Pyramid Medias Gabon

Affaire Opiangah : une supposée victime interdite de quitter le territoire national et des questions

Alors qu’elle est considérée être la supposée victime dans une affaire de mœurs, Élisabeth Opiangah est interdite de sortir du territoire national. Toute chose que trouve incompréhensible le conseil d’Hervé Patrick Opiangah. Lors d’un entretien avec la presse, son conseil a souligné un dysfonctionnement au sein de la justice gabonaise. Selon la défense de l’homme d’affaires, la tentative de justifier cette situation par la justice gabonaise soulève des inquiétudes sur la crédibilité de l’État. 

Après une conférence de presse, vendredi dernier, Me Paulette Oyane Ondo revient dans un entretien à Gabon Média Time sur les contours qui existent dans l’affaire de mœurs l’opposant Hervé Patrick Opiangah et sa fille Élisabeth Opiangah. Lors d’une conférence de presse, la semaine dernière à Libreville, le collectif des avocats de l’homme d’affaires et homme politique gabonais, avait dénoncé une ambiguïté sur ce dossier. Cette fois, Me Oyane Ondo soulève un aspect juridique troublant : celui de l’interdiction de sortie du territoire depuis le 3 décembre 2024 d’Elisabeth  Opiangah. Pourtant, dans cette affaire de mœurs, elle est supposée être la victime. Pour ainsi dire, elle devrait être protégée en tant que victime.

Mais l’avocate y voit une instrumentalisation de la justice dans un pays qui se veut engager dans la « Restauration des Institutions ». Pour elle, cette situation soulève des questions fondamentales « sur la perception des victimes dans le système judiciaire, car une victime ne devrait pas être assimilée à un suspect ». Pour elle, ce seul « élément pose un problème de cohérence juridique. Une victime n’est ni un prévenu, ni un suspect, ni un fugitif potentiel. Le fondement légal d’une telle mesure demeure, à ce stade, inexpliqué ».

Aussi, continue la défense, son interpellation, le 20 novembre 2024, suivie de cinq jours de garde à vue sans accès à ses avocats, « constitue un précédent préoccupant pour le respect des droits des victimes ». 

Des entreprises fermées, des comptes bloqués et des perquisitions dans une affaire supposée de mœurs

Lors de sa conférence de presse tenue en fin de semaine dernière, le collectif des avocats de HPO avait mis en lumière des violations des droits économiques de leur client, avec la fermeture de ses entreprises, le gel de ses comptes bancaires et la saisie de ses biens, le tout sans décision judiciaire formelle et sans lien clair avec l’affaire en cours.

Aucune réponse satisfaisante ne semble émerger de cette situation. Un autre aspect souligné par les avocats, est particulièrement préoccupant, est la perquisition effectuée dans la nuit du 20 novembre 2024, orchestrée par des membres des forces de défense et de sécurité, y compris des unités habituellement mobilisées pour des affaires de grande criminalité.

Cette opération a été menée de manière « agressive et masquée », comme « si l’on s’apprêtait à appréhender un chef de gang ». Selon le collectif des avocats, cette intervention a eu lieu sans mandat ni procès-verbal, enfreignant ainsi les procédures minimales requises. De surcroît, des biens sans lien évident avec l’affaire de mœurs ont été saisis, tels que de « l’argent liquide, des devises, des montres de collection et des bijoux, pour une valeur totale estimée à près d’un milliard de francs CFA ». 

La défense s’interroge sur le lien que le Procureur pourrait établir entre ces objets et l’affaire, mais aucune réponse ne vient éclairer cette zone d’ombre. Pire encore, ces biens sont désormais introuvables, le magistrat instructeur affirmant ne jamais les avoir vus, tandis que le Procureur peine à expliquer leur disparition.

Les nombreuses irrégularités constatées, allant de la garde à vue contestée aux saisies disparues, en passant par la fermeture des entreprises et l’interdiction de sortie du territoire, auront un impact indéniable sur l’évaluation de ce dossier.

Pour le collectif des Conseils, ces éléments soulèvent des interrogations essentielles concernant la légitimité des procédures en cours. Au-delà de l’affaire spécifique, « c’est la crédibilité de la justice gabonaise qui est mise en question, ainsi que celle de la Nation sur la scène internationale ».

Pour les avocats, « en maintenant une procédure jugée défaillante et marquée par des irrégularités, le système judiciaire du Gabon risque de ternir l’image du pays et de compromettre ses relations diplomatiques ».

Pour la défense, il est crucial que les autorités judiciaires prennent conscience des enjeux et agissent avec transparence et rigueur. Une réévaluation des pratiques actuelles pourrait non seulement restaurer la confiance dans le système judiciaire, mais aussi préserver la réputation du Gabon à l’échelle internationale.

 

 

Related Articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *