Jusqu’à ce lundi, les téléspectateurs de la télévision privée TéléAfrica ont constaté, ahuris, l’écran noir de leur chaîne. Comment en est-on arrivé là ?
Par Junior Akoma
Depuis vendredi 3 janvier dernier, Télé Africa affiche écran noir. Raison, quelques techniciens de la boîte auraient suspendu le signal de la télévision en représailles à la situation précaire que vit le personnel de cette chaîne de télévision appartenant à la famille Bongo. En effet, depuis septembre dernier, le personnel n’est pas payé.
Il faut dire qu’avant la chute d’Ali Bongo, le personnel de cette télévision comptait déjà 14 mois d’arriérés de salaires. « À partir de 2009, le Président Ali Bongo avait décidé de prendre en charge nos salaires parce que la télé l’a soutenu lors de la présidentielle de cette année. Tout allait bien, lorsque Jessy Ella Ekogha avait mis fin à ça. Durant 14 mois, il a refusé de nous payer » fulmine un agent de la télévision qui a requis l’anonymat.
Mais avec l’avènement du CTRI, le président de la transition avait décidé de mettre un terme à cette longue disette. « On a repris à être payé chaque mois jusqu’au mois d’août 2024 » poursuit notre interlocuteur. Puis, un arrêt brusque de l’aide du président de la transition est intervenu. Dit-on, parce que le président du Conseil d’administration de la télévision Pascaline Bongo, ne voyait pas d’un bon oeil, le fait que le président Oligui Nguema paie le personnel de « sa » télévision. Mieux, la PCA n’aurait pas accepté que la Télé Africa soit dans le giron des médias de service public comme le leur proposaient les nouvelles autorités. Ce refus a eu pour conséquence, l’arrêt de l’aide présidentielle.
Face à cette situation, Pascaline Bongo a décidé de reprendre à payer le personnel de la télévision. Mais cet élan s’est estompé après juste un mois de salaire versé : le mois de septembre 2024. Puis, la galère a repris jusqu’au moment où nous mettions sous presse.
Pendant ce temps, le personnel tire le diable par la queue et plusieurs agents en location ont été mis dehors avec leurs familles. D’autres agents, plus « chanceux », continuent de recevoir les menaces d’expulsion de leurs bailleurs.
Télévision privée vieille de plusieurs années, les charges salariales de Télé Africa oscillent entre 18 et 22 millions de nos francs. Les recettes publicitaires pouvaient soulager les agents si un groupuscule de la boîte n’aurait pas trouvé l’astuce de gérer cet argent à leur guise. Dépourvue d’un top management digne de ce nom, Télé Africa fonctionne depuis plusieurs années sans directeur général.
Face à cette situation chaotique, les agents s’en remettent à la magnanimité du général président, Brice Clotaire Oligui Nguema, apôtre de la restitution de la dignité du citoyen gabonais.