La nouvelle opération de collecte des ordures ménagères dans le Grand Libreville par la société Clean-Africa dénommée ‘’ ramassage des ordures de proximité’’ ne fait pas que des heureux. Si la majorité des populations applaudit ladite opération pour les résultats probants sur le terrain, il n’en est rien de certains opérateurs économiques qui vivaient de cette activité
Par LMA
Le ramassage des ordures ménagères dans le Grand Libreville connait depuis le 2 septembre dernier une innovation. Celle mise en place par la société Clean-Africa spécialisée dans cette activité. Pour seule innovation, cette société procède au ramassage des ordures de proximité. Cette méthode employée autrefois par la défunte Société gabonaise des ordures (SGA) avait fait ses preuves. Car, les ordures appartiennent au ménage avant le passage des camions éboueurs. Cette collecte évitait l’incivisme de plusieurs riverains qui s’adonnent le plus souvent à la facilité. Mais des années plus tard avec l’agrandissement de la ville et la non-urbanisation de celle-ci, les choses ont commencé à se corser. Conséquence : la ville de Libreville a croulé des années durant sous les ordures, malgré des sommes colossales versées.
Devant le marasme observé, la CTRI, par le biais de son président a décidé de mettre les bouchées doubles pour que cette situation ne soit plus qu’un lointain souvenir. Pour ce faire, une dotation d’une grande importance a été faite aux différentes mairies de l’Estuaire et de l’intérieur du pays. Clean Africa, revigorée par cette dotation a mis en place l’opération du ramassage des ordures de proximité. Elle consiste à passer dans les quartiers sous intégrés du 6e arrondissement à des heures et des jours précis, c’est l’arrondissement témoin, pour effectuer des ramassages de proximité, c’est-à-dire : les ménages sortent avec les ordures pour les déposer directement dans les camions éboueurs et non plus dans les bacs à ordures. Cette opération facilite le ramassage des ordures et débarrasse la ville des tas d’immondices qui l’enlaidissait.
Cette opération, bien qu’applaudie par les populations fait tout de même des malheureux. Certaines PME et ONG avaient organisées la récolte et le ramassage des ordures dans les quartiers sous intégrés. Ces opérations s’effectuaient au prix de 5.000 à 10.000 FCFA/mois, selon le nombre d’ordure produit par le ménage. Aujourd’hui, devant la réussite engendrée par la nouvelle opération de ramassage des ordures de proximité, ces derniers crient au sabotage. « Je percevais 400.000 FCA par mois pour le ramassage des ordures. Cette manne me permettait de nourrir ma famille et celle de mon collaborateur. Aujourd’hui, les partenaires n’ont plus notre temps ».
Du moment que Clean Africa passe dans les coins et recoins du quartier pour le ramassage des ordures. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer pour nous en sortir », s’est exprimé un jeune Gabonais qui ne trouve plus son compte dans cette activité. Quand l’autre dénonce : « j’ai pris un crédit pour acheter une motocyclette avec benne pour le ramassage des ordures afin de les déposer dans la poubelle du Fin Goudron. Aujourd’hui, avec le passage de Clean Africa dans les quartiers et le mode opératoire choisi, je suis obligé de mettre la clé sous le paillasson et mettre au chômage la dizaine de jeunes que j’employais ». La situation est tellement préoccupante pour ces jeunes entrepreneurs qu’il serait temps que la Mairie de Libreville s’appesantisse sur cette problématique qui, si elle est généralisée dans d’autres arrondissements de Libreville, ferait des nombreux sans emplois.
Pour plusieurs d’entr’eux, la Mairie leur viendrait en aide en leur octroyant le marché des quartiers sous intégrés difficiles d’accès pour une cohésion avec la nouvelle programmation de Clean Africa. « La mairie peut, pour nous venir en aide, nous faire signer des contrats pour le ramassage des ordures comme par le passé et les déposer sur la voie de passage des voiture de Clean Africa aux heures indiquées. Ou bien, employer la plupart d’entre nous, soit dans la collecte des ordures, soit pour être embauchée dans la société Clean Africa. Car, si cette opération s’étend sur le Grand Libreville, cette société aura besoin d’une main d’œuvre en quantité et de qualité », s’est exprimé un collecteur en perte d’activité.
A la mairie de prendre ses responsabilité, pour que cette opération ne soit pas qu’un nouveau feu de paille, au regard de nombreux problèmes qu’elle aura engendré.