Par : Jean-Christian KOMBILA
À la « Grande Maison » naguère, sous le long magistère d’Omar Bongo Ondimba (1967-2009), il y eut parmi ses collaborateurs des « Hommes d’État ». Pas du tout en nombre inquantifiable, mais il y en eut, cependant. Souvent bien éloignés des projecteurs propagandistes, dominants sur une scène médiatique volontairement débarrassée des Témoins de l’Histoire à partir de 2009.
Disons-le tout net : Jean-Marie Maguéna, fort de sa trajectoire intellectuelle et professionnelle, reconnaissable par sa grande silhouette raide et sa stature mérite de figurer parmi ces personnalités d’exception. Bien que lui-même se veuille toujours pudiquement modeste. Ce natif de Tsouka à Mouila naquit le 19 novembre 1957. Il devint l’un des collaborateurs du Grand « Bâtisseur du palais Rénovation » après que ce sourcilleux « chasseur de têtes » l’eût distingué depuis sa sortie de l’ENA de Paris et dans ses précédentes fonctions d’Ambassadeur – Directeur Europe au Ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, Chargé de l’Intégration régionale.
Dès lors, le top de son ascension professionnelle fut donné, au détour d’une audience vécue à la fin des années 90. Séquence de travail élargie à deux notabilités politiques d’envergure nationale, l’une contemporaine et l’autre rappelée à Dieu, en plus de la cheville ouvrière du cabinet présidentiel.
Dans la foulée, Jean-Marie Maguéna est promu Secrétaire général – adjoint de la présidence de la République, et placé sous l’autorité directe de M. Mamadou Diop, Ministre et inamovible Secrétaire général de la « Grande Maison », digne d’être inscrit en lettre d’or au Panthéon des « Hommes d’État » nationaux. Lauréat de la prestigieuse École Nationale d’Administration française (Gambetta – 93), il vénère seulement Dieu et l’État ! Au service de la puissance publique, il fut en charge du secrétariat général des Services du Vice-président de la République, Didjob Divungi-Di-Ndinge à l’aube des années 2000.
En l’occurrence, l’observateur averti témoigne à haute et intelligible voix, ici, que sa contribution technico-administrative fut singulièrement significative en vue de donner un contenu technique et politique à cette position institutionnelle naissante aux côtés du Chef de l’Exécutif. Un pari qui était loin d’être gagné d’avance. Pis, le chemin politique était parsemé d’embûches et l’opposition radicale, évoquant sa force constitutionnelle se plaisait à brocarder son titulaire en le qualifiant accidentellement de « factotum ». Curieusement, elle en a fait un objectif politique plus tard, à la disparition du « Vieux » à Barcelone.
Justement, Directeur de cabinet du Vice-président de la République, Didjob Divungi-Di-Ndinge et leader de l’Alliance démocratique et républicaine (ADERE), Jean – Marie Maguéna était un illustre inconnu aux bataillons du Parti. Encore moins acteur de la Majorité présidentielle. Naturellement, il n’a pas manqué de subir la fronde viscérale des cadres de ce parti et de ce conglomérat de formations et associations partisanes.
Autrement dit, ces muscadins s’estimaient, seuls fondés à revendiquer toutes les positions administratives et politiques, sous le mobile d’un militantisme parfois suspect sur le théâtre des opérations électorales. Débonnaire, jamais il n’a été ébranlé par ces développements. Profondément habité par une sérénité intérieure propre aux moines tibétains et agnostiques, M. Maguéna est incontestablement un « Grand commis » de l’Etat ayant fait ses preuves dans cet environnement sanctuarisé qu’était la « Grande Maison » . Du moins, avant les temps sombres de « la légion étrangère » et la période trouble des « Bla-boys » autant que celle tout aussi confuse des « collégiens du bord de mer » ayant affaibli et ruiné la crédibilité de l’État.
Il y a laissé une empreinte indélébile, dont on pourrait noter qu’elle est conforme à ce descriptif édifiant de François Mitterrand, Ministre de l’intérieur sous la IV è République française, fixant le cap à son principal collaborateur. Comme M. Maguéna qui n’a jamais appartenu à un parti politique de la Majorité ou de l’opposition,
L’ homme clé de ses cabinets ministériels était connu comme n’étant ni un ami ni un féal de François Mitterrand. Mais un haut fonctionnaire hors pair déniché au Conseil d’Etat : « Dans mon cabinet, il y a deux types de gens. D’un côté, les politiques qui vous demanderont des choses tordues et que vous pouvez envoyer paître sans problème. De l’autre, Pierre Nicolay qui, ici, représente l’État ». Jean-Marie Maguéna en a été l’archétype dans ses différentes fonctions républicaines, à commencer par le cabinet du VPR. Où les critiques contre son non-engagement partisan fusaient de partout.
