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Jean-François Ntoutoume Emane : l’ultime combat d’un concepteur politique avisé !

Après avoir mené, dix ans durant, un ‘’combat politique’’ noble contre le pouvoir despotique, l’ancien premier ministre est fier d’avoir vécu l’amorce d’une cinquième république digne d’envie. Sa longue et exceptionnelle carrière politique pourrait se résumer en deux traits de caractère :
La constance dans l’engagement politique en faveur de
la grandeur de la République et la fidélité à ses principes fondateurs ainsi qu’à toute épreuve. Pour ses compagnons, voire ses « anciens camarades du parti de masse » sous le magistère du « président fondateur », rappelle un habitant du « Quartier latin », « Papa Jacquis » peut remuer ciel et terre.

Un trait entre cent : Samedi 19  juillet 2025, au siège du Rassemblement des patriotes républicains ( RPR) bondé, les militants mobilisés à l’occasion de l’annonce solennelle de son retrait de la vie politique active en ont eu un aperçu édifiant. M. Ntoutoume Émane a convoqué l’Histoire pour évoquer sa trajectoire politique et gouvernementale qui force tant le respect. Mieux, il a tenu à rendre un vibrant hommage au président Omar Bongo Ondimba dont il fut le Premier ministre pendant tout un septennat (1999-2005), après avoir été Ministre d’État et Ministre dans les différents gouvernements (1977-1997). De même, l’ancien Premier ministre a fait montre de « Devoir de mémoire » à l’endroit de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Dr Marcel Eloi Rahandi-Chambrier.
« C’est lui qui avait parlé de moi au président Bongo et qui m’avait présenté au Chef de l’Etat. Le père Chambrier m’a mis le pied à l’étrier » en politique. La suite :
Une carrière professionnelle et politique à la fois prodigieuse et fulgurante !
Entamée sur le terrain en 1970 avec son entrée par le haut, comme ‘’membre du bureau politique es-qualité » au sein de l’ex-parti unique, celle-ci n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Ni au sein du PDG, ni même aux affaires.
Forte personnalité, l’homme était de ceux qui savaient trouver le mot et le ton justes pour préconiser une alternative aux options politiques et socio-économiques envisagées au sommet de l’Etat, sous le long magistère du président Omar Bongo Ondimba.


« Penser, c’est dire non » disait Alain.

Jean François Ntoutoume Émane est « un penseur » ! Un fait d’arme : nommé Ministre du Contrôle d’État, de la Décentralisation, de l’Aménagement du territoire et de l’Intégration régionale dans le gouvernement de Casimir Oyé Mba, il qualifia ce département ministériel de « bric et de broc » et fit le choix d’aller siéger à l’Assemblée nationale.
Autrement dit, savoir dire « NON » chaque fois que le refus s’impose fait partie de son ADN existentiel et politique.
« Idéologue » et « Concepteur » de la « Doctrine » du « parti-État », il assume volontiers l’héritage.
« Le progressisme démocratique et concerté, c’était moi » lance -t-il en partageant à l’auditoire la vitalité jadis en vogue dans ce parti devenu un bateau ivre. Où Ali Bongo, « Distingué-camarade » déchu se le dispute, depuis son départ en exil à l’extérieur, et dans une posture d’auto-dérision avec le duo Blaise Louembé-Angélique Ngoma qui revendiquent dorénavant la légalité.
Ce spectacle navrant que donne le parti fondé par « OBO » n’est pas nouveau.
Jean François Ntoutoume Émane l’a projeté de longue date au lendemain des premiers soubresauts et des démissions en cascade de nombreux hiérarques, consécutifs à la mort du patriarche. Bien qu’il crut accidentellement judicieux de soutenir le « fils » en question.
Dont le management de l’appareil partisan et de l’État était, hélas, aux antipodes des postulats fondateurs de « notre vivre-ensemble ». A savoir « Dialogue -Tolérance – Paix » et « Union – Travail – Justice » !
Devant l’ampleur des drames politiques et crimes financiers enregistrés, voire la propension d’Ali Bongo à   promouvoir une conception du « pouvoir personnel » digne d’une « monarchie tropicale », Jean François Ntoutoume Émane a démissionné du PDG avec fracas en 2015, et s’est résolument positionné « contre le régime Ali Bongo – Accrombessi ».
En disant « NON » de manière retentissante à la monarchisation et à l’abaissement de la République, le 2 octobre 2015, avec des mots durs (Arnaque, amateurisme, incompétence, arrogance et cynisme),  la nation avait découvert en lui l’âme rebelle d’un patriote prêt au sacrifice suprême pour la pérennité du « Gabon immortel ».
Aux militants de son parti, le RPR, parti légalisé en 2018, et aux populations du 5 è arrondissement mobilisées, il recommande de  » défendre toujours la République » quoique cela coûte à chacun.
Du coup, il n’a eu de cesse de marteler que tel était le fondement et la finalité de son « combat politique  » tout au long de cette décennie.
« Nous sommes les enfants de la République, Une et Indivisible. Les pères fondateurs de l’État moderne nous l’ont léguée en héritage. Il est de notre devoir de le léguer à notre tour aux nouvelles générations »
De l’avis unanime,  la République était dangereusement menacée dans ses fondements institutionnels par  le régime déchu, le 30 Août 2023.
En effet, sa pratique du pouvoir dans l’État  était articulé autour du triumvirat Ali Bongo – Sylvia et « Nono », le chef du « gang » de la « Young team ».
« Le coup de Libération a sauvé la République et nous tous avec elle » affirme Jean François Ntoutoume Émane, visiblement rempli de bonheur.
Et d’ajouter :  » Le général Brice Clotaire Olgui Nguéma et ses frères d’armes se sont sacrifiés pour préserver l’État et l’unité de notre nation ».
En outre, il fait l’éloge de la Transition politique marquée par le respect, par l’Exécutif, du calendrier dudit processus :
Dialogue national inclusif (DNI), Comité constitutionnel et projet de loi fondamentale, référendum plébiscité, élection présidentielle et plébiscite du président démocratiquement élu dans la transparence avec 94, 85 % des suffrages.
Au sortir de ce tournant démocratique en pleine réussite, Jean François Ntoutoume Émane s’estime fondé à se retirer de la vie politique active sur le terrain.
« Je tenais à vous partager mon analyse de l’évolution politique satisfaisante de la période partant du coup de Libération au triomphe électoral de Brice Clotaire Olgui Nguéma ».


