C’est la question que l’on peut se poser suite à la cacophonie enregistrée ces derniers temps à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale avec la tenue, 19 décembre dernier, d’un conseil d’administration controversé, qui a abouti à l’élection d’un membre de la Fédération gabonaise des entreprises inéligible, selon les statuts de la Caisse.
Par Junior Akoma
Ce 4 décembre, la ministre des affaires sociales, Nadine Nathalie Awanang, a installé Alain Claude Kouakoua, Nadia Christelle Koye et Pierre Moussavou respectivement en qualité de Président du Conseil d’administration, directeur général et directeur général adjoint de la Cnamgs. Officiellement, la désignation de ces nouveaux promus, du moins pour le PCA, est le fruit du Conseil administration tenu illico presto le 19 décembre dernier et qui a vu l’élection d’Alain Claude Kouakoua en qualité de PCA de la Caisse.
Et du 21 au 27 décembre, le nouveau conseil d’administration a lancé un appel à candidature pour les postes de DG et DGA. Le 30 décembre, le conseil annonce la désignation comme nouveau DG de la Cnamgs, Arnold Ngotounda Odounga. Puis, le 4 décembre, une autre personne est désignée au même poste.
Qu’est-ce qu’il s’est passé entre temps ?
Il faut dire que ces différentes désignations sont entachées d’irrégularités. Premièrement, la désignation comme PCA de M. Kouakoua, au regard des statuts de la Cnamgs, est fortement décrié par le syndicat des agents de la Cnamgs.
Ses responsables l’ont fait savoir, il y a quelques jours, au bureau de l’Assemblée nationale de transition. En effet, le syndicat déplore que les mêmes personnes qui constituaient le Conseil d’administration démis suite à un audit sur la gestion jugée calamiteuse de la Caisse dans la période 2017-2019, soient toujours maintenues. Mieux, l’un de ses membres a même été désigné Président du Conseil d’administration, alors que son entreprise doit plus d’un milliard à la Caisse. Or, l’article 13 des statuts de la Caisse dispose que ceux qui doivent à la Caisse sont inéligibles.
De plus, le syndicat dénonce que la Fédération des entreprises du Gabon qui vient de prendre le contrôle du Conseil d’administration, doit à la Caisse plus de 100 milliards contre 34 milliards pour l’État. Une lourde dette qui a pour conséquence, le blocage intermittent des prestations sociales des partenaires pour non-paiement des factures.
Bras séculier de la politique sociale de l’exécutif, l’État va-t-il laisser entre les mains des privés, qui doivent déjà plus de 100 milliards à la Caisse, une structure qui l’aide à soulager les populations, même les plus vulnérables?
Depuis sa création, la Cnamgs a donné un réel sens à la solidarité, en facilitant l’octroi des médicaments et l’accès des patients dans les hôpitaux et les cliniques privées aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger. Mais les multiples malversations enregistrées au sein de cette boîte, pour cause de mauvaise gestion de plusieurs responsables désignés pour diriger la Cnamgs, ont longtemps grippé l’ambition sociale de la Caisse.
Résultat : 130 malades admis pour l’évacuation sanitaire sont coincés à Libreville depuis de longues semaines.
Parallélisme des formes oblige: les anciens dirigeants de la caisse suspendus de leurs fonctions et non démis, devaient d’abord être définitivement évincés de leurs postes avant l’installation précitée des nouveaux dirigeants par la ministre de tutelle.
À l’ère de la restauration des institutions, le président de la transition et le CTRI doivent avoir un regard très particulier sur une structure sociale qui engage les vies des populations.