En revanche, cette réputation d’homme intègre et rigoureux séduisait naturellement le Chef de l’Etat, M. Omar Bongo Ondimba. A preuve, lui-même en a fait le candidat idéal du Gabon à la CEMAC en 2008. Dans cette perspective, il entreprit un périple diplomatique régional empreint de lobbying efficace pour présenter son poulain à ses homologues, avant l’aval de la Conférence des Chefs d’Etats, la plus haute instance de décisions politiques et économiques.
De facto, il fut promu Vice-président de la Commission :
L’ organe exécutif chargé de la gestion administrative et de l’application des politiques communautaires. On pourrait dire, une consécration ultime ! Bien que plus tard, on le retrouvera en poste à Berlin, en qualité de Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Allemagne. A la retraite aujourd’hui, l’homme entame une reconversion en politique dans sa ville natale de Mouila. Il y a exprimé, devant un parterre de notables locaux, dimanche 8 Juin 2025, son engagement à « conduire une liste aux locales » dénommée « Bane-ba-Durembu ». Ensemble, ils aspirent à capitaliser « l’Or bleu » de la Ngounié pour en faire un vecteur de développement économique durable, ainsi que touristique.
L’homme fait valoir, évidemment, que la construction d’activités économiques et commerciales autour des deux rives du fleuve -Ngounié a pour but d’en faire un « Mall », véritablement attractif et capteur d’investissements publics et privés. En soi, l’objectif est atteignable. À condition que les électeurs, via ces chefs de quartiers influents en saisissent l’intérêt, mobilisent les électeurs et s’engagent à l’unisson dans le même navire.
Pour l’essor de ce nouveau challenge, l’ambassadeur à la retraite est disposé à réactiver son vaste réseau gouvernemental et diplomatique. Enfin, ici, sa virginité politique brandie par les notables sur un terrain gravement miné par la présence des mêmes politiciens sur le devant de la scène depuis 1990, voire des néo-acteurs aux casiers judiciaires politiques maculés, est son avantage comparatif indéniable. Idem pour son leitmotiv consistant à promouvoir « davantage de justice sociale » à l’échelle locale, et « servir autrement » son pays, au départ de Mukumu-Na-buala, dans le 1 er arrondissement.
Là-bas, il est résolu à demeurer fidèle à son crédo de n’être :
Ni homme de clans, ni un chantre de côteries. Mais un homme politique pragmatique, porteur d’un discours de vérité et d’un élan de générosité active, déterminé à inaugurer une démarche de revalorisation de la politique. Cela l’a conduit à plaider en faveur d’une mobilisation des forces vives locales pour « Reconstruire la Maison » divisée contre elle-même. « Refonder notre vivre-ensemble, en s’appuyant sur l’énorme potentiel économique durable du fleuve-Ngounié est à notre portée » affirme-t-il.
En tant que fondement d’un triomphe électoral envisageable de la liste battant pavillon « Bane-ba-Durembu » à travers ledit fleuve. Véritable objet de marketing économique et touristique, s’il en est, pour changer le visage de la ville et favoriser la création de nouveaux emplois. Manifestement, il s’agit là d’un projet d’intérêt général, vanté avec enthousiasme par une coalition fidèle aux traditions et à la diversité locales, renouvelée par la prise en compte du Genre et des jeunes, attrayante par sa composition et son mode de fonctionnement faisant d’elle un système ouvert.
Manager, ayant dirigé Air-Gabon, le « perroquet vert » et « Ailes de la Rénovation « , symbole de souveraineté internationale affirmée, cette expérience là est assurément un atout supplémentaire pour réussir ce maillage avec les gens du cru en cette conjoncture critique. Où les nombreux « Défis communs » à relever localement sont complexes et se posent essentiellement en terme de permanence des « besoins fondamentaux » qui appellent avant tout la responsabilité de l’Etat et de « Gestion du Bien commun ». Notamment, l’Eau ou l’exigence vitale.
À étendre, ici, aux biens immatériels que véhiculent les valeurs spirituelles et culturelles ancestrales fondatrices de l’identité pérenne et enviable locale. Toutes choses qui requièrent des politiques de solidarité concrètes et plus imaginatives. Telle cette noble et légitime ambition magnifiée par l’ambassadeur à la retraite, qui se lance en politique comme on entre au collège de son enfance. Sans triomphalisme, ni scepticisme. Mais avec la ferme conviction de se rendre plus utile au terroir que jamais et se remettre, demain, au service de et de République.