Colas-Gabon, une entreprise française implantée au Gabon depuis des décennies ferait aujourd’hui face à une poursuite de la part d’un sous-traitant pour à une ardoise de plus de 660 millions FCFA pour rupture abusive de contrat et mise en danger de la vie humaine, rapport le journal la Loupe.
Une affaire explosive où se mêlent accusations d’abus de pouvoir, manquements à la sécurité et soupçons d’influence dans les milieux judiciaires. Au Gabon, les problèmes du BTP ont rarement atteint une telle intensité. Au debut, différend contractuel entre un prestataire et un géant du génie civil s’est mué en une querelle judiciaire au parfum de scandale industriel.
Le litige remonte à 2010, lorsque le plaignant, prestataire de Colas Gabon, assure la gestion des navires destinés au transport d’agrégats. Après un premier accord non exécuté en 2014, un second contrat de quatre ans est signé le 1ᵉʳ avril 2019, reconductible tacitement. Mais selon notre consœur La Loupe, «plusieurs articles et termes dudit contrat n’ont pas été respectés. Colas Gabon aurait géré le contrat sans respect des normes d’éthique et de sécurité, des normes anti-pollution, des paramètres de navigation et de construction», rapporte encore l’hebdomadaire. Bollards inadaptés, voies d’eau obturées au ciment, soudures non conformes, surcharge des barges, ordres d’appareillage nocturnes : la liste des anomalies donne le vertige.
Derrière ces termes techniques se cache en réalité un ensemble de fautes graves qui, dans n’importe quel pays respectueux des normes maritimes, auraient entraîné la suspension immédiate des opérations. Les bollards (ces pièces d’amarrage censées maintenir les navires en place) auraient été fabriqués de manière artisanale, «trop larges et trop hauts», compromettant la stabilité des barges à quai. Les voies d’eau, normalement destinées à évacuer l’humidité et les liquides stagnants, auraient été grossièrement bouchées au ciment, empêchant toute circulation de l’eau dans le fond de coque et augmentant le risque de corrosion ou de rupture de structure.
Les soudures, mal exécutées, fragilisaient les coques déjà affaiblies par des années de service, tandis que la surcharge des barges – au mépris des obligations de la Marine marchande – exposait le personnel à des risques d’accident majeurs.
Le sous-traitant, qui avait dirigé l’usine d’enrobés de Barracuda et la carrière de Kinguélé, réclame désormais «660 millions FCFA en termes de dédommagement». À défaut, la multinationale devrait verser, selon une source citée par La Loupe, «45 695 250 francs en sus». Depuis la rupture du contrat, ses activités sont à l’arrêt.
Mais ce qui scandalise le plus le milieu judiciaire, c’est le silence des institutions.