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Contribution climatique : selon la Banque mondiale, le Gabon est payé en monnaie de singe

Le Gabon est un pays de la sous-région d’Afrique centrale couvert à plus de 85% de forêt. Chaque année sa forêt absorbe environ 100 millions de tonnes nettes de CO₂, soit près de trois fois ses propres émissions. Une contribution climatique économique largement sous-exploitée et sous payée par les pollueurs.

La Banque mondiale chiffre à 75,1 milliards USD la valeur totale des services fournis par les forêts du Gabon entre 2000 et 2020. Ce calcul inclut notamment la séquestration de plus de 30 milliards de tonnes de CO₂, qui représente à elle seule environ 99 % de la valeur totale estimée, reconnue comme une contribution significative à la régulation mondiale du climat. Mais le Gabon n’en bénéficie pas pleinement. Le rapport de l’instance financière précise que «la majorité des services écosystémiques ne font l’objet d’aucune contrepartie financière».

Plusieurs facteurs externes concourent à cet état de fait : le premier, c’est qu’il n’existe pas encore de mécanisme structuré à l’échelle internationale pour rémunérer directement et systématiquement le Gabon pour le carbone stocké dans ses forêts.

Deuxièmement, les accords bilatéraux de type «paiements pour services environnementaux », dans lesquels un pays obtient une rémunération en échange d’engagements mesurables de préservation ou de restauration d’un écosystème, restent peu nombreux et souvent expérimentaux. En outre, leurs montants restent éloignés des estimations théoriques de valeur.

L’accord signé avec la Norvège via l’Initiative CAFI illustre cet écart. En 2019, le Gabon a signé une lettre d’intention portant sur 150 millions de dollars soit 0,2 % des 75,1 milliards de la Banque mondiale.

Le cas du Gabon n’est pas isolé. Dans d’autres pays tropicaux, la rémunération des services écosystémiques forestiers reste elle aussi très en deçà des valeurs estimées. En 2021, la RDC a signé un accord de 500 millions de dollars dans la CAFI, tandis que le Brésil a mobilisé plus de 600 millions de dollars de contributions pour son Fonds Amazonie en 2023.

Ces montants, bien que importants, demeurent très inférieurs à la valeur théorique des services environnementaux rendus par les forêts, souvent chiffrée en dizaines de milliards.

 

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