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Mali : la junte et la psychose des coups d’état !

Les autorités maliennes disent avoir déjoué un coup d’état dans la nuit du 10 au 11 août dernier. Du coup, plusieurs officiers supérieurs ont été arrêtés. Dans la foulée, un agent de la  DGSE de nationalité française suspecté  d’être dans le coup, a également été interpellé dans un  quartier d’affaires de Bamako et mis en garde , quelques jours plus tard. Pour Paris, l’agent en question est formellement accrédité à l’ambassade de France au Mali.

Que s’est-il réellement passé dans la nuit du 10 au 11 août dernier au Mali? Sans coup de feu, ni bruits de bottes, les autorités maliennes disent avoir déjoué un coup d’état. Conséquence, une cinquantaine d’officiers dont deux généraux ont été mis aux arrêts. Quelques jours plus tard, au matin du 14 août, alors qu’il allait faire des courses dans un quartier d’affaires de Bamako, Yann Vezilier, a été interpellé. Il est soupçonné d’être impliqué dans le supposé putsch déjoué.

Faux, rétorque Paris qui reconnait que Yann Vezilier est bel bien un agent de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), mais que ce dernier est dûment accrédité à l’ambassade de France à Bamako où il occupe les fonctions de deuxième secrétaire de ladite ambassade. Pour Paris, le ressortissant français fait l’objet « d’accusations sans fondement ». Il n’est pas un espion, encore moins impliqué dans le fameux coup d’état déjoué. Membre d’une mission diplomatique dûment reconnu, le diplomate jouit d’une immunité réglementée par la convention de Vienne de 1961.

La réalité, selon les sources proches de l’armée malienne, c’est qu’il n’y a jamais eu tentative de coup d’état dans la nuit du 10 au 11 août. Il se trouve qu’il y a une purge au sein de l’armée malienne consécutive aux tensions internes au sein de la grande muette. Ces tensions ont été suivies d’une vaste vague d’arrestations d’officiers parmi lesquels, quelques supérieurs.

Investi président de la transition depuis juin 2021, le général Assimi Goïta et ses hommes disent avoir déjoué plusieurs tentatives de coups d’état et voient derrière ces manœuvres l’occident, notamment la France de vouloir « briser la dynamique de refondation du Mali». Les autorités maliennes adoptent la stratégie qui consiste à masquer les crises multiformes qui existent, non seulement au sein de l’armée malienne et même en dehors.

En accusant les pays extérieurs sur les supposés coups d’état, la réalité est que la junte est répressive à l’encontre de toutes les personnalités civiles ou militaires qui ne caressent pas les autorités de Bamako dans le sens du poil. Elle sanctionne sévèrement toutes velléités d’opposition à ses actions. A preuve, deux anciens premiers ministres : Moussa Mara et Choguel Maïga, sont en prison. Accusé d’«atteinte au crédit de l’état» et «opposition à l’autorité légitime», Moussa Mara compte déjà un mois de prison. Quant à Choguel Kokalla Maïga, il est sous mandat de dépôt depuis le 19 août dernier, après une longue garde à vue de plus d’une semaine. Il est reproché d’avoir commis des impairs pendant qu’il était premier ministre et président du conseil d’administration de l’agence de gestion du fond d’accès universel de 2021 à 2024.

A signaler que Jusque-là, les enquêtes ouvertes sur la tentative d’assassinat au couteau contre le général Assimi Goïta dans une mosquée de Bamako en juillet 2021 et le coup d’état «déjoué» en mai 2022 n’ont toujours pas donné de résultats officiels. La tentative de putsch déjoué en août dernier connaitra-t-elle une enquête sérieuse et aboutie?

Question : la psychose des coups d’état et de déstabilisation du Mali créée par la junte peut-elle suffire à calmer les tensions palpables dans un contexte où la sécurité promise est à mille lieux d’être retrouvée?

Junior Akoma

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