Silencieux jusque-là, du moins depuis la fin de ses ennuis judiciaires, Mike Jocktane, homme politique, ancien candidat à la dernière élection présidentielle de 2023, qui s’est rallié à la plateforme Alternance 2023 est sorti de sa réserve. A la faveur d’une conférence de presse au siège de son parti à Libreville ce mardi 08 octobre, il est revenu longuement sur l’avant-projet de la Constitution actuellement en débat dans le pays et dont le futur referendum va clore ce moment historique du pays par l’élection d’une nouvelle Constitution. Doublé de ses statuts d’homme politique et d’homme de Dieu, selon Mr Jocktane, ce texte propose qui est censé préconiser le vivre ensemble, est plutôt un danger par la Démocratie, l’Etat de droit et l’unité nationale.
Actuellement en débat et alors que un exercice pédagogique a débuté à travers des émissions télévisées, l’avant-projet de Constitution fait couler encre et salive. Entre rencontres citoyennes, interview, déclarations et conférences de presse, chaque acteur politique et de la société civile fait son analyse sur certaines dispositions. C’est le cas de Mike Jocktane. Acteur politique de premier plan, le président du Gabon Nouveau a, à la faveur d’une conférence de presse ce mardi 08 octobre fait le diagnostic de cet avant-projet. Qui, selon l’homme politique représente plutôt une menace pour l’état de droit et l’unité nationale, au lieu de préconiser le vivre ensemble. Ce projet, estime l’homme politique, bien que reconnaissant que le Gabon a besoin d’une nouvelle Constitution, « manque de cohérence, de modernité et de pérennité, et surtout, il ne reflète pas l’esprit d’inclusivité et de diversité que nous souhaitons pour notre gouvernance».
Estimant que «Le Gabon traverse actuellement une phase critique de son histoire, où les choix que nous faisons définiront l’avenir de notre nation » pour Mike Jocktane, « le projet de nouvelle Constitution qui nous est soumis soulève de graves interrogations, tant sur le fond que sur la forme. Bien que cette initiative ait pour ambition de restructurer notre système politique, elle présente des failles notables qui menacent les principes démocratiques que nous devons défendre». Et de prendre pour exemple certains articles, notamment l’article 41, qui célèbre le 30 aout date du coup d’Etat au Gabon, comme fête nationale. Pour Mr Jocktane, cet article est une manière de légitimer un moyen non démocratique pour accéder au pouvoir. «En faire une fête nationale reviendrait à normaliser l’usage de la force pour renverser des gouvernements démocratiquement élus». Mike Jocktane y voit une manière de pérenniser ou d’encourager les coups d’Etat. Toute chose qui peut fragiliser la démocratie et la stabilité du pays, ainsi l’image du pays dans des instances internationale. « Dans les grandes démocraties, il n’y a pas de coup d’Etat ».
Tout comme l’homme politique, doublé de son statut d’Evêque, pense que l’article 53, fixant des conditions strictes pour l’éligibilité à la présidence, notamment en termes d’âge et d’origine, ses restrictions, « sont non seulement injustes, mais elles marginalisent certains citoyens, notamment ceux d’origine étrangère ou naturalisés, ce qui va à l’encontre des principes d’inclusivité et d’égalité». Faisant une analyse sur cet article, celui-ci a-t-il souligné, les conditions risquent de marginaliser des citoyens naturalisés ou d’origine étrangère, créant ainsi une hiérarchie implicite entre les Gabonais « de souche » et les autres. « Cette distinction n’a pas sa place dans une société moderne et ouverte ».
L’article 52, qui limite la durée du mandat présidentiel à sept ans renouvelables une fois, n’a pas échappée à ce diagnostic. Cet article qui donne la possibilité au président de la République de revenir au pouvoir après avoir exercice ses deux mandats après une interruption, est un flou qui sape la confiance du peuple dans nos institutions et ouvre la voie à une concentration excessive du pouvoir, estime Mike Jocktane.
Sur la question de la double nationalité, cet article exige au candidat de renoncer à celle-ci avant la présidentielle, est un projet arbitraire et impraticable. Pour le président du Gabon nouveau, cette disposition peut poser un problème dans le cadre d’une élection anticipée, « où cette exigence deviendrait inapplicable et risquerait d’exclure injustement des candidats ».
Appel à un nouveau Dialogue national
D’autres articles ont été passés au scanner par l’homme politique, dont l’article 13 sur foncière et dont les dispositions sont jugées injustes. Tout comme l’article 21 sur le service militaire obligatoire, qui ressemble pour Mike Jocktane, a une restriction des libertés. Il en est également le cas de l’article 190 dont certaines dispositions de la Charte de la Transition sont maintenues. Il s’agit d’une incohérence, selon Mr Jocktane. «La nouvelle Constitution doit primer sur toute autre législation. L’existence de ces dispositions dans notre Loi fondamentale ridiculise la souveraineté du peuple ».
« Il est indéniable que notre nation a besoin d’une nouvelle Constitution, d’un cadre qui incarne nos aspirations et nos valeurs. Cependant, le texte qui nous est soumis aujourd’hui soulève de sérieuses inquiétudes. Il ne répond pas aux exigences des principes démocratiques modernes que nous devrions défendre ».
« Dans l’état actuel des choses, je ne peux, en conscience, recommander un vote favorable lors du prochain référendum. Néanmoins, je suis pleinement conscient que le rejet de ce texte pourrait compromettre notre transition démocratique et exposer notre nation à des risques considérables. C’est pourquoi j’appelle à un nouveau dialogue inclusif pour trouver une voie qui préserve à la fois nos aspirations démocratiques et la stabilité de notre pays ».