Un « colloque » dédié à une évaluation objective de l’impact réel des cabinets-Conseils dans l’effectivité de la relance de l’économie nationale, a été organisé sans tambour, ni trompette, dans le Grand-Libreville, au courant du mois écoulé. Cependant, avec un certain mérite, en raison de la qualité des participants, des acteurs du monde des affaires et de l’académie, l’événement est passé sans aucun doute inaperçu.
Par : Engangoye – Aubame
C’est certainement en raison de l’actualité brûlante autour du processus final de la Transition en cours au Gabon, ainsi que le référendum constitutionnel récent. Pour autant, l’évocation parmi d’autres problématiques, des partenariats publics-privés par les participants, et même dans les salons feutrés au terme des travaux, sous fond de bilan d’étape révélateur d’appréciations diverses et variées sur le rôle, mi-figue, mi-raisin, de ces principaux acteurs fonctionnant essentiellement en « réseaux », met tant bien que mal en relief la contribution significative de l’un d’entre eux : Deloitte-Gabon pour ne pas le citer.
Du moins, dans les échanges en « off » avec d’anciens « cadres maison » ayant servi, jadis, sous l’autorité des managers à l’origine de la « légitime réputation de crédibilité » de ce Cabinet à l’échelle locale, « Deloitte – Gabon peut encore être considéré comme le leader national dans son domaine d’activités ». Celui-ci porte, en effet, sur un ensemble de compétences multiples nécessaires pour répondre aux enjeux cruciaux de sa clientèle. Laquelle comprend aussi bien l’administration publique, le parapublic, les institutions et les organisations, ainsi que le monde des entreprises.
« Notre objectif est de mettre en place des solutions qui permettent d’avoir une meilleure efficacité opérationnelle » sur le terrain confiait déjà, à la presse et aux médias en 2019, Nicolas Balesme, Associé-directeur général.
Cette rencontre avec les journalistes, à laquelle prirent part les plus hauts dirigeants de l’époque, et dignes « ambassadeurs » du prestigieux Cabinet en visite de travail au Gabon et porteurs de grandes ambitions d’expansion, en l’occurrence MM. Sami Rahal (président ), Brice Charles (Directeur général Afrique francophone), Alain Peranguer (PCA Deloitte Afrique), Amaury de Beauvoir ( Secrétaire général), avait laissé entrevoir un horizon radieux pour les employés.
En 2023, aussi, précisément le 24 octobre, le Staff-management conduit par Nicolas Balesme s’était montré optimiste au sortir d’une séance de travail avec M. Charles Mba, ministre des Comptes publics et du Budget. Le contexte socio-politique de Restauration des Institutions, et partant d’assainissement et de gestion rigoureuse des finances publiques de l’Etat, légitimant cette audience a renforcé un sentiment d’appartenance au sein du personnel.
A savoir, que fort de son expérience de 25 ans et son expertise avérée sur le terrain, Deloitte – Gabon est apte à mobiliser l’ensemble de ses ressources humaines pour relever les nouveaux challenges que l’Exécutif de la Transition pourrait, en cas de besoin, confier à juste titre au Cabinet. Lesquels s’articulent autour de la relance effective de l’économie nationale, la création d’entreprises, la levée des fonds, la mise en place des systèmes d’informations crédibles, l’organisation opérationnelle…
Tout compte fait, il reste qu’à l’épreuve de la réalité ambiante, cet optimisme du personnel apparaît de plus en plus illusoire, à cause du « style oppressif » de management bien en vogue depuis la promotion spectaculaire de M. Thomas Mugneret, nouvel Associé -directeur général au Bureau de Libreville. La quarantaine à peine révolue, ses méthodes radicales, et au fond désuètes des ressources humaines, ont engendré un climat social suspicieux et des plus délétères. En cause : une communication fondée sur les modes assurément inopérants, tels que l’auto-refus qui consiste à cultiver l’isolement, l’autoprotection et de l’auto-exposition… Toutes choses qui confirment que le directoire vit sur une montagne russe. C’est-à-dire, avec des hauts et des bas émotionnels, à la fois tragi-comiques et inquiétants.
Dans la foulée, les conséquences sont fatalement terrifiantes. Les cadres nationaux compétents sont contraints à la démission. Ces derniers décrivent « une atmosphère profondément dégradée, peu propice aux résultats positifs » et à l’expression des bonnes volontés au travail. Ils soulignent que « les process et procédures de travail mondialement reconnus chez Deloitte ne sont pas appliqués par le Bureau du Gabon ». Ces démissionnaires pointent davantage le refus du Directoire de considérer le personnel comme des partenaires. Pour preuve, l’absence grave d’un Collège des Délégués du personnel pour une « Boîte » employant une centaine d’agents. Dont de nombreux « gardiens du temple » quittent, hélas, volontairement ou sont poussés à la sortie, sans jamais avoir reçu la moindre « Médaille de reconnaissance » pourtant bien méritoire.
Une véritable aberration contraire au Code du Travail en République gabonaise qui en fait une exigence légale pour toute structure employant une quinzaine de personnes obligatoirement soumises à des visites médicales.
Bref, le goût du lucre, du luxe et de la luxure, voire du péculat et de l’épicurisme est une caractéristique de ce directoire inexpérimenté, manifestement insensible au mal-être interne généralisé. Un tel comportement est plus ou moins ressenti à l’unisson comme « colonialiste« .
Si cette dégringolade s’accélère davantage, celle-ci risque de ternir la bonne réputation du cabinet d’Audit et Conseils juridiques et fiscaux Deloitte – Gabon, pourtant patiemment construite par le dur labeur des prédécesseurs et d’une grande partie du personnel à l’ouvrage.
« Avec une patronne comme Madeleine Berre, par exemple, les fiches de poste étaient claires, autant que les attentes professionnelles de la direction. Le pouvoir de gratification et le pouvoir par l’exemple étaient une réalité.
Aujourd’hui, ceux qui y travaillent sont en manque de repères et restent confrontés quotidiennement, jusqu’à tard dans la nuit, au pouvoir de coercition » accuse indigné, un ancien cadre parti faire valoir ses compétences chez un concurrent du marché du Conseil juridique et fiscal, ainsi que de l’audit. Et d’asséner :
« Il faut que le ministère du Travail y jette un coup d’œil, pour tuer dans l’œuf le plan secret de licenciements massifs » et inacceptable de gabonais, de moins en moins préférés à la main d’œuvre expatriée venue des pays limitrophes.
Vivement, enfin, un réel leadership, fier d’incarner les valeurs universelles et humanistes de Deloitte au Gabon. Il s’agit d’un impératif, avant qu’il ne soit trop tard.