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 PDG : un caillou dans la chaussure d’Oligui Nguema 

L’ancien parti au pouvoir qui ne blague jamais quand ses intérêts sont menacés, sait toujours taire ses divergences internes. Après une médiation étrangère entre les deux factions à Brazzaville (République du Congo), les ‘’armes’’ se sont tues. L’aile Ali Akbar Onanga Y’Obegue soutenue par Ali Bongo revendiquant la présidence du parti de son père, pourtant très virulente ces derniers temps, a vite fait d’enterrer la hache de guerre. Donnant l’impression d’un retour à l’unité d’un parti démocratique gabonais miné par ailleurs par des départs massifs de ses membres, après la chute du régime Bongo-PDG.

Premier constat : la fameuse procédure entamée chez un juge des référés du tribunal de Libreville, saisi en urgence par le PDG tendance Blaise Louembe, afin d’anéantir les actes perpétrés par l’aile d’Ali Akbar accusée d’usurpation de qualité, avait estimé que l’exception d’inconstitutionnalité soulevée par la défense était fondée. Le juge aurait donc saisi la cour constitutionnelle de la transition. Mais jusqu’au moment où nous mettions sous presse, aucune  saisine allant dans ce sens n’avait encore été enregistrée au greffe de la Cour. Vraisemblablement, il était risqué pour Blaise Louembe et Cie de se lancer dans une aventure périlleuse. Car, selon les sources proches du dossier, l’aile Ali Akbar Onanga tenait juridiquement le bon bout.

Il faut dire que l’entrée fracassante du président congolais Dénis Sassou Nguessou, (selon le journal Africa Intelligence), dans les problèmes internes au parti démocratique gabonais, a énormément pesé dans l’accalmie actuelle observée au niveau du parti de Louis. Sauf que cela ne suffit pas pour rassurer le PDG qui va aller, pour une première fois, aux élections législatives et locales, affronter un parti au pouvoir : l’union démocratique des bâtisseurs, fondée par le président Oligui Nguema, à la faveur d’une assemblée générale constitutive tenue le 5 juillet dernier.

Ainsi donc, l’ancien parti au pouvoir use de tous les stratagèmes pour affaiblir le parti qu’il considère véritablement comme son principal challenger aux futures batailles électorales. Pourtant, les deux formations politiques sont officiellement dans une même majorité présidentielle. Le PDG ayant, pour la première fois, depuis sa création, tenté l’expérience de passer  élection présidentielle au Gabon  sans présenter un candidat, a soutenu, contre toute attente, le candidat rassemblement des bâtisseurs. Le tombeur de leur régime.

Dans une lettre datée du 5 août dernier, la secrétaire générale tendance Blaise Louembe a mis en garde juridique ‘’certains démissionnaires’’ du parti qui ont rallié l’UDB. Rappelant au SG du parti crée par Oligui Nguema que les anciens ‘’pedegistes’’ qui ont été investis par l’UDB n’ont pas obtenu le quitus libératoire. Autrement dit, le PDG compte aussi sur une éventuelle annulation des candidatures de plusieurs de leurs anciens camarades devenus membres de l’UDB et investis par leur nouveau parti.

Et sur ces départs massifs de plusieurs ‘’pedegistes’’ à l’UDB, les hiérarques de l’ancien parti unique ne décolèrent pas : «La transhumance politique a longtemps été le fait de politiciens opportunistes qui changent de camp au gré de leurs intérêts personnels. Le PDG soucieux d’être à l’air du temps lutte contre cette pratique rétrograde », a pesté Gabriel Malonga Mouelet, membre du bureau politique du PDG.

 Retour à l’envoyeur !

Pour l’observateur politique averti, les cris d’orfraie poussés par la hiérarchie du PDG depuis la création de l’union démocratique des bâtisseurs témoignent de l’inconfort politique dans lequel ce parti vit depuis le 30 août 2023. Ce parti qui n’a jamais été hors du pouvoir accuse aujourd’hui l’UDB de débaucher ses membres. Et condamne fermement cette attitude ‘’opportuniste’’. Mais pendant son long règne de 56 ans, combien de partis politiques ont été victimes de cette pratique de la part du même PDG ? Depuis le retour du pluralisme politique au Gabon en 1990, combien de partis ont vu leurs éminents membres se faire débaucher par le même plaignant? Pour affaiblir ses adversaires politiques, le PDG avait pris l’habitude de débaucher aussi bien dans sa propre majorité qu’au sein de l’opposition.  Tant qu’il régnait en maître absolu au Gabon, la transhumance politique était pour lui une vertu. Résultat, l’opposition, sous le règne du PDG, a été réduite à sa plus simple expression. Quant au respect de la loi que le PDG exige à ses démissionnaires, quid de la procédure déployée pour tenir le congrès qui a désigné Blaise Louembe président du parti ? Puisque Ali Bongo et son camp dénoncent l’illégalité dudit conclave.

De même, sous son règne, aucun parti politique ne pouvait prendre le risque de s’appuyer sur une médiation extérieure pour régler leurs différends internes, sans que ce parti ne soit accusé de collaboration avec des forces étrangères dans les affaires internes d’un parti.  Quitte à inventer les complots. On se souvient encore, comme si c’était hier, du faux montage audio attribué à deux éminents membres de la coalition ‘’Alternance 2023’’. N’eut été le coup de libération, ces deux leaders politiques seraient certainement aujourd’hui dans un coin de la prison centrale. De même, lors de la présidentielle de 2016, le pouvoir PDG en déroute, avait trouvé le parfait bouc-émissaire : un informaticien ivoirien travaillant pour le candidat Jean Ping, dans la compilation des résultats électoraux de cette année-là. Le malheureux l’a appris à ses dépens en purgeant une longue peine de prison…

C’est ce PDG qui n’a jamais réussi à faire élire proprement, dans les urnes, son champion Ali Bongo en 2009, 2016 et 2023, qui revendique aussi la victoire écrasante du candidat Oligui Nguema à la présidentielle du 12 avril dernier. Et ses ouailles croient dur comme fer que l’expérience de leur parti ne fera qu’une bouchée aux futures élections. Quitte à se taire sur le bilan calamiteux de leur long règne.

Nelson Tchimbakala

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