Le budget 2026 du Gabon est jugé très ambitieux et peu crédible par Fitch Ratings. Pour cette agence de notation, ce projet budgétaire pourrait compromettre le soutien du FMI et aggraver dangereusement la situation de la dette publique. Pour montrer leur bonne volonté, le Gabon adopte pour la première fois de son histoire, un budget construit à partir de zéro, où chaque dépense doit être justifiée par son utilité et son impact.
Fitch Ratings remet en question la viabilité du projet de budget 2026 présenté par le gouvernement gabonais. Pour l’agence de notation, les hypothèses retenues, en particulier sur les dépenses d’investissement et le déficit budgétaire, manquent de crédibilité au regard des contraintes financières actuelles du pays.
Le projet adopté début septembre prévoit un quasi-doublement des dépenses publiques, en hausse de 97 % par rapport à 2025, atteignant 44 % du produit intérieur brut hors service de la dette. Cette explosion des dépenses repose notamment sur une augmentation exceptionnelle de 570 % des investissements publics.
Pour financer ce déficit colossal de 15% du PIB, le gouvernement compte sur 60% de ressources domestiques et 40% de sources extérieures. Cette stratégie ferait grimper la dette publique de 73% du PIB fin 2024 à près de 90% en 2026, dépassant ainsi le plafond fixé par la banque centrale régionale. Fitch souligne que «la profondeur limitée des marchés financiers régionaux rend difficile ce plan de financement», ce qui pourrait forcer le pays à recourir à des emprunts plus coûteux ou à reporter des investissements pourtant présentés comme essentiels.
Pour y faire face, le Gabon fait le choix audacieux de réinventer sa méthode de planification. Loin des replâtrages comptables et des budgets reconduits par habitude, Libreville tente de poser les fondations d’une gouvernance publique fondée sur la rationalité, la transparence et la mesure des résultats. Un pari risqué, certes, mais porteur d’une promesse : celle d’un État enfin maître de ses choix économiques.
Cette volonté s’accompagne d’une réforme profonde de la fiscalité : digitalisation, fin des exonérations abusives, meilleure collecte des recettes et contribution accrue des entreprises publiques au Trésor. C’est une approche cohérente, centrée sur la souveraineté financière et la rigueur d’exécution, deux conditions essentielles pour restaurer la crédibilité budgétaire du pays.