A travers une tribune parvenue à notre rédaction, un enseignant qui a malheureusement refusé que nous publions son identité, déplore et étale les maux qui minent ce secteur. Ici, l’intégralité de sa tribune.
Je lève la voix aujourd’hui, non pas par orgueil, mais par lassitude. La lassitude de voir une profession essentielle traitée comme secondaire. Nous sommes applaudis quand cela arrange, mais oublié dès que le rideau retombe.
Je suis enseignant. J’éduque, je forme, je guide, je soutiens. J’aide à bâtir des consciences, à faire germer des esprits libres. Pourtant, que reçois-je en retour ? Mépris larvé, salaires dérisoires, conditions de travail dégradées. Toujours cette sempiternelle attente réservée aux seuls enseignants régulièrement appelés aux examens nationaux puis payés en monnaie de singe et à la tête du client, contrairement aux fonctionnaires d’autres administrations. En exemple, le secrétaire d’un examen national est payé à la moitié du salaire d’un secrétaire de bureau de vote pour 12 jours de travail pour le premier et d’un jour pour le second.
Les enseignants veulent savoir pourquoi il y a eu une ponction de près de soixante-dix mille francs CFA (70.000 FCFA) sur la prise en charge au BEPC cette année ? D’où une perception de cent vingt mille Francs (120.000 CFA) seulement ! A ce sujet, pourquoi les observateurs, syndicalistes à la solde de la ministre de l’Education nationale et qui n’exercent aucune activité technique sont doublement rémunérés par rapport aux secrétaires des bureaux d’examens, soit deux 200.000 FCFA de prise en charge.
On parle de l’enseignant comme des « héros du quotidien », mais ce n’est qu’un vernis pour masquer l’indifférence. Être enseignant ne signifie pas sacrifier sa dignité. Nous ne sommes pas des pions, encore moins des boucs émissaires. Nous sommes les piliers silencieux de cette société qui semble ne se souvenir de nous que lorsqu’elle vacille.
Je refuse d’être un simple faire-valoir. L’enseignement est un acte de courage, de passion, de responsabilité, mais également un sacerdoce. Il mérite le respect, la reconnaissance, et non l’humiliation déguisée sous des discours creux.
Ce cri n’est pas seulement le mien. Il est celui de milliers d’enseignants qui tiennent encore debout, par amour du métier, mais dont la colère gronde. Il est temps que la société regarde enfin ses éducateurs comme des bâtisseurs d’avenir, on ne peut bâtir sans l’enseignant !
Enseignant Anonyme