L’assemblée constituante des militaires au pouvoir à Libreville a rendu les résolutions des travaux relatifs à l’examen du projet de la nouvelle constitution nationale qui devrait être soumis au référendum pour adoption par le peuple gabonais, comme cela fut arrêté par les hommes forts du 30 août 2023.
Par Jean Hilaire Biteghe
En soixante-douze heures à tout casser, l’Assemblée constituante et son bureau nommés par le CTRI a planché sur les propositions qui devraient amener à la mouture de la nouvelle constitution à soumettre au verdict du peuple. Aussi, plus de huit cents amendements ont été issus de ces travaux titanesques aux dires des membres de ladite constituante composée des membres des deux chambres du parlement coptés par l’exécutif militaires de Libreville mais perçus plutôt comme une simple formalité en faveur de l’adoption presque tout azimut des propositions du dialogue national inclusif d’Agondgé, un autre rendez-vous tenu par le comité de la transition pour la restauration des institutions ( CTRI ) et dont les commissions et sous commissions et leurs bureaux respectifs ont eux aussi été adaptés aux désirs des initiateurs des dites assises et quoi de plus normal diront les plus réalistes, quand l’on sait que c’est l’art de l’utilisation qui commande et inspire celui de la fabrication, en d’autres termes.
Ce sont ceux qui ont eu et initié toutes ces pérégrinations politique qui savent où ils veulent aller et le but à atteindre et pour cela, ils conçoivent les outils aptes et leurs modèles pour y parvenir sans grandes difficultés, le tout enrobé d’une nappe d’apparence existentialiste, corolaire aux aspirations les plus basiques et partagées du plus grand nombre mais qui, en réalité, n’est que le désir personnalisé des maîtres de séant. Mais qui est fou, pour ne pas avoir chaussures à son pied quand c’est lui qui choisit les cordonniers ?
La constituante, ensemble fortement recommandé dans les phases transitionnelles comme celle qui est vécue au Gabon a le mérite d’exister pour parfaire le processus égrené par les Hommes du 30 août 2023 et donner un visage beaucoup plus légal, légitime voire démocratique et humain à leur pouvoir même si le peuple sait au fond de lui-même que les hommes et femmes choisi pour les orner, de par leurs têtes à l’emploi, seront tous beaux, propres et intelligents pour ne pas dire gentils et serviables. Le Gabon a son regard fixé ailleurs que vers ce que tous les acteurs à l’origine de la transition et aussi ceux qui ont été appelés à les accompagner.
Qu’il y ait eu quelques têtes qui ont choisi de faire différemment lors du vote de la constituante (8) de la mouture de la constitution à soumettre au prochain référendum, cela n’a fait que conforter à l’esprit que c’est la même moule qui continue à pondre les mêmes agglos et que, à ce genre de sujet, rien n’est nouveau sous le ciel parlementaire gabonais, même en période de transition militaire ( ref: vote pour l’homosexualité, les différentes modifications de la constitution etc au temps du pouvoir déchu).
Le peuple a changé son angle de vue, il ne regarde plus la montagne mais scrute plutôt ce qu’il y a derrière la montagne. Le peuple gabonais aujourd’hui n’ira pas à l’encontre de la direction du vent mais épousera plutôt la direction du vent pour mieux faire chuter tous ceux-là qui compteront utiliser leurs forces pour se frayer le passage gardé désormais jalousement ceux-là qui parlent peu aujourd’hui, que l’on ne voit presque pas. Ce n’est pas par les amis coptés ou les pseudos professionnels ou autres spécialistes de la politique, encore moins ces visages anciens qui suscitent le rejet, qui sauront conjuguer avec les véritables remparts du Gabon d’aujourd’hui, ces remparts qui n’ont choisi, pour leur inflexibilité dans leur mission de gardiens volontaires et incorruptibles, de ne conjuguer qu’à un seul temps : le présent et un seul mode : le plus-que-parfait.
