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Succession de Me Okemvele Nkogho : La justice ira-t-elle jusqu’au bout ?

C’est la question que l’on se pose au regard des résistances de l’un des principaux  accusés de ce dossier qui, sous prétexte d’une immunité parlementaire en tant que sénateur de la transition, refuse de répondre aux décisions de justice.

Par Junior Akoma

Le 1er juillet 2024, la 4ème chambre civile au fond de la cour d’appel judiciaire de Libreville, a rendu un arrêt sur l’appel interjeté le 02 mars 2016 par veuve Okemvele Nkogho Paulin, contre le jugement rendu le 22 février 2016 par le tribunal de première instance de Libreville. En statuant «publiquement, contradictoirement, en matière civile et en premier ressort ; désigne en qualité de mandataire de la succession Okemvele Nkogho, Me Anne Gey Bekale, notaire à Libreville et sieur Nkogho Mengue Pamphile pour une durée de 12 mois renouvelable sur saisine ; dit que les mandataires auront pour mission de : rechercher tous les successibles ; procéder à un inventaire des éléments actifs et passifs de l’indivision successorale avec leur état estimatif conformément aux  dispositions de l’article 920 du code de procédure civile ; de veiller à ce que l’épouse survivante soit remplie de son droit de subsistance ; de rendre compte de leur mission tous les 03 mois…»

Cette décision de justice est venue ainsi mettre un terme à la gestion illégale et opaque d’une succession dont les successeurs autoproclamés s’étaient eux-mêmes fait établir un testament jugé faux par l’étude où ledit document avait été subtilement déposé le 12 mai 2007, juste au lendemain de la mort de Me Okemvele Nkogho Paulin. Le notaire a vu en ce document un faux, car ne remplissant pas « les conditions d’un testament juridiquement valable.»

Bien avant, le 17 février 2015, le tribunal de première instance de Libreville avait déjà annulé ce faux testament lors d’un jugement civil.

Mais la question ici est la suivante : qui avait initié un tel faux testament au lendemain du décès de Me Okemvele Nkogho et s’est empressé à le déposer chez un notaire, alors que le défunt était dans un coma profond avant de rendre l’âme le 11 mai 2007, selon son médecin traitant? A quel moment, sur son lit de malade, pouvait-il signé un document testamentaire ?

Pour répondre à cette question, un procès-verbal auditoire réalisé le 5 mai 2017 par l’étude  de Me Moueley Pongui, huissier de justice, a éclairé l’opinion.  En effet, la secrétaire du défunt avocat est passée aux aveux : «je reconnais que c’est moi qui ai saisi ce faux testament, assistée de Bégo et Nkuengone…Après avoir saisi ce faux document, Bégo est parti, accompagné de deux personnes, le déposer chez Me Anguilé J.L Bertrand, le notaire. Et l’auxiliaire de justice de se défendre : «Lorsque j’ai reçu ce document le 12 mai 2007, c’est à dire vingt-quatre heures, après la mort de Me Okemvele Nkogho Paulin, je ne l’ai pas enregistré dans le répertoire, car il ne remplissait pas toutes les conditions requises pour être considéré comme un testament et être répertorié…»

Bégo ici est le pseudonyme du sénateur de la transition Edmond Okemvele. Dans cette affaire, il s’était déjà opposé à la décision du tribunal de Libreville qui, en date du 12 novembre 2008, avait déjà désigné Estelle Brahime, notaire, administrateur de la succession de Me Okemvele Nkogho Paulin.

Quid de la sauvegarde et des droits des héritiers légaux et des créanciers? Aujourd’hui, on parle de plus de 760 millions des dettes successorales engendrées par une gestion chaotique et illégale de la succession de l’avocat décédé. Plusieurs biens, à l’instar de la célèbre salle des fêtes ‘’NOE Palace’’, sont abandonnés à leur triste sort.

Et maintenant? Drapé dans son costume de sénateur, l’accusé Bégo ne répond pas aux multiples convocations du tribunal. Une attitude aux antipodes des valeurs d’une nouvelle république, où tous les citoyens devraient être normalement égaux devant la loi, quelle que soit leur qualité et les liens qu’ils pourraient avoir avec le sommet de l’Etat. Et le cas présent est vraiment un bon test pour les nouvelles autorités qui doivent démontrer par de telles attitudes que les choses ont réellement changé.

 

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