Kenny Somongoye, est un écrivain gabonais et comptable. Titulaire d’un Master en Finance obtenu à l’Institut National de Science de Gestion. Il est l’auteur de l’essai « Comprendre pour Agir ». Dans cette lettre ouverte, l’auteur s’adresse au peuple Gabonais au lendemain de la victoire écrasante d’Olitui Nguema et de son investiture qui a lieu ce samedi 03mai a Akanda, au nord de Libreville.
Par Kenny God’Son…
C’est fait. Le verdict des urnes est connu. Le peuple a choisi et élu Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA à la Présidence de la République Gabonaise.

Maintenant, place à la réalité, car il est essentiel d’aborder ce septennat avec lucidité. Le Président de la République prévoit d’engager durant son mandat plusieurs chantiers notamment la construction de Libreville 2, l’Aéroport d’Andem, le port en eau profonde de Mayumba, le chemin de fer Belinga-Bouée-Mayumba, des kilomètres de routes à travers le pays, des écoles et hôpitaux, cette liste n’est pas exhaustive.
Il me plaît de rappeler au peuple Gabonais, auquel j’appartiens, que tous ces projets reposent sur une seule hypothèse notamment le prix du baril de pétrole. En effet, si celui-ci baisse (puisque, le Gabon ne fixe pas le prix de son pétrole) tous ces projets ne verront jamais le jour. Une chute drastique du prix du pétrole pourrait entraîner des grèves dans tout le pays, un sentiment de désolation et d’abandon voire d’escroquerie politique, et peut être même la privatisation de certaines entreprises publiques sans oublier le retrait des subventions de l’État dans les secteurs sensibles tels que la subvention du gaz butane et autres produits pétroliers et renforcer l’ennemi numéro 1 de la jeunesse : le chômage. Cela démontre combien, il est urgent de réfléchir à un modèle économique plus résilient.
En d’autres termes, le débat électoral aurait dû porter sur le modèle économique, aussi bien au niveau de l’élite, que de la « classe moyenne » afin de sortir le pays de la dépendance aux matières premières, et des décisions des firmes internationales.
C’est au bout de la réflexion sur un autre modèle économique que l’on peut très bien savoir comment réduire le chômage, par exemple. C’est à partir du modèle économique que l’on fixe l’orientation académique et professionnelle de la jeunesse afin qu’elle soit capable de répondre aux besoins des entreprises qui offre en retour des emplois durables. Le modèle économique devrait être au centre des débats. Le modèle économique est la réponse à une vision citoyenne de la République. Car en termes de propositions et de constat tous les projets se ressemblent.
En principe, la vision de notre Nation devrait être portée par le peuple et exécutée par les dirigeants. On est censé répondre aux questions : Quelle Nation voulons-nous devenir dans 50 ans, par exemple ? Dans quel secteur le Gabon souhaite-t-il devenir numéro 1 en Afrique ? Dans quel domaine les Gabonais souhaitent-ils être une référence dans les 50 prochaines années ? Est-ce l’automobile ? L’aéronautique ? L’éducation ? La technologie ? L’industrie lourde ? L’agro-industrie ?
Lorsqu’on a les réponses à ces questions, les candidats à l’élection présidentielle sont censés nous présenter leurs stratégies pour atteindre notre vision commune…ils sont censés nous dire comment ils vont procéder pour atteindre cet idéal… Mais hélas, le débat chez nous n’est pas encore à ce niveau…
Une fois cette vision établie, quel que soit le Président de la République élu, il doit se plier à cette exigence du peuple et faire de son mieux pour que la Nation soit citée parmi les meilleures en matière de gouvernance, de justice, de lutte contre la corruption…numéro 1 dans la fabrication industrielle de quelque chose d’utile à la société et non pas dans l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol.
Cette approche exige un effort de lecture situationnelle sans émotion mais riche en ambition. Cependant, devant le manque d’infrastructures de base, le manque d’eau potable, et d’électricité, le manque d’hôpitaux et écoles sans oublier l’emploi, il est difficile de procéder différemment. La réflexion est souvent mise de côté par le plus grand nombre, quand la souffrance et la pauvreté se propagent dans la société. Je reste convaincu qu’en 2025, le débat devrait être porté sur l’intelligence artificielle, la transition énergétique et autres sujets relatifs aux défis de notre siècle… plutôt que sur les routes et les hôpitaux mais hélas, une génération n’a pas su relever les défis de son temps ….
Le peuple est appelé à renouveler sa classe politique, et à exercer un contrôle citoyen rigoureux de l’action publique, à condition que la transparence devienne une norme dans la gestion de la chose publique. Engageons-nous collectivement à participer activement à la construction du Gabon que nous voulons tous : un Gabon uni, prospère et digne d’envie…
…Votre concitoyen