Par : Jean-Christian KOMBILA
ÉVÉNEMENT historique ! A n’en point douter, que celui organisé en grande pompe dans la partie Sud de la province de la Ngounié, lundi 1er septembre 2025, par la Fondation ‘’Ma Bannière’’. Ce jour-là, en effet, la Première Dame du Gabon, Zita Oligui Nguéma a procédé à L’inauguration solennelle du Mémorial de Makongonio.
Œuvre architecturale ultra-moderne, bâtie en hommage aux victimes et rescapés du crash d’un hélicoptère de l’Armée de l’air survenu, le 28 juin 1985 dans cette localité, pendant que le Chef de l’Etat, Omar Bongo effectuait une Tournée républicaine à travers le pays. Le bilan fut catastrophique : dix morts, dont sept professionnels de la Presse et des Médias publics et trois agents des Forces de défense ! Terrifiant, bien sûr !
A maints égards, cette initiative de l’épouse du Chef de l’État et premier président de la République élu démocratiquement sous la Vè République naissante, Brice Clotaire Oligui Nguéma est autant inédite que retentissante, étant entendu que du Nord au Sud et de l’Est en Ouest, la communauté nationale partage la même conception ancestrale de la mort. Laquelle véhicule l’idée d’une continuité de la vie au-delà de la disparition physique des humains.
Mère des sans voix et surtout des orphelins devenus, « Maman Zita » fait valoir légitimement que ce Mémorial de Makongonio vient rappeler aux familles abandonnées des disparus, aux survivants miraculés, aux générations présentes et futures que pour notre part, nous n’avons pas oublié l’ampleur de cette tragédie. Native du cru, la « voix des sans voix » témoigne de ce que la catastrophe de Makongonio n’est pas un simple accident de l’Histoire.
Mais en revanche un véritable repère existentiel pour les populations locales naturellement résilientes, les visiteurs curieux et la jeunesse en quête de modèles inspirants et de valeurs culturelles et républicaines fondatrices d’une identité à la fois authentique et dynamique. S’agissant justement de repère, il y a « celui du courage des Journalistes, ainsi que celui du sens du Devoir de nos militaires ».
Aussi impensable que cela puisse paraître, quarante ans durant, la tragédie de Makongonio était volontiers couverte d’un silence pathétique et abyssal pour ainsi dire, sinon même rangée aux oubliettes par tous les précédents gouvernements de la République. La faute à qui ?
Chose curieuse, les forces sociales du secteur et par-dessus tout, les institutions en charge du secteur de la Communication et des Médias n’y ont jamais manifesté le moindre intérêt pour la sauvegarde de la Mémoire collective. Leurs priorités étant essentiellement matérialistes avant tout.
Sous le long magistère du président Omar Bongo Ondimba, et bien que réputé pour sa générosité légendaire, mais également pendant le calamiteux règne d’Ali Bongo, balayé le 30 Août 2023, par le Coup de La Libération, elles se sont ainsi illustrées par un manque d’imagination contre-productif et regrettable.
De fait, le moins qu’on fasse valoir à l’unisson est que cet hommage haut en couleurs et pétri de symboles, ennoblit davantage aussi son initiatrice aux yeux de la nation. Ce faisant, dans le contexte de Restauration des Institutions républicaines impulsé par le CTRI pendant la Transition et qui se poursuit, la Première Dame du Gabon ancre durablement l’action territoriale bienfaitrice de la Fondation Ma Bannière à une échelle nationale supérieure. Tout en assumant un incontestable leadership en matière de promotion et défense de notre héritage culturel et spirituel communs.
Objectifs plausibles ainsi partagés : défi à l’ignorance et à la mémoire sélective, à la misère et au sous-développement ! Défi aussi aux injustices sociales toujours entretenues ! Hélas ! Conséquemment, notre pari est de mobiliser les forces vives progressistes du secteur de la Communication et des Médias pour porter en chœur ce message de gratitude et d’humilité : « Merci Maman Zita », pour ce rappel magistral à la communauté nationale et internationale que « Les Morts ne sont pas morts ». Pour reprendre le postulat fondateur d’un auteur émérite sénégalais, Birago Diop, dans son célèbre poème intitulé ‘’Les Souffles’’.
Conformément audit postulat MM. Marcel Ango, Eugène Bindindi, Faustin Biyogo, Eugène Dikombo, Paul Ollo Mombey, Mohammed Moungala, Charles Ossouna Ndongo, André Offounda, Antoine Ongnalanga et Jean Philippe Oyono « ne sont effectivement pas morts ». Et en tant que tels, « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis » de la conscience nationale.
Autant qu’on se souvienne maintenant, significative et fort appréciable était également la participation active des familles des victimes et des miraculés dudit crash à cette cérémonie. « Témoins de cette Histoire » exceptionnelle, ils ont assisté en définitive à l’entrée majestueuse de ces glorieux confrères et « Compagnons de La Libération » dans ce haut lieu de mémoire politique, sorte de Panthéon national sur lequel veillent désormais « Les mannes de nos ancêtres ». Hommes de Médias et Appelés sous le drapeau tricolore Vert, Jaune, Bleu… voici enfin venue l’ère nouvelle de la patrie reconnaissante !
