C’est le sens donné aux interventions des deux chefs d’état, lors de la récente visite officielle du président Emmanuel Macron en terre gabonaise (23-24 novembre). Un séjour fructueux qui s’inscrit dans la consolidation d’une coopération bilatérale réinventée et adaptée à la nouvelle philosophie de l’ancien pays colonisateur. Celle d’une coopération axée sur le respect mutuel.
‘’L’Afrique ne peut plus être un continent de simple extraction des ressources. On doit réussir à construire des nouveaux modèles. Ce qui suppose des investissements énergétiques, des transformations…’’, a d’emblée réagi Emmanuel Macron au discours de son homologue, Brice Clotaire Oligui Nguema axé sur ‘’la transformation économique ambitieuse centrée sur la valorisation de ses ressources et l’amélioration des conditions de vie de sa population’’… ‘’Nous ne souhaitons plus faire comme par le passé’’, a poursuivi le numéro 1 gabonais.
Dans la perspective de ce nouveau départ de la coopération franco-gabonaise, Emmanuel Macron n’a pas caché le nouveau positionnement de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies d’Afrique : ‘’Dans la philosophie que nous avons portée ces dernières années, la France croit en un partenariat réinventé, dans une relation qui soit respectueuse. Où nous devons être exemplaires, les uns les autres.’’
Pour matérialiser ce renouveau, le président français a soutenu l’idée d’accompagner les ambitions du président gabonais dans la transformation des matières premières et dans les domaines de l’eau, de l’électricité, de la gestion des déchets, des infrastructures (notamment ferroviaire), du manganèse…dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant.
Dans le domaine de l’eau, un partenariat avec IKA (Suez) vise à améliorer l’accès pour tous à l’eau potable. En ce qui concerne l’électricité, le Gabon et EDF (Electricité de France) ont signé un accord pour moderniser le réseau électrique gabonais tout en accélérant la production des énergies renouvelables. Sur la modernisation du chemin de fer gabonais et la formation de techniciens ferroviaires du Gabon, un protocole d’accord entre l’agence française de développement, l’union Européenne et la société d’exploitation du Transgabonais a été signé.
Sur le plan minier, Eramet qui exploite le manganèse gabonais s’engage à valoriser localement les minerais (manganèse et nickel), en créant un centre d’innovation métallurgique à Moanda dans la province du Haut-Ogooué. En matière de protection de l’environnement, un fonds de 60 millions de dollars de la France sera mis en place pour soutenir les efforts du Gabon dans ce domaine.
Dans le cadre de la coopération militaire, Emmanuel Macron s’est réjoui d’une coopération ‘’réinventée’’ avec la transformation du camp de Gaulle en centre de formation sous régional de référence, notamment en matière de protection de l’environnement et des ressources naturelles, des exercices militaires conjoints et de l’apport en équipements militaires.
En déclarant que la ‘’meilleure richesse du Gabon, c’est sa jeunesse’’, Emmanuel Macron s’est aussi inscrit dans la formation de la jeunesse gabonaise. Ainsi, 5700 étudiants gabonais suivent actuellement un cursus universitaire dans les universités et grandes écoles françaises. Sur place à Libreville, l’institut français rénové est un cadre qui réunit plusieurs jeunes gabonais en quête de formation en France.
‘’La France sera là, à sa juste place. C’est-à-dire celle d’un ami qui veut vous aider à réussir avec esprit de respect, considération et en partageant votre ambition’’, a rassuré M. Macron. ‘’Il n’y a aucun nuage entre le Gabon et la France ‘’ dira le président gabonais Oligui Nguema, qui a indiqué que ‘’le Gabon définit désormais seul le cadre de ses alliances. Avec la France comme avec les autres nations. Nous avançons dans le respect, la transparence et la réciprocité.’’
Jean-Yves Ntoutoume