Ces sentinelles du devenir de ce pays ont désormais opté pour les verbes défectifs, comme ça, ne pourront arpenter ce chemin que ceux qui savent à quelle personne, à quel mode et quels temps seront conjuguées leurs professions de foi.
Les deux chambres du parlement ont clos leurs travaux avec le sentiment très prononcé du travail accompli. Les écharpes en bandoulière, les députés et sénateurs de la transition n’ont représenté que ceux qui les ont nommé et eux-mêmes alors, pourquoi s’encombrer de remords, d’éthique et de la crainte du peuple s’ils ne sont pas mandatés par ce peuple, le Gabon est aujourd’hui dans une période d’exception alors pourquoi être des parlementaires normaux ? Doivent-ils se dire, et, à la lecture des faits, ils n’ont pas totalement tort, personne n’ayant la bénédiction ni le sceau du suffrage universel direct ou indirect. Le Président de la transition et le gouvernement de la transition assurant la continuité de l’État, au-dessus des clivages des Partis politiques, un pouvoir où tous les domaines sont réservés au CTRI ce qui signifie, non partagés. Un pouvoir où il ne devrait avoir ni altercations ni affrontements dans le sens démocratique du terme d’où la presque inutilité d’un parlement.
Le Président de la transition, lors de sa prestation de serment avait rappelé à tous ceux qui étaient là, et qui pour beaucoup, lui faisaient déjà des yeux doux que : il n’y avait plus de majorité ni d’opposition et que seul le CTRI tenait le volant de ce bolide longtemps mal entretenu donc très dangereux à manœuvrer et à conduire. Ce qui signifiait autrement dit que tous les gouvernements de la transition seront des gouvernements Pluriels donc, gouvernements des perdants quand ce sont les politiciens qui les constituent. Le peuple lui, l’a très bien et très vite compris et voilà pourquoi il regarde tous ces chers choisis du gouvernement et du parlement, qui agissent avec un certain héliotropisme mal engagé, avec amusement, parce que ce peuple sait que le soleil ne se lève pas du côté où ils migrent.
Pour ce peuple qui a presque tout vu et tout entendu, toutes gesticulations peu intelligentes de la part des politiciens encagoulés ou à visages découverts relève du gag. Il est vrai que l’idéologisation voudrait que l’État se soumet à la politique, mais au Gabon aujourd’hui, il n’y a pas d’idéologie politique qui vaille, ce sont les gens des casernes qui dictent et à raison car, la politique c’est le destin dixit Napoléon, et si la politique c’est le destin, alors, ce n’est ni une question de civils ou des militaires, mais simplement de destin, et qui pourra me dire que le militaire n’a pas de destin ?
La constituante a bossé sur quelque chose de pas très lisse au départ et maintenant, des indiscrétions qui ressortent de ses entrailles, cette chose ressort encore plus cabossée qu’elle n’y est entrée, il revient alors au Général Président Brice Clotaire Oligui Nguema de ripoliner ce travail cabossé, manipulé voire violé si l’on tient compte des attentes des populations qu’il connaît très bien. Les plus grandes bosses étant les points d’illégibilité de certains compatriotes basés sur leurs affiliations matrimoniales et parentales, éclairage sur les handicaps soulevés, le retour des élections au gouvernement pour ne citer que ces quelques points qui laissent dubitatif, la population quand l’autre partie est médusé. Vous pouvez encore surprendre votre peuple en faisant vôtres, leurs désirs car votre super atout aujourd’hui c’est l’immense soutien que vous bénéficiez encore de la part de ceux qui ne participent pas à la gestion de votre pouvoir, un soutien bien que colossal mais aussi fragile parce que rien ne les retiendra longtemps dans cette position si ce n’est votre finesse et résilience face à leurs attentes. Et ça, aucun politicien ne vous le dira, même pas vos parlementaires ni vos ministres, enfin, des exceptions il peut en avoir.
Journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI