Le Gabon, reconnu pour sa richesse écologique, est aujourd’hui confronté à une menace silencieuse, mais redoutable : la dégradation progressive de ses mangroves. Face à cette urgence environnementale, le Ministère de l’Environnement, par la voix de son Ministre Mays MOUISSI, a récemment pris une décision salutaire en lançant une campagne de restauration des zones de mangroves, incluant le déguerpissement des riverains installés illégalement dans ces milieux fragiles. Une mesure courageuse, nécessaire pour préserver un patrimoine écologique vital pour le pays.
Louis-Paul MODOSS ; Chroniqueur économique
Un écosystème vital sous pression
Les mangroves, présentes principalement dans les régions côtières du Gabon comme l’Estuaire ou encore Mayumba, jouent un triple rôle essentiel. Sur le plan écologique, elles servent de nurseries naturelles pour de nombreuses espèces de poissons, crustacés et oiseaux migrateurs. Elles protègent également les côtes contre l’érosion et les tempêtes, tout en stockant des quantités importantes de carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.
Sur le plan économique, les mangroves soutiennent les activités de pêche artisanale, une source de revenus vitale. Elles offrent aussi des opportunités en écotourisme durable, encore peu exploitées, mais porteuses d’avenir.
D’un point de vue social, les mangroves ont une valeur culturelle forte pour plusieurs communautés riveraines. Cependant, l’urbanisation anarchique, la coupe abusive de bois de mangrove, et la pollution domestique menacent sérieusement cet équilibre.
Une initiative gouvernementale à saluer
Dans ce contexte, la récente initiative du Ministre de l’Environnement visant à restaurer les zones de mangrove envahies par les constructions illégales constitue un acte fort. Le déguerpissement de ces zones, bien que sensible sur le plan social, est une étape indispensable pour inverser la tendance actuelle de dégradation.
Cette mesure s’inscrit dans une volonté plus large du gouvernement gabonais de renforcer la résilience de ses écosystèmes côtiers, conformément à ses engagements dans le cadre de la COP28 et des Objectifs de Développement Durable (ODD).
L’engagement constant de la société civile : l’exemple des Amis de la Lowe
Sur le terrain, des acteurs de la société civile, comme l’ONG Les Amis de la Lowe, mènent depuis plusieurs années, un combat de fond pour la sauvegarde des mangroves. Cette organisation, basée à Libreville, est particulièrement active dans l’Estuaire où elle sensibilise les populations locales à l’éco-citoyenneté, notamment à travers des ateliers communautaires, des campagnes de nettoyage, et des journées de reboisement des mangroves avec les jeunes.
Depuis 2020, l’ONG a initié un projet pilote de restauration participative des mangroves dans le quartier Mindoubé 1, en collaboration avec la communauté dudit quartier. Plus de 3.000 palétuviers ont été replantés avec succès, renforçant ainsi la biodiversité locale.
Par ailleurs, Les ‘’Amis de la Lowe’’ militent pour l’intégration des mangroves dans les programmes scolaires à travers le programme ‘’green school’’, ce programme vise à bâtir une conscience écologique dès le plus jeune âge.
Une responsabilité partagée
La préservation des mangroves gabonaises ne peut reposer sur un seul acteur. Elle nécessite une synergie entre les pouvoirs publics, la société civile, les scientifiques et les populations locales. L’action du Ministre de l’Environnement doit ainsi être soutenue et amplifiée, en veillant à associer les citoyens à chaque étape du processus.
Les mangroves du Gabon ne sont pas seulement un héritage naturel, elles sont une assurance-vie pour les générations futures. Les protéger, c’est investir dans un avenir durable pour tous.