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Gabon : les partenariats public-privé, clé de voûte du financement des grands projets du mandat 2025-2032

Alors que s’ouvre un nouveau cycle politique, le Gabon prépare une stratégie ambitieuse pour moderniser ses infrastructures et diversifier son économie. Mais dans un contexte de dette élevée et de marges budgétaires limitées, les partenariats public-privé (PPP) apparaissent plus que jamais comme un levier incontournable pour financer les projets structurants de la décennie à venir.

Louis-Paul MODOSS ;Chroniqueur économique

Une équation budgétaire serrée

Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette publique gabonaise atteignait 63,7 % du PIB en 2024, tandis que la croissance économique devrait se situer autour de 3 % en 2025.
Ces indicateurs traduisent une contrainte budgétaire forte : l’État doit continuer d’investir dans les routes, l’énergie, la santé ou la digitalisation, tout en préservant l’équilibre de ses finances publiques.

Des besoins massifs mais désormais chiffrés

Le gouvernement avait fixé ses priorités dans le Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE) et le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT).

  • Le PAT 2021-2023 a mobilisé environ 3 000 milliards FCFA pour les premières réformes.
  • Le Plan National de Développement de la Transition (PNDT) 2024-2026 prévoit déjà 3 021 milliards de FCFA pour les infrastructures prioritaires, un portefeuille qui servira de base à la programmation 2025-2032.

Ces montants couvrent des chantiers critiques : réhabilitation de routes nationales, électrification rurale, hôpitaux régionaux, écoles, réseaux numériques et projets d’énergies renouvelables.

Un cadre légal existant mais à renforcer

Depuis 2016, le Gabon dispose d’une loi sur les PPP (n°20/2016) qui encadre les contrats de partenariat.
Toutefois, un diagnostic réalisé par la Banque mondiale/PPIAF souligne la nécessité de renforcer la sélection de projets « bancables », de sécuriser les mécanismes de paiement et de créer un guichet unique pour les investisseurs.

Des exemples concrets de réussite

Le projet hydroélectrique de Kinguélé Aval, près de Libreville, illustre le potentiel du modèle.

  • Capacité : 34 MW
  • Coût total : environ 178 millions d’euros (≈ 117 milliards FCFA)
  • Partenaires : Meridiam, IFC, Banque africaine de développement, EAIF
  • Financement : premier décaissement de ≈ 81 milliards FCFA en novembre 2023.

Des conditions de succès

Pour attirer des capitaux privés et institutionnels, plusieurs leviers sont identifiés :

  • Transparence dans les procédures et publication des contrats.
  • Sécurisation des flux financiers, par des garanties ou comptes séquestres.
  • Implication des bailleurs de développement (BAD, IFC, AFD) pour partager les risques.

Les événements récents-suspension temporaire de certains décaissements de la Banque mondiale début 2025 et opérations de reprofilage de la dette domestique – rappellent l’importance de ces mécanismes pour rassurer les investisseurs.

Une stratégie de souveraineté économique

Au-delà du financement, les PPP offrent au Gabon la possibilité d’accéder à une expertise technique internationale, d’accélérer la réalisation des projets et de réduire la pression sur le budget national.
Chaque projet bien structuré génère un effet multiplicateur sur l’économie nationale, selon la Commission économique pour l’Afrique.

En résumé

Le Gabon dispose déjà des outils pour mobiliser les PPP, mais la réussite du mandat 2025-2032 dépendra de la capacité du gouvernement à structurer des projets crédibles, transparents et sécurisés, capables d’attirer investisseurs privés et institutions de développement.
Dans un contexte de dette élevée, cette stratégie n’est plus une option : elle constitue le passage obligé pour bâtir les infrastructures d’un Gabon moderne et compétitif.

 

 

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