Le Landerneau politique gabonais semble être en ébullition depuis que la constituante d’une part a rendu ses travaux sur le projet de la nouvelle constitution et de l’autre, les différentes sorties du dernier premier ministre du régime d’Ali Bongo, régime déchu dans la nuit du 30 août 2023.
Par Jean Hilaire Biteghe
Si le premier sujet est plein de grains à moudre pour les scrutateurs avertis de l’avenir politique de la nation car, impactant en profondeur l’avenir et le devenir du Gabon dans le concert des nations vivantes et vivables, le second, beaucoup plus divertissant, parce que véritable diversion dans les cours de stratégies politiques dispensés uniquement aux nuits de premières lunes, où le loup-garou devient la Star des bouches dégoulinant de sang et le pire cauchemar des esprits rationnels, imberbes et candides.
C’est le sujet de l’effort qui n’aura visiblement aucun réconfort car inconfort et logiquement inconvenant. C’est le genre d’exercice que l’on n’initie guère dans un milieu où les codes d’honneur et de responsabilité devraient être le bréviaire pour marquer les temps et les circonstances, dans le temps.
Pourrait-on penser que la pluie est mouillée en se conformant à la seule vérité que son eau mouille tout ce qui n’est pas couvert ? Voici le parcours tactique du fils de Ntang-louli. Quand ce maestro du racolage de l’illogisme vient servir à la nation qu’il croit bien connaître, un cours dont il a le secret mais pas seulement lui et que la problématique à résoudre est celle de savoir comment sortir sous cette pluie d’infamies sans se mouiller mais si possible, en mouillant les autres.
L’homme politique qui demande à son peuple de vivre d’espoir ne se rétracte devant rien surtout quand il sait que son espoir à lui est de se parer du manteau du politique courageux, qui louche tout en espérant que aucune des victimes du régime qu’il a servi avec abnégation et fidélité, qu’il enjolive sans pour autant le magnifier aujourd’hui, ne suivra son regard.
Omar Bongo Ondimba disait de son opposant bien aimé Paul MBA Abessole que ce dernier avait la sagesse de la forêt et qu’il lui manquait celle de la savane et à Paul MBA Abessole de porter conseils aux siens en leur recommandant de ne ni regarder ni aller à gauche quand Omar Bongo vous le conseillait et vis versa mais à la fin, l’un a suivi l’autre en toute quiétude et honneur, pensant acquérir le fameux sésame de la forêt alors que l’autre avait transformé la maison de verre en de miroirs aux alouettes.
Le père d’ « Awu Mawu », titre évocateur et victimaire, trace subtilement et sybillinement le schéma d’un être équilibré et équipé qui compte se protéger civilement et pénalement par la politique et à mon avis, peut-être biaisé, il n’a pas véritablement tort à en juger par l’absolution totale de ses compères de la décennie passée, décennie qui semble être effacée par les restaurateurs annoncés de nos institutions. Alain Claude Bilié bi Nze a lui aussi lu Machiavel mais peut-être pas dans la même optique que Brice Clotaire Oligui Nguema, le fruit politique de Paul MBA Abessole s’en inspire pour créer la » courroucelle de la mort, ce phénomène qui fait tourner les fourmis en rond jusqu’à épuisement et à la mort des participants et d’ailleurs, ce ne sera jamais lui le responsable de cette tuerie.
L’ancien porte-parole du président Ali Bongo et ensuite du gouvernement s’est excusé uniquement pour avoir heurté la sensibilité du peuple gabonais, mais ne demande nullement pardon car il sait que demander pardon, faire son mea culpa donc, c’est reconnaître pleinement sa responsabilité. Mais qui est fou et qui l’a fait honnêtement avant lui? Au contraire, au même moment où il s’excuse timidement, il accuse avec véhémence. L’homme n’est pas à la croisée des chemins, il suit son chemin qui, bien sûr, peut aussi être un cul-de-sac.
Ce qui n’est pas le cas des regards et interprétations des travaux de la constituante sur le projet de la nouvelle constitution. La fin de ces assises a laissé le peuple gabonais pantois au point de se demander quelle était le rôle véritable de ces travaux et quel esprit a animé cette assemblée ? Il est vrai qu’aucun de ses membres n’a été choisi par le peuple mais ces derniers ne doivent pas oublier qu’ils ont été coptés dans le peuple et parmi ce peuple. Chose bizarre et dans le fond, ce peuple en majorité ne s’est pas reconnu dans l’œuvre mal formée, vomie lors de ce conclave. Visiblement, la population gabonaise attendait mieux que ce qui lui a été servi, elle attendait de ces » têtes bien pleines » dit-on, un travail à la hauteur de leur estime du peuple. Les raisons de ce que plusieurs qualifient de bérézina non annoncée, l’absence de justesse d’esprit et le très grand penchant pour ce dont ils pensent être le vœu de celui qui les placé sur cette branche autant convoitée, il faut le reconnaître, par d’autres grosses têtes soit, bien faites mais vides ou des têtes pas voulues mais pleines et prêtes à répondre avec l’art républicain, aux aspirations du peuple.
Trente huit milles (38) contributions individuelles c’est certes énorme en volume de travail quand l’esprit des acteurs de la constituante exige le courage de la vérité. Mille trois cents ( 1300 ) contributeurs pour les institutions font un ratio de combien de gabonais ayant regardé dans la même direction et pour le même choix? Les travaux de l’assemblée constituante reflètent tout ou presque mais pas beaucoup ce qu’aurait voulu le peuple. Ce peuple qui, à l’analyse des faits, pense que les principaux points querellés qui sont passés comme lettre à la poste au guichet de la constituante, seront stoppés net par le Général Président de la transition qui finalement reste le seul espoir de ce peuple qui croit encore en la transition et à l’esprit martial gage de l’ordre et de la tranquilité. Oligui Nguema devrait manœuvrer serré pour laisser encore un espace de rêves en couleurs aux gabonais qui ne croyaient plus en rien depuis que l’on leur a vendu des chimères comme « l’avenir en confiance, paix- développement-partage » etc.
Le rêve est toujours permis même si cet éclairci observé est menacé par ce point noir qui pointe à l’horizon. En effet, la météo annonce des véritables menaces sur le projet d’un visage angélique de la politique exprimé lors de sa prestation de serment plaçant ainsi l’opération militaire du 30 août 2023 dans la classe très recherchée de coup d’État des justes. Seule formule pour éloigner le vilain nuage qui pointe à l’horizon là-bas, c’est de respecter la sémantique qui veut que le peuple soit le seul souverain, ou bien l’État n’existe pas.