Les études et enquêtes menées dans le secteur de la pêche en Afrique sont quasiment unanimes : la Chine bat le record des activités illégales, non déclarée et non règlementée en matière de pêche. Dans les eaux africaines, des chalutiers entiers appartenant au cartel chinois sont souvent pris en flagrant délit de pêche illicite.
Le 5 juillet 2019, grâce à l’opération ‘’Albacore’’, le chalutier chinois Haixin 27 est arrêté dans les réserves aquatiques du grand sud du Gabon par le navire ‘’Bob Parker’’. ‘’Albacore’’ est le fruit du partenariat entre l’Etat gabonais et l’ONG américaine ‘’Sea Shepherd’’ dans la lutte contre la pêche illicite et non règlementée dans les eaux gabonaises. Cette pratique devenue légion dans le pays dévaste la vie maritime et entraine une perte estimée à 610 millions de dollars, soit plus de 340 milliards FCFA au PIB du Gabon chaque année, selon l’ONG américaine WildAid. Généralement, c’est la Chine qui est pointée du doigt dans cette façon d’exercer la pêche.
Sur le continent, l’empire du Milieu est accusé des pratiques similaires. Des chalutiers battant pavillon chinois pêchent en toute illégalité sur les eaux des pays de l’Afrique de l’ouest. Selon l’ONG Environnemental Justice Foundation (EJF), les chalutiers chinois capteraient une quantité de poissons estimée à 2,35% de tonnes par an, soit 50% de la prise totale en eaux distantes de la Chine, à une valeur de 5 milliards de dollars (environ 3000 milliards FCFA).
Pratiquée en dehors des lois et règlementations en vigueur dans les pays, la pêche illicite non règlementée est un véritable danger pour les pays victimes de cette pratique. Non seulement elle détruit les écosystèmes et la surexploitation des stock, mais elle aussi une sérieuse menace pour les ressources halieutiques du continent. Au Sénégal par exemple, environ 600.000 personnes vivent de cette activité : «si l’Etat ne renforce pas la surveillance de la ZEE (zone économique exclusive) ces acteurs risquent de perdre leurs moyens de subsistance», explique un spécialiste de la question de l’ONG Greenpeace Afrique.
La fondation pour la justice environnementale (EJF) basée au Royaume-Uni, affirme qu’au moins «90 % des chalutiers industriels opérant au Ghana appartiennent à des sociétés chinoises, en violation des lois ghanéennes sur la propriété des navires de pêche battant pavillon local. Une proportion importante de ces navires s’est engagée dans les pratiques illégales.»
En dehors d’opérer sans autorisation des pays concernés, les sociétés chinoises qui envahissent les eaux africaines sont accusées de pratiquer le ‘’chalut de fond’’ : une méthode qui consiste à trainer un énorme filet conique pour racler le fond marin pour ramasser, sans distinction, toutes les espèces marines : poissons et autres organismes benthiques.
Si rien n’est fait pour arrêter ce désordre maritime, l’avenir de la pêche en Afrique est hypothéqué. Toutefois, plusieurs Etats victimes de la ‘’mafia’’ chinoise, appuyés par des partenaires expérimentés en la matière, mettent en place des mécanismes nécessaires pour mieux lutter contre ce fléau, et tenter d’y mettre fin.
Junior Akoma