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Portrait: Jonathan Ignoumba; le chantre d’une «mystique de l’unité» en politique

De tous les lieux communs sur Jonathan Ignoumba, c’est peut-être le moins injuste :

Jean Christian Kombila

Cet homme-là ressemble à son terroir. Il y a toujours un réel intérêt à l’écouter silencieusement pendant qu’il évoque le Tournant Démocratique, issu du Coup de Libération du 30 août 2023, mené avec maestria par les forces de sécurité et de défense réunies au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). L’homme captive l’auditoire, en faisant revivre les tournées politiques et les dernières campagnes électorale dans son fief politique, à Dilemba, Rinanzala, Bibora, Bayadi, Ikolu, Moulengui-Binza, Mongo… Voire dans les départements de Mougoutsi, la Douigny, la Haute-Banio et la Basse-Banio, autant que la Doutsila.Tout porte à croire, en effet,  qu’il s’est imprégné de tous les Défis communs à relever à l’unisson, et qui sont inhérents au développement des infrastructures socio-économiques de base et d’envergure, porteurs d’espoirs communs de la province, jusqu’à en devenir le portrait.

Le portrait idéal vraiment ? Pas tout à fait, cependant. Car Ignoumba na ni l’impressionnante forteresse insoumise du «G5» – province réputée pour être l’une des trois côtières du Gabon, à l’Est du Golfe atlantique de Guinée et la plus méridionale des trois, avec sa superficie de 21, 285 km2 couvrant 7, 95 % du territoire national – ni sa physionomie forestière austère et rugueuse qui fait paradoxalement son charme naturel. En revanche, lui, «l’Homme de Mongo» est reconnu pour sa fibre dialogique et profondément fraternelle. Et s’il est un champ de prédilection pour faire valoir son art du «franc-parler sans langue de bois, c’est bien le terrain politique. Lequel, reconnaissent les «CTRistes», guide objectivement la manœuvre.

Dans un passé relativement récent, en sa qualité de Coordonnateur provincial adjoint de la campagne électorale du «président-candidat», Brice Clotaire Oligui Nguéma à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le «député naturel» de Mongo – sous toutes les bannières possibles, aussi bien le PDG naguère que ‘’Les Démocrates’’ avant-hier- s’est révélé être un chef d’orchestre hors-pair et un virtuose de la tactique en politique.

Certes, le président de la République démocratiquement élu dans la transparence à l’échelle nationale l’a été avant tout par son propre charisme, lequel est conforté par son statut d’«Homme du 30 août 2023» et son Projet de société intégrateur et transformateur des infrastructures socio-économiques structurantes. Pour autant, à l’échelon provincial, où Brice Clotaire Oligui Nguéma a triomphé avec 98, 32% des suffrages, l’engagement loyal de Jonathan Ignoumba pour mobiliser les forces vives locales en faveur du «président-candidat» est des plus méritoires. Il s’est employé sans compter à être au four et au moulin, comme il le fut avec opiniâtreté lors du Référendum constitutionnel historique, marqué par la victoire triomphale du «OUI», avec 97, 09 %, synonyme de nette rupture avec les stigmates du Référendum de 1958 qui ont causé tant de tort aux Nynois sous l’ère du «bongoisme» et de la franç’afrique. Laquelle pouvait pardonner, sans céder à l’oubli après toute forme d’humiliation causée par des mouvements panafricanistes, les leaders nationalistes ou souverainistes.

Dans cette conjoncture électorale, avouons qu’en amont, il a su faire étalage de son leadership pour faire naître une ère nouvelle du compromis, entre adversaires d’autrefois, et hâter le rassemblement de toutes les élites nynoises derrière le «président-candidat». Résultat : grand artisan de l’unité politique nynoise particulièrement plausible pendant la Transition, on lui doit d’avoir méthodiquement œuvré en coulisses pour le «retour gagnant» de Séraphin Moundounga de son long exil en France. Ainsi donc, la réconciliation de ce «fugitif» et homme politique de poids et de poigne avec les «sécurocraties» du système porte son empreinte effective, autant que le ‘’cessez-le feu’’ conclu entre ce dernier et les acteurs politiques revanchards de la Douigny, fondés à considérer que le contexte post-Transition aidant, leur heure avait enfin sonné.

À l’heure du bilan d’étape pour le G5, ce trésor de ‘’Diplomatie des petits pas’’ cher à Henry Kissinger, déployé avec humilité et conviction a eu des retombées politiques positives à l’échelle nationale. Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à son retour d’exil, Séraphin Moundounga est désormais le vice-président de la République. Formé en politique à « l’Ecole du village », par les « Anciens » et détenteurs des savoirs et de l’autorité traditionnelle mystique authentique, « Ya Jonny» a appris au coin du feu. Patiemment, il est parvenu à gravir pied à pied les échelons politiques, au sein du PDG puis  »Les Démocrates » à l’Assemblée nationale. De plus, jeune député au palais Léon Mba, il devint 5è vice- président du Bureau. De fait l’Assemblée nationale est son biotope. Il connaît tous les rouages de l’institution et maîtrise la complexité de la procédure législative. Autant que le fonctionnement des sessions parlementaires et leur impact réel sur l’efficacité de l’Etat.

Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, puis des Transports et de la Marine Marchande, sous les auspices du CTRI, sa sortie du gouvernement à l’orée de la Vè République a surpris la grande majorité des Nynois. Son remplacement au Ministère des Transports et de la Marine marchande par un autre digne fils de la Nyanga, le Colonel Ulrich Manfoumbi, promu au rang de Ministre d’État a eu un écho retentissant à l’échelle provinciale autant que nationale.

Certains y déchiffrent une sorte de compétition politique naissante et de longue portée, d’autres préfèrent se contenter de ne voir pour ainsi dire qu’«un acte politique». Qu’à cela ne tienne, cette personnalité politique pragmatique reste assurément de bon commerce pour la majorité de ses compatriotes, singulièrement les Nynois. Ces populations-là ont besoin de sa voix forte aux affaires. Car elle symbolise l’interface crédible entre les gens du cru et le sommet de l’Exécutif. De même, lui aussi éprouve toujours le besoin d’être en communion permanente avec son terroir. Lui, dont le triptyque dans l’engagement politique est une philosophie du partage et de la générosité. A savoir : amour du prochain et de soi pour principe; ordre pour base de travail au profit de la communauté ; progrès pour but à atteindre dans une dynamique d’inclusivité.

Autrement dit, l’unité obsessionnelle de la province est incontestablement son domaine de définition. Et c’est ce message inspiré par une intuition unitaire qu’il fait valoir auprès des nouvelles élites souvent frondeuses. Lesquelles piaffent d’impatience et se montrent davantage soucieuses d’en découdre avec les «Anciens», hâtivement perçus comme des «ennemis». A ceux-ci, il prodigue sagement un précieux conseil : «On n’insulte pas l’avenir». Enfin, pour de nombreux notables locaux, après la tempête, viennent souvent le vent et le soleil radieux, projetant un retour salutaire en première ligne de cet homme d’ouverture et résilient, dont la trajectoire en politique est une véritable source d’inspiration.

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