Ce jeudi 8 Mai 2025, à la suite du premier Conseil de ministre sous le magistère de S.E. Brice Clotaire Oligui Nguema, les agents de la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII) ont ténu un point de presse pour dénoncer les dérives observées dans la gestion actuelle de la CNNII, désormais sous la houlette du groupe privé EBOMAF.
Par Sylvain Obame
C’est à la faveur d’un point de presse ténu ce jeudi 8 mai 2025 que les employés de la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII), par la voix de Moussavou Vanessa épouse Madyba, porte-parole des agents, sont montés au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur de nombreuses dérives observées dans la gestion de la CNNII, actuellement dirigé par le groupe privé EBOMAF.
Les agents visiblement remontés dénoncent un mépris flagrant du cadre légal de l’entreprise et une violation grave du Code du travail gabonais et de la Convention collective du secteur maritime. Selon les employés, les procédures administratives internes sont ignorées, le Directeur général de la CNNII a été écarté de la gestion, et toutes les décisions sont désormais prises par une « Contrôleuse générale ».
S’agissant des 17 mois d’arriérés de salaire que le concessionnaire devait verser aux employés selon l’alinéa 5 de l’avenant n°2 de la convention de concession, qui stipule que le concessionnaire doit apurer intégralement le passif de l’entreprise, le groupe Ebomaf n’a jusqu’alors rien régler.
Les employés de la CNNII dénoncent également une gestion floue de l’entreprise par le nouveau concessionnaire. Selon eux, les recettes générées par l’exploitation ne sont plus déposées dans des établissements bancaires agréés, mais transportées en espèces vers une destination inconnue. Plus grave, les salaires sont désormais versés en espèces, en violation des normes bancaires et contractuelles.
Les employés ont également tiré la sonnette d’alarme sur la situation sociale de l’entreprise qui s’est considérablement détériorée. Les acquis sociaux tels que les indemnités de retraite ont été supprimés, les cotisations à la CNSS et à la CNAMGS ne sont plus versées, exposant les agents à une insécurité sociale grave. Le personnel est même contraint de travailler les jours fériés et font des horaires supplémentaires, sans compensation.
Tout autre point que soulèvent les employés de la CNNII, concerne la souveraineté et la sécurité nationale qui, selon eux, sont clairement menacées. Ils alertent sur des pratiques remettant en cause la souveraineté maritime du Gabon (navires non immatriculés sous pavillon gabonais, non-respect des mises en garde de la Marine marchande) et la sécurité des gabonais (mise activité du navire IB Atlantic 3, pourtant interdit de transport de passagers pour des raisons de sécurité). Ils évoquent également un manque total de contrôles sur les mouvements des navires et de leurs cargaisons.
Face à toutes dérives d’une extrême gravité qui s’assimilent à une appropriation illégale d’un outil stratégique national par une entreprise étrangère, les employés de CNNII ont directement interpellé le Chef de l’État, afin de ramener le groupe Ebomaf à l’ordre et qu’il respecte ses engagements vis-à-vis du personnel de la CNNII.