Étendu sur environ 800 km de côte, le littoral du Gabon est en péril. Chaque année, la mer grignote un peu plus l’espace côtier, menaçant habitations, infrastructures et écosystèmes. L’extraction incontrôlée du sable, la pollution du plastique et la destruction des mangroves sont, entre autres, les causes qui participent à la progression de ce phénomène.
Par Sydney Nkwele
C’est avec un regard impuissant et plein d’inquiétude que les habitants vivant sur le littoral gabonais assistent à la montée, un peu plus, de la mer. C’est le cas des habitants d’Enrouagani (Tropicana) qui ne considèrent plus la mer comme une voisine paisible qui berce leur sommeil chaque nuit. Elle est devenue une menace constante. Les vagues frappent aux portes des maisons, grignotant chaque jour un peu plus du terrain. «Quand j’étais tout petit, la mer n’était pas si proche des maisons… Mais d’année en année, le phénomène d’érosion s’est accru. Au point où on en est, les autorités doivent prendre des mesures pour nous éviter le pire», confie Renami, habitant d’Enrouagani.
Comme le village Enrouagani, situé dans le nord de Libreville, c’est tout l’espace côtier qui est concerné par ce spectacle alarmant. De la pointe Estuaire à la Baie des Tortues, l’érosion touche presque tout le littoral gabonais. L’activité démesurée de l’homme est à l’origine de la progression rapide et inquiétante de l’érosion côtière. Deux principales causes expliquent la rapide montée des eaux : l’extraction illégale ou incontrôlée du sable marin, notamment pour alimenter les chantiers de construction et la destruction des mangroves, (souvent utilisées comme bois de chauffage), pourtant boucliers naturels contre la montée des eaux. Une situation alarmante que prévient Nicaise Moulombi, figure connue du combat écologique au Gabon. «Les activités anthropiques sont dévastatrices sur la côte. Avec les constructions qui se poursuivent le long du littoral, il est à craindre que d’ici des décennies Libreville aura disparu».
Certes que les élus municipaux multiplient les campagnes de sensibilisation pour préserver les espaces côtiers comme l’indique Axel Jesson Ayenoue, délégué spécial du 4ᵉ arrondissement de Libreville. «Nous encourageons les populations à maintenir les bras de mer dans un état de propreté permanent», mais des réelles actions concrètes sur le terrain peinent à voir le jour.
Rappelons qu’une étude intitulée «Elévation du niveau de la mer dans la zone côtière du Gabon» du ministère de l’Environnement jugeait déjà la situation « particulièrement inquiétante » et que 80% des plages gabonaises étaient en érosion contre 20% en accrétion.
Plus que des campagnes de sensibilisation qui n’ont aucun véritable impact sur le terrain, les autorités doivent prendre des mesures drastiques sur l’extraction illicite de sable marin, promouvoir la replantation de mangroves et encadrer l’urbanisation côtière.