Président de La Transition, et président de la République, Chef de l’Etat et Chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguéma ne ménage point d’énergie pour réhabiliter, à l’extérieur comme à l’intérieur du Gabon, les Grandes figures de la Résistance nationale, les pionniers du combat pour l’indépendance du Gabon, les Dignes serviteurs de l’Etat, les Acteurs majeurs de la vie politique et démocratique du pays, ainsi que de la reconquête de notre souveraineté économique.
C’est donc dire que le Mémorial de Makongonio s’inscrit dans ce continuum du pragmatisme présidentiel porté par une vision revivifiante et fécondante de la Mémoire patriotique. Où les enfants de la République, en l’occurrence les Journalistes et Techniciens en Mission d’Etat ici, ainsi que les Militaires formés pour servir loyalement jusqu’au sacrifice suprême reçoivent comme c’est le cas l’hommage républicain ultime.
En outre, ce qui rajoute un surplus d’effet enrichissant à cet événement tient au fait que la Première Dame, Zita Oligui Nguéma donne à mesurer à quel point la construction au quotidien de l’Etat de droit et de la Démocratie, au-delà le renforcement de la souveraineté nationale lie en définitive les destins de l’institution militaire et des professionnels des Médias. L’impact positif du Mémorial de Makongonio sera donc considérable sur le nouveau rapport de la communauté nationale à cette localité de l’arrière-pays. Incontestablement, le village Makongonio change de physionomie et acquiert une forte dimension symbolique saisissante. Dorénavant, sa mémoire vivace est restaurée.
Au-delà, l’initiative de Madame Zita Oligui Nguéma jette évidemment une lumière vive sur la contribution extraordinaire de ces pionniers de Notre noble métier à l’édification d’un Journalisme d’élite et républicain dont, rappelons-le, Jean Philippe Oyono était l’incarnation et l’un des symboles parmi les plus inspirants de cette génération incomparable. Par ailleurs, au détour de l’engagement de la Fondation ‘’Ma Bannière’’, il y a lieu de revisiter l’héritage professionnel et moral de ces glorieux confrères tombés avec caméras, nagras et plumes à la main au champ d’honneur.
En tout cas, cette conjoncture socio-politique pré-Législatives et Locales est une opportunité supplémentaire pour questionner objectivement la gestion historique des enjeux de cet héritage par le Département ministériel en charge du secteur de la
Communication et des Médias. Tant nombreux sont les défis communs à relever en cette ère de renouveau : défi concernant en particulier la nécessaire politique éditoriale nationale à construire sur l’héritage ressuscité de Makongonio. A tout le moins, la gestion confuse de la Communication politique autour de l’île Mbanié en a fait une nécessité absolue. Défi, finalement, d’une Maison de la Presse, sorte de Gardienne du Temple, évoquée solennellement par le président Brice Clotaire Oligui Nguéma, lui-même, il y a plus d’un an. Mais sans que concrètement une initiative conceptuelle et pragmatique ait été
encore prise jusqu’alors dans ce sens.
Et pourtant, l’intérêt pour les professionnels et acteurs de la Communication et des Médias de disposer de pareil cadre de travail et de dialogue fécondant est incontestable et bien réel. Il décloisonnerait plus que jamais un secteur sur lequel pèse un épais brouillard médiatique, tout en hâtant les échanges interculturels et l’intégration régionale entre professionnels de la Presse et des Médias.
Défi contre les séquelles du monolithisme ! Car comment comprendre, en même temps que la Première Dame pose un Acte de réconciliation nationale à Makongonio, fait l’éloge de l’engagement et des sacrifices patriotiques conjoints des professionnels des médias, Harold Leckat directeur de Gabon Média Time soit encore inquiété par les forces de l’ordre, à cause d’un un article critique contre la gestion sulfureuse de fonds publics dans un établissement scolaire?
Au nom du noble Combat partagé pour les médias, l’OPAM est déterminée à mener l’offensive en vue de concrétiser la Dépénalisation des délits de Presse, sans cependant cacher une saine colère manifeste. «L’organisation patronale des Médias dénonce la convocation d’un Journaliste à la Direction générale des recherches et alerte sur le regain des menaces contre la liberté de la presse » pointe Jean Yves Ntoutoume, le Directeur du journal Le Temps et président de ce
conglomérat de la Presse et Médias privés.
Pis, dans le secteur des Médias à proprement parler, le ménage redevient urgent. Tant aussi les pratiques viles et méprisables y ont toujours la peau dure. À l’instar du harcèlement permanent exercé par la Haute autorité de la Communication (HAC) contre toute plume intègre de la liberté et voix crédible émancipée. Voire, Esprits républicains capables d’une pratique différente du métier et d’un Management organisationnel davantage émulatif et décomplexé.
Enfin, l’Acte fondateur de la Première Dame, Zita Oligui Nguéma, porte en lui les fondements structurants d’une vision socio-politique réformiste, mobilisée en droite ligne de la concrétisation de la politique de Décentralisation projetée par l’Exécutif.
Dès lors, vivement que ce souffle d’éternité s’élevant fraîchement de la forêt Makongonio se répande à l’échelle nationale. Tel un typhon emportant ces séquelles encombrantes des préjugés de castes qui freinent des quatre fers le renouvellement en profondeur des vestiges institutionnels de la Communication médiatique.