Une pratique « obscène et malveillante » sévit dans l’ensemble des établissements secondaires au Gabon : la manipulation des notes des élèves sans le consentement des chargés de cours eux-mêmes.
Alors que les élèves de l’ensemble du pays reprennent le chemin des cours le lundi 06 janvier prochain, un phénomène semble avoir pris de l’ampleur dans le système éducatif gabonais. Il s’agit de la manipulation des notes des élèves, sans le consentement des chargés des cours. Selon des sources dignes de foi, cette pratique serait orchestrée par des responsables des établissements. A une certaine époque, elle se pratiquait en échange, bien évidemment de quelques billets de banque. Soit avec la complicité des apprenants, ou avec celle de leurs parents.
Aujourd’hui, le but visé, soulignent ces enseignants, est d’améliorer artificiellement les statistiques.
Dans une note parvenue à notre rédaction, ce collectif d’enseignants se dit furax face à cette attitude qui n’honore pas le système scolaire gabonais. « Comment pouvons-nous, en tant qu’enseignants, continuer à croire en notre mission si nos évaluations sont systématiquement modifiées par l’administration ? Modifier les notes des élèves pour améliorer artificiellement les statistiques, c’est une insulte à notre travail et à l’effort des élèves », écrit le collectif.
« On passe des heures à préparer des cours, à corriger des copies, à évaluer avec rigueur pour être juste et cohérent. Et voilà qu’on vient nous dire que nos notes doivent « monter » pour embellir les chiffres ?! Ce n’est pas de l’éducation, c’est du marketing ! Sauf que cette pratique pèse lourd à l’Etat dans le payement des bourses scolaires aux élèves méritants ».
Mais pour ces enseignants, les élèves sont loin d’être dupes. « Quand ils voient leurs notes gonflées, ils comprennent vite que tout cela n’a rien à voir avec leur vrai niveau. Et que dire des parents ? On leur vend une illusion, alors qu’ils attendent une évaluation honnête et constructive », déplore le collectif.
Pour ce collectif d’enseignants, cette manière de faire n’est pas pour améliorer le système éducatif gabonais. Elle contribue plutôt à sa destruction.
« À force de manipuler les chiffres, on détruit la confiance dans le système éducatif. On démotive les enseignants, on dévalorise le travail des élèves et on compromet leur avenir.
« Nous refusons de cautionner cette pratique. L’éducation, ce n’est pas de faire joli dans les rapports, c’est de former des citoyens responsables, compétents et conscients de leurs forces comme de leurs limites. Si l’administration veut des résultats, qu’elle commence par nous donner les moyens pour enseigner correctement au lieu de falsifier la réalité ! »
Le but de cette montée au créneau est de mettre fin à cette méthode. Laquelle contribue à dévaloriser leur métier. « Il est temps que cela cesse. Respectons notre métier, respectons nos élèves, respectons la vérité », écrit le collectif.
