Longtemps drapés dans le silence, les gardiens des 13 parcs nationaux, protecteurs de la biodiversité du pays, ont décidé de sortir de ce silence. C’est ce qui ressort de leur récente déclaration devant la direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor au cours de laquelle les agents de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) ont mis au grand jour une décennie d’abandon institutionnel, d’irrégularité salariale et d’invisibilité sociale.
Par Sylvain Obame
C’est devant la direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor que les agents de l’ANPN ont décidé de montrer à la face du monde l’injustice qu’ils subissent depuis longtemps.
Lassés du mutisme et de l’indifférence de la tutelle, les gardiens de la biodiversité du Gabon qui en fait d’ailleurs sa fierté à l’international se sont adressés directement au président de la Transition, deux jours avant le scrutin présidentiel, qui a eu lieu le 12 avril.
Sous un soleil accablant, vêtu de leurs tenues camouflées, les agents de l’ANPN ont exposé dans un ton grave le paradoxe du métier qu’ils ont embrassé avec amour : celui d’hommes et de femmes dévoués à la préservation du patrimoine naturel gabonais, mais privés de leurs droits fondamentaux. Comme l’indique le porte-parole des agents de l’ANPN, « nous vivons dans un paradoxe : on nous félicite à l’international, mais chez nous, nous sommes invisibles».
Pourquoi un personnel essentiel à la souveraineté écologique du Gabon est-il maintenu dans la précarité, voire oublié depuis plus de dix ans ?
« Nous sommes les sentinelles de la nature gabonaise. Nous protégeons la faune et la flore, souvent au péril de nos vies, dans des zones isolées, dans des conditions extrêmes. Mais comment continuer à protéger la vie sauvage quand nous ne pouvons pas nourrir nos propres enfants ? », interpelle le porte-parole des agents de l’ANPN.
C’est une véritable injustice que subissent les gardiens des 13 parcs nationaux repartis sur l’ensemble du pays, alors que ces derniers sont essentiels à la préservation des ressources naturelles et à la biodiversité du Gabon. Ils accusent des nombreux mois de retard de salaire, ils ne jouissent d’aucun statut, ils vivent avec des salaires misérables. Ce qui amène le porte-parole de ce collectif à s’interroger, « l’armée gabonaise peut-elle rester trois mois sans salaire ? Pourquoi nous, qui défendons aussi cette nation, sommes-nous traités comme s’il fallait mendier notre dû ? ».
Fatigués des promesses des autorités qui tardent à se matérialiser notamment, la promesse d’un statut particulier, la création de postes budgétaires, les discours inclusifs, les agents de l’ANPN veulent désormais que les promesses se transforment en actes concrets et pour cela, ils se sont adressés au président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, vers qui, ils fondent désormais leurs espoirs. « Nous avons une parfaite confiance en vous, Monsieur le Président. Nous espérons que notre souffrance sera abrégée d’ici le 11 avril, pour que nous puissions voter avec dignité le 12 ».
Ces 800 pères et mères de famille qui mettent en danger leurs vies au quotidien pour la préservation des ressources naturelles et la protection de la biodiversité du Gabon, méritent une véritable reconnaissance de la part des autorités.