On ne le décriera jamais assez, les forces de sécurité sont de plus en plus corrompues. Raison vient d’être donnée par le réseau panafricain Afrobarometer, dans sa dépêche n°1037 publiée le 28 août 2025 consacrée à la perception de la corruption au Gabon. L’enquête réalisée par le Centre d’Études et de Recherche en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP), repose sur un échantillon représentatif de 1 200 adultes interrogés en novembre et décembre 2021. Ses résultats, assortis d’une marge d’erreur de 3%, livrent un constat sévère. La police et la gendarmerie apparaissent comme les institutions les plus corrompues du pays, devant les parlementaires et les agents des impôts.
La proximité entre les citoyens et les forces de l’ordre nourrit cette perception négative. Seuls 9 % des personnes interrogées ont sollicité directement l’aide de la police au cours de l’année précédant l’enquête, mais plus de la moitié (54 %) disent avoir eu affaire à elle lors de contrôles routiers, d’identifications ou d’enquêtes. Dans ces contextes, 35 % des répondants reconnaissent avoir dû verser un pot-de-vin pour éviter des problèmes, tandis que 51 % de ceux ayant demandé de l’assistance déclarent avoir payé pour obtenir le service attendu.
Au total, 99 % des Gabonais estiment qu’au moins « certains » policiers sont corrompus, et 68 % jugent que cela concerne « la plupart » ou « tous » les agents. Ce score, le plus élevé parmi toutes les corporations évaluées, place les forces de l’ordre en tête du classement de la corruption perçue. Les parlementaires arrivent juste derrière (67 %), suivis par les agents des impôts (62 %) et les juges et magistrats (60 %). À l’inverse, les chefs traditionnels (38 %) et les leaders religieux (34 %) apparaissent comme relativement moins affectés par ce fléau, même si la suspicion demeure forte.
Cette hiérarchie de la défiance illustre la gravité de la crise de confiance qui touche les institutions censées garantir la justice, la transparence et la sécurité.