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Cnamgs : l’imposture au Conseil d’administration !

Alors que la caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale est sous une administration intérimaire, suite à la suspension de son président du Conseil d’administration, de la directrice générale et d’autres cadres, un Conseil d’administration s’est tenu à la hâte, le 19 décembre dernier. Malgré les vices de forme relevés, ce conclave a accouché d’une imposture à la tête du Conseil d’administration de la boîte.

Par Nelson Tchimbakala

C’est dans un courrier daté du 18 décembre 2024 que la ministre des Affaires sociales a informé les administrateurs de ce qu’un Conseil d’administration se tiendra le lendemain 19 décembre. Il faut signaler que les destinataires ont reçu la convocation du ministre dans l’après-midi du 18 décembre, voire en fin de soirée pour certains. Trop juste pour que tous les éléments nécessaires à la tenue de la réunion soient rassemblés. Est-ce la raison qui a poussé la directrice générale par intérim à n’avoir pas pris part à ce Conseil d’administration extraordinaire ? Tout laisse à le croire.

Puis, le 19 décembre, le Conseil se tient tout de même. Mais où ? Au siège de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG) membre du Conseil, alors qu’on devrait tenir ces assises dans un lieu neutre. Egalement absente, la ministre des Affaires sociales qui assure la tutelle technique de la Cnamgs, elle s’est faite représentée par Pierre Moussavou, Commissaire du gouvernement. Ce dernier est alors désigné pour présider le Conseil d’administration.

Toutefois, avant l’entame des travaux, Edmond Hendet Ngadi du collège des travailleurs fait observer qu’il y a des préalables qui ne sont pas remplis pour tenir la réunion. Ce dernier relève, l’absence d’informations détaillées par rapport à la suspension du directeur général et du président du Conseil d’administration et la transmission tardive de l’ordre du jour (élection du président du Conseil d’administration ; avis de vacance de poste pour le recrutement du DG et son adjoint ; divers).

Face à ces manquements, ce dernier demande le report du Conseil à une date ultérieure. Mais les autres administrateurs usent d’autres subterfuges pour convaincre le collège des travailleurs à accepter de prendre finalement part à l’élection. Non sans exiger que soit mentionné dans le procès-verbal, le fait qu’ils ont déploré les manquements de forme dans le processus qui a été mis en place pour l’élection du PCA.
Mais la forfaiture ne s’arrête pas là. Car parmi les candidats proposés pour briguer la présidence du Conseil d’administration, il y à Guy Hervé Flore Pambou Pambou (collège des travailleurs) et Alain Claude Kouakoua (collège des employeurs). Ce dernier était concerné par les conditions d’inéligibilité figurant sur l’article 13 des statuts de la Cnamgs.

Et pour cause, patron de l’entreprise Mika Service, Alain Claude Kouakoua et son entreprise affichent une dette de 1,380 milliard, soit: 363 millions de capital et 986 millions en pénalités. Selon nos sources, la direction générale suspendue lui aurait accordé un moratoire. Mais cela n’exclut pas que son entreprise a une dette à la Cnamgs. Aux antipodes de l’article 13 des statuts de l’entreprise qui dispose : « sont notamment inéligibles au Conseil d’administration en qualité de membre… Les employeurs redevables de cotisations vis-à-vis de la caisse ».

De plus, membre du Conseil administration dans la période 2017-2019, Alain Claude Kouakoua, selon nos informations, faisait partie du Conseil d’administration qui a été révoqué suite à un audit effectué à cette époque. A-t-il été finalement blanchi?
Quid de la Fédération des entreprises gabonaises ? Peut-elle réellement présider la Cnamgs quand on sait que sa dette à la Caisse (107 milliards) dépasse celle de l’Etat (34 milliards) ?

Outil important de la politique sociale de l’exécutif gabonais, le président de la Transition va-t-il laisser la Cnamgs aux mains d’autres entités au moment même où la caisse est en difficulté avec 130 malades sanitaires qui peinent à être évacués et des prestataires non payés ?

Enfin, sans attendre que les deux cadres dirigeants soient officiellement révoqués de leurs postes par décret présidentiel, le président du Conseil issu du Conseil d’administration sulfureux du 19 décembre dernier, s’est précipité à arrêter la date de dépouillement des candidature fixé à ce 30 décembre. Si cette délibération est faite, il y a aura à la Cnamgs deux PCA (dont un suspendu) et deux Directeurs généraux (dont un suspendu).

À l’ère de la restauration des institutions, il faut avouer que ça fait désordre.

 

 

 

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