Le discours du Président de la République Chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema au Débat Général de la 80ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et les perspectives économiques du Gabon
Les dysfonctionnements des élections législatives et locales couplées du 27 septembre 2025, qui ne demandent qu’à être corrigées, ne doivent pas faire oublier la richesse de la politique internationale impulsée par le Président de la République, Chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Le discours du Chef de l’Etat au Débat Général de la 80ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, peu commenté et décrypté au Gabon, mérite qu’on y revienne pour en préciser le sens et la portée sur le plan national et international. Ce discours a précisé les contours d’une politique constructiviste courageuse, décomplexée et humaniste. De façon globale cinq grands points ont ponctué ce discours :
- La présentation d’une transition politique réussie, après un coup de libération sans effusion de sang, avec des élections référendaire et présidentielle crédibles et transparentes qui ont saluées par la communauté internationale, consolidant ainsi notre démocratisation ;
- Les perspectives économiques du Gabon, extraverties basées sur un rapport gagnant-gagnant avec nos partenaires et qui décident de passer d’une économie de rente caractérisée par l’extraction et la vente des matières premières à une économie productive qui repose sur l’extraction, la production, la transformation, la distribution et la consommation des biens services sur le plan local ;
- Le point de vue du Gabon sur les relations internationales qui plaide, pour que les armes se taisent en République Démocratique du Congo et au Soudan, de ne pas toujours stigmatiser et condamner les Etats du sahel dans la recherche de leur souveraineté mais de les soutenir dans leur lutte contre le terrorisme. Plus courageusement, cette position du Gabon parle d’une solution à deux Etats dans le conflit entre Israël et la Palestine, au risque de fâcher l’Oncle Sam avec qui nous entretenons des relations bilatérales cordiales. Cette position courageuse s’exprime encore lorsque le Chef de l’Etat parle de lever l’embargo contre Cuba. Si cette position a fait chavirer les cœurs à La Havane, elle a dû faire grincer des dents à Washington, lorsque l’on connait l’histoire du conflit qui a opposé les Etats-Unis à Cuba dans les années 60, encore appelé : La crise des missiles de Cuba ;
- La triple crise planétaire des changements climatiques, de l’appauvrissement de la biodiversité et de la pollution qui est une menace existentielle. Si le Gabon prend une position offensive sur ce point, les Etats-Unis et la Chine, par exemple, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, hésitent, sinon refusent de prendre des mesures pour limiter leur capacité industrielle qui provoque beaucoup de pollution source du réchauffement climatique. En outre, le Gabon demande un partenariat équitable dans lequel la protection de nos forêts, poumons verts ou encore source d’oxygène de la planète, s’accompagne d’une juste rémunération pour les services rendus à l’humanité ;
- Enfin, le discours du Chef de l’Etat a posé la question du nouvel ordre mondial qui est en marche avec comme base le multilatéralisme revitalisé notamment par la réforme du Conseil de Sécurité tenant compte des exigences africaines exprimées à travers la Déclaration de Syrte en Lybie en 1999, inspirée par les idéaux des pères fondateurs de l’Union africaine et du panafricanisme, sous l’impulsion de Mouammar Kadhafi et qui a posé le principe de la transformation de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en Union Africaine. Ce multilatéralisme s’est aussi inspiré du Consensus d’Ezulwini qui est la position commune de l’Union Africaine concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée en 2005. Ce consensus demande deux sièges permanents avec droit de veto pour l’Afrique, ainsi que des sièges non permanents supplémentaires, pour corriger l’exclusion historique du continent africain et le rendre plus représentatif, légitime et démocratique.
Pour résumer, ce discours est une invitation aux superpuissances mondiales et, notamment les puissances occidentales, capitalistes, voire impérialistes, de revisiter leur conception des Relations Internationales, en évitant d’être trop réalistes, c’est-à-dire, de considérer le monde comme anarchique et où les Etats ne poursuivent que leur intérêts en termes de puissance et de sécurité. C’est cette conception du monde qui est à l’origine de nombreux conflits militaires, de nombreuses catastrophes écologiques, des migrations, des famines…En un mot de nombreux drames humains.
