quai de 5 012 m² à Port-Gentil, acquis en 2003 auprès de l’Oprag pour un montant de 500 millions de FCFA. Pechaud a justifié son occupation en présentant une convention de location signée en 2013 avec l’Oprag, d’une valeur de 6 millions de FCFA.

« Je ne sais pas si au Gabon, on peut louer un quai de 5 012 m2 à ce prix-là » s’est étonnée Maître Essola Effoutame. Lors d’une conférence de presse tenue le 27 novembre au siège de Satram à Libreville, l’avocate du groupe, a dénoncé le ‘’complot’’ visant à détruire l’entreprise. Cette sortie visait surtout à faire entendre la position du groupe Satram Alogis EGCA, que malgré les turpitudes, le groupe ne « s’éteindra pas, mais surtout, ne va pas abandonner, car le droit est de notre côté ».

Sur cette affaire avec Pechaud à Port Gentil, Me Essola Effoutame a exprimé son étonnement face à la situation, soulignant que, depuis 2017, le groupe Satram se retrouve confronté à une extorsion de son propre espace. « Nous n’avons pas de comptes à vous rendre », brandit Pechaud, « qui nous a conseillé d’aller voir l’Oprag ».
Sauf qu’à l’Oprag, il n’y pas une attitude de désolation. Bien au contraire. Si l’entité reconnaît effectivement qu’elle a vendu la parcelle 14210 de Port-Gentil, elle va plutôt brandir que « l’Etat n’a pas le droit de vendre ses biens situés aux bords de la mer. Mais si l’Etat a vendu, eh bien il récupère son bien ». Sans plus. Face à l’obstination du groupe Satram de rentrer dans ses droits, l’Oprad brandit plutôt la menace sur les contrats de prestations de Satram. « L’Etat ne peut devenir complice de certains actes. Mais doit rassurer les investisseurs. Doit donner les mêmes chances à tout le monde ».
Cette situation est préoccupante pour le groupe Satram, puisque sur cette parcelle, il y a une hypothèque de plus de 5 milliards. « Mais le groupe se retrouve exproprié et en situation d’incapacité de faire face à ses charges, même les plus élémentaires, dont les salaires. Nous entendons les cris des salariés, parfois qui vont dans le sens du vent du prédateur, au lieu de celui de Satram. Ce titre foncier doit revenir à Satram et Pechaud doit payer les loyers qu’il occupe depuis 2017 », a lancé l’avocate. « C’est un dossier qui doit interpeller l’environnement économique, il ne s’agit pas d’un simple litige, mais des prédateurs du groupe Satram-Alogis-EGCA »
Les difficultés du groupe Satram ne se limitent pas à cette affaire. À Libreville, le groupe Ebomaf, via sa filiale la Panafricaine de la Logistique a décidé d’enfoncer le clou. A Acae, sur le site d’Antares, la Panafricaine de la Logistique s’est installée, brandissant un titre de propriété. « Il n’y a qu’au Gabon où en 12 jours, une entreprise peut initier une procédure de régularisation foncière et l’obtenir en 12 jours entre l’ANUTTC, la Conservation foncière, une décision de justice d’expropriation. Puis un procureur de la République qui descend sur le terrain pour faire exécuter une décision de justice. Une mission réservée à un huissier de justice et à la force publique. La prédation continue. Le seul site qui restait au groupe Satram pour survivre vient de lui a été braqué ».
Satram n’est pas en liquidation
Il convient de préciser que c’est en raison des rumeurs entourant une liquidation de Satram que le groupe Ebomaf a manifesté son intérêt. Cependant, l’avocate a souligné que « notre groupe n’est pas en liquidation », mais qu’il est actuellement en Concorda. Cette procédure, selon ses dires, est le résultat d’une convention signée entre les créanciers et les parties prenantes, homologuée en 2021 par le Tribunal de Port-Gentil. Me Essola a précisé que ce Concordat a une durée de sept ans, et que l’entreprise n’a pas encore épuisé ce délai, ce qui lui permet de continuer à lutter pour son redressement.
Face au refus de la direction de Satram de céder son espace, le groupe Ebomaf a contourné le groupe Satram Alogis EGCA pour s’approprier cet espace. « Un matin, ils sont arrivés avec un acte de propriété obtenu en quelques jours et ont expulsé Satram, emportant avec lui des biens, y compris des conteneurs appartenant à des clients ».
Finatra-BCEG, en mission commandée ?
Selon Me Essola, ce site de 2000 m² a été cédé comme apport par un des actionnaires de Satram, EGCA, et c’est grâce à cette opération que le groupe a pu obtenir un crédit auprès de Finatra-BCEG. Mais alors même que l’entreprise est encore dans les délais du Concorda, Finatra-BCEG exige la cession de l’espace en raison de paiements en retard, bien que Satram ait déjà remboursé au moins 80 % des 7 milliards du crédit.
Déterminée à récupérer cet espace, Finatra-BCEG va intenter une action en justice contre Satram, mais la décision a été favorable à cette au groupe Satram. Malgré cela, « Finatra-BCEG a fait appel ». « L’intervalle entre l’obtention du titre de propriété par Ebomaf et les actions judiciaires de Finatra-BCEG suggère une entente visant à nuire au groupe Satram Alogis EGCA, ce qui semble se dessiner de manière inquiétante. Ebomaf, en tant que nouvel acteur puissant, semble vouloir tout contrôler », pense l’avocate.
Dans cette lutte contre ses « prédateurs », le groupe Satram Alogis EGCA , aspire à se maintenir et à se réorganiser pour poursuivre l’héritage de ses fondateurs. L’objectif principal est de protéger les employés qui ont toujours soutenu l’entreprise. Mais la question demeure : le groupe, parviendra-t-il à relever ce défi ? C’est là tout l’enjeu de sa stratégie actuelle. La résilience et la détermination de Satram seront mises à l’épreuve dans ce contexte difficile.