Son élection inédite marque l’avènement de la V è République
.

« L’affirmation de notre souveraineté nationale, la reconquête de notre souveraineté économique, minière et énergétique » témoignent de l’effectivité d’une ère nouvelle de « patriotisme économique « . Laquelle est concrètement mise en œuvre à travers le cap fixé vers l’industrialisation pour créer les emplois qui font défaut et lutter enfin contre l’exclusion et la pauvreté galopante en vogue au cours de ces quatorze dernières années.
L’ancien chantre du Pacte National de Solidarité et de Développement conçu en 2005 s’en réjouit.
Ces événements positifs  le conduisent à noter que la nouvelle génération des dirigeants, sous le leadership du nouveau président de la République, conduit le Gabon sur la voie juste. L’homme d’État en tire des leçons.
Primo,  « le combat politique contre l’ancien régime dictatorial et abject de Bongo-Accrombessi » est terminé avec l’émergence de la V è République !
Secundo, cet érudit affectueusement appelé « Jacky-Mille-Encyclopédies » envisage humblement de rédiger ses mémoires en vue de témoigner de son vécu extraordinaire dans les arcanes du pouvoir,  en tant que proche collaborateur d’Omar Bongo Ondimba (1967-2009).
Tertio, l’homme d’expérience et Docteur d’État ès sciences politiques (Université Paris 1 – La Sorbonne exprime sa disponibilité à servir gracieusement de Conseil politique et stratégique aux autorités de l’État et autres organisations.
Quarto, le leader du RPR montre le chemin à ses proches :
« Notre parti doit faire une analyse lucide du nouveau contexte post-Transition. Le président Brice Clotaire Olgui Nguéma a créé un nouveau parti politique pour rassembler toutes les forces vives qui le soutiennent dans sa politique de transformation positive du Gabon. Nous devons en tenir compte et nous prononcer en conséquence lors du prochain Congrès extraordinaire  » indique-t-il.
Et de conclure : « A vous mes proches, s’il y a une orientation à vous suggérer, c’est d’intégrer l’UDB ou le Rassemblement pour la patrie » du Pr Barro – Chambrier.
On rappelle que Jean François Ntoutoume Émane fut élu député du PDG dans la province de l’Estuaire (1990, 1996 et 2001), puis un soutien de poids à Jean Ping en 2016.
En somme, il y a une principale leçon politique contenue dans ce positionnement spectaculaire de l’ancien Conseiller personnel du président de la République (1976-1990). C’est le message implicite et fort destiné aux caciques de la scène politique en particulier. Ceux-ci démissionnent de leur parti pour rallier le nouveau parti présidentiel, en y emportant parmi leurs bagages, essentiellement, leurs vices naturels et rétrogrades. Même si on doit reconnaître une certaine expérience du terrain.
Mesurent-ils véritablement les aspirations légitimes des populations visiblement déterminées à modifier l’ordre politique immoral des choses longtemps en vogue ?

Jean-Christian Kombila

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