C’est lors d’un entretien, le 29 novembre, avec les délégués syndicaux et du personnel que le directeur général de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), le contre-amiral Alain Jérôme Mounguet Ingoulé, a mis les points sur les « i » face aux accusations portées par les syndicalistes amplifiées par la lenteur de la matérialisation du partenariat avec le Groupe EBOMAF.
Par Sylvain Obame
Créée en 2013, la CNNII a pour principale activité le transport des personnes et des biens par voie fluviale. Elle est responsable du développement des activités de transport maritime et en eaux intérieures.
En octobre 2023, arrive à la tête de la CNNII, l’actuel directeur général de cette compagnie paraétatique. C’est dans une situation précaire qu’il trouve ce fleuron du transport maritime et fluvial : absence d’assurance CNSS et CNAMGS, 17 mois d’arriérés de salaires, absence de bulletins de salaire. Dès lors, il tente d’apaiser le climat social au sein de l’entité. Une démarche confortée par la signature d’un partenariat avec le groupe burkinabè EBOMAF. Cependant, des lourdeurs subsistent quant à l’effectivité du partenariat.
Visiblement agacés par cette situation, les agents de la CNNII accusent la direction générale qui par la voie de son directeur général n’a pas manqué de livrer sans langue de bois « sa part de vérité sur la matérialisation de cette concession ».
Dans le but d’interpeller leur hiérarchie sur le non-paiement de leurs 17 mois de salaires, les employés de la CNNII ont mené un mouvement de grève. Bravant les recommandations de leur administration générale, ils ont rencontré le président directeur général du groupe EBOMAF pour avoir des éclaircissements sur la matérialisation du partenariat. Il ressort de cette rencontre que « le concessionnaire a pris toutes les dispositions pour une mise en route rapide de ladite concession, mais constate malheureusement plusieurs lenteurs émanant de la direction générale de la CNNII et du ministère des Transports » indique le procès-verbal établit lors de l’Assemblée générale des délégués du syndicat et des délégués du personnel, le 27 novembre dernier.
Fort de cette rencontre avec le PDG du groupe EBOMAF, les syndicalistes ont fait injonction à leur directeur général d’organiser, sous huitaine, une rencontre entre le PDG d’EBOMAF, leur direction générale, le Ministère des Transports et l’ensemble du personnel. Ils ont également exigé le règlement intégral des 17 mois d’arriérés de salaire toujours « sous huitaine ».
Le directeur général et sa tutelle ne reconnaissent pas faire obstacle à la matérialisation du partenariat avec EBOMAF, le contre-amiral fait observer cependant qu’ « il y’a dans ce partenariat des problèmes ». Pour ce dernier, EBOMAF a une compétence avérée dans le secteur du BTP et non dans le domaine fluvial et maritime. Il affirme que le groupe EBOMAF « s’essaie au Gabon sur quelques choses qu’il ne maîtrise pas : la Mer ». Pour preuve, les bateaux achetés par EBOMAF pour la CNNII comme convenu par la concession, sont inappropriés pour une exploitation immédiate. Les experts de la CNNII, ont été écartés lors de l’achat de ces bateaux.
Entre-temps, la CNNII a globalement besoin de 6 milliards de francs CFA pour tout régler.
Concernant la situation des arriérés de salaire, le contre-amiral s’est prononcé par une question : « Pourquoi les arriérés de salaires ne sont-ils pas encore payés alors qu’il y a cet argent ? ». Une question qui suscite plusieurs interrogations chez les agents de la CNNII qui ont simplement souhaité que leur dignité soit restaurée. Prochain rendez-vous la semaine prochaine.