Le discours est une invitation à la résolution de nombreux conflits mondiaux par la diplomatie et par une économie intégrative qui se donne pour ambition de faire reculer la pauvreté et la misère, pour le plus grand nombre, de façon considérable et ce, pour tous les pays du monde. Le Président de la République, Chef de l’Etat, adopte une position constructiviste des Relations Internationales. La position constructiviste, contrairement à la position réaliste, pense que la réalité internationale est le produit de l’activité humaine, des idées, des interactions plutôt que des forces matérialistes inhérentes qui ne visent que l’intérêt. Elle met l’accent sur les perceptions, les croyances et les identités. Ainsi les acteurs internationaux ne sont pas simplement guidés par des intérêts matérialistes mais par des institutions et des normes qui se façonnent mutuellement dans le respect des identités et des croyances de chaque peuple. C’est cette posture qui permet au Président de la République, Chef de l’Etat de soutenir sa position, par exemple, sur le conflit israélo-palestinien et sur Cuba.
Les perspectives économiques du Gabon : l’importance du pétrole et du gaz
Les perspectives économiques du Gabon qui vise le passage d’une économie de rente à une économie de production, comme souligné au point 2 du discours du Chef de l’Etat dans notre analyse, va encore reposer, en bonne partie sur l’exploitation du pétrole. Même si l’or noir ne fait plus 80% des recettes budgétaires du Gabon comme par le passé, à cause de la diversification de l’économie gabonaise, cette ressource continuera à alimenter le budget de l’Etat gabonais, du moins à hauteur de 45%.
Le Ministre gabonais du pétrole, Sosthène Nguema Nguema, sous instruction du Chef de l’Etat et participant à un sommet de l’African Energy Week (événement annuel organisé par la Chambre Africaine de l’Energie qui rassemble les décideurs des secteurs public et privé, les dirigeants africains de l’énergie et les investisseurs mondiaux) qui s’est tenu du 29 au 03 octobre 2025, à Cape Town en Afrique du Sud, note : « La maturité de nos champs est une situation préoccupante qui appelle des initiatives fortes et encourageantes pour attirer de nouveaux investisseurs dans l’optique de relancer l’exploration et ainsi espérer de nouvelles découvertes principalement en offshore profond et très profond. Dans ce sens son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, a-t-il instruit le département dont j’ai la charge de mettre en place des mécanismes adaptés visant à inciter les sociétés pétrolières à investir, en vue non seulement, d’apporter de la production additionnelle mais également de permettre le renouvellement des réserves du Gabon par l’intensification de l’exploration…En effet les récentes découvertes enregistrées dans l’offshore peu profond… et dans l’offshore très profond révélé un potentiel à explorer…le gouvernement s’engage à mettre un cadre juridique favorable pour l’exploration offshore profond et très profond… ».
Il s’agit donc, selon le Ministre, sous les très hautes orientations du Chef de l’Etat, d’augmenter rapidement la production nationale du pays en vue de contribuer à la relance de l’économie et l’amélioration du bien-être des populations gabonaises. L’ambition du Gabon est donc de faire du Gabon un cadre d’investissement stable, compétitif et reposant sur une stratégie lisible. Cette dernière s’appuie sur les projections de l’OPEP affirmant qu’à l’horizon 2050, la demande mondiale en hydrocarbures serra soutenue sous plusieurs décennies.
A ce sujet, le journal Le Confidentiel du 07 octobre 2025 écrit que le Gabon s’affirme comme une destination incontournable pour les investisseurs dans le domaine des hydrocarbures. Avec plus de 2 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole et un potentiel gazier, le Gabon est loin d’avoir révélé ses atouts. Cette situation laisse une surface impressionnante de près de 185 000 Kilomètres carrés disponibles, offrant des opportunités parmi les plus vastes du continent africain.
Ces perspectives économiques basées sur l’exploitation pétrolière offshore vont permettre, entre autres, au Président de la République, Chef de l’Etat de trouver des ressources financières, non seulement pour rembourser la colossale dette héritée du pouvoir déchu mais aussi d’investir dans la voie de la modernisation de l’Etat qu’il a engagé depuis sa prise de pouvoir après le coup de la Libération. Ces perspectives permettent donc, au Gabon, de rêver plus grand dans sa marche vers sa modernité.
Docteur Fortuné Matsiegui Mboula
Sociologue politique