Une opération « coup de poing » a été menée au pas de charges, dans les locaux de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon à Libreville, samedi 10 août 2024, par des éléments du CTRI.
Par Christian De Saint Bernard
Et comme on pouvait se douter, l’initiative s’est révélée payante. Car elle a permis de mettre les agents qui y travaillent sous pression pour comprendre le fondement d’un nombre incalculable de dysfonctionnements à l’origine de l’image dégradée de la Seeg auprès des usagers.
Sans tarder, cette enquête effectuée par surprise a permis de découvrir l’existence d’un Serveur nommé Suprima 3, pourtant censé être hors service depuis fort longtemps. Cela a suffi à réveiller des soupçons fondés de malversations impliquant des professionnels travaillant en même temps pour des entreprises sous-traitantes de la Seeg.
Dans la foulée, ces agents ont fini par livrer le secret. A savoir des informations qui ont conduit les enquêteurs à mener une descente au siège de la société Sigma Technologie, une filiale du groupe TLDC, situé à Louis, Rénovation et Batavéa.
De fait, cette entreprise et de nombreux cadres de la SEEG sont bel et bien liés, voire connectés au point d’avoir constitué un véritable réseau mafieux au détriment de la société d’énergie et d’eau du Gabon.
Aussi invraisemblable que cela paraisse, et à en croire une source digne de foi, il se trouve que Sigma Technologie a réussi le tour de force de se doter de toute l’architecture informatique de la Seeg. Pis, les serveurs des deux entités sont interconnectés, via une liaison » Bel air » grâce à laquelle Sigma Technologie dispose des mêmes licences et capacités opérationnelles que la SEEG. Y compris en ce qui concerne le déblocage des compteurs et la gestion des tickets Edan, le plus souvent à sa propre convenance.
En prélude à cette enquête opportune, un Rapport d’audit pointant ces dysfonctionnements systémiques est formel :
La Seeg perd 50 milliards de FCFA par mois à cause de la fraude orchestrée en interne et dont elle gravement victime. Incontestablement, » près de 30% du parc est en situation de fraude ».
En outre, le rapport enfonce le clou : » Dans le Grand Libreville, une fraude en électricité représente une moyenne de 1, 1 milliard de FCFA de montant à facturer par mois (…) En eau, elle représente 970. 000 FCFA de montant mensuel « .
A ce propos, on peut y lire surtout :
» La fraude se traduit par des branchements directs sur câble, des saints sur les bornes du compteur, des compteurs triphasés, une absence de plombs sur les compteurs, des extensions frauduleuses ou réseaux pirates, une inadéquation entre les puissances souscrites et les puissances de terrain des compteurs déposés dans les logiciels Seeg, mais toujours actifs sur le terrain ou encore des compteurs de magasin non-historiés« .
Enfin, à ce jour, on croit savoir un compteur sur cinq est concerné par cette réalité accablante.
Tout comme 30% du parc, soit un client sur trois.
On rappelle que c’est une « plainte contre X » déposée par la direction générale à la Direction générale des recherches (DGR) qui a hâté le démantèlement de cette mafia tentaculaire.