Évoluant dans le domaine de la gestion de la communication, stratégie marketing et des analyses économiques et politiques, Louis Paul Modoss est également consultant en communication d’entreprises, chroniqueur économique et projet manager. Doté d’une expérience de 7 ans, il est aussi acteur de la société civile dans les domaines environnementaux et sociaux. Dans cette tribune que notre rédaction a décidé de publier, ce compatriote brosse un tableau sombre du chômage au Gabon. Il donne des pistes de solutions pour sortir de ce marasme.
Par Louis Paul MODOSS
La question du chômage au Gabon est l’une des problématiques auxquelles les autorités devraient remédier en profondeur. Ce phénomène participe à l’augmentation des inégalités sociales et surtout à des conséquences néfastes sur la vie des individus.
Il faudrait rappeler que le Gabon à un taux de chômage record, soit un taux de 36,4 % (40 % chez les jeunes) en 2023, il figure dans le top 10 des taux les plus élevés au monde, selon un rapport de la Banque Mondiale.
Une situation décriée par plusieurs acteurs de la société.
Selon les données du pôle national de promotion de l’emploi (PNPE), en 2022, on enregistre environ 8 500 demandeurs d’emploi pour seulement près de 480 emplois disponibles.
Dès lors, pourquoi peine-t-on à régler la problématique sur le chômage qui ne cesse de croître ?
Pour apporter des solutions à ce problème majeur, nous devons analyser ses causes, et définir certaines mesures à adopter pour faire face au taux de chômage grandissant.
Plusieurs facteurs sont à l’origine du taux de chômage élevé au Gabon, on peut citer entre autres:
– la marginalisation de la formation sur les métiers technique, scientifique et professionnalisant : la faible orientation dans ces filières a pour conséquence l’inadéquation formation-emploi à la fin des études, car ces corps de métier sont les plus représentés sur le circuit économique, depuis ces 10 dernières années.
– l’inadéquation formation emploi : on observe sur le marché du travail gabonais une offre d’emploi basée en grande partie sur les métiers scientifiques, techniques et professionnels, face à une demande qualifiée en majeure partie sur les filières littéraires et sociales, par exemple.
Ce manque d’harmonie contribue à un déséquilibre du marché du travail.
– la faiblesse du tissu industriel : un indicateur qui ne favorise pas la création d’emplois
Précisons tout de même que le PNPE a initié des programmes qui visent à ralentir la montée du chômage, notamment le programme d’accompagnement emploi (PAE) et le programme prodece qui sont à féliciter, mais qui jusque-là ne répondent pas à une demande globale.
Nous estimons que pour freiner la montée du chômage, nous devons appliquer des politiques efficaces en vue d’apporter des solutions concrètes sous différents angles.
C’est dans cette optique que nous préconisons d’aborder trois points clé à savoir : l’orientation sur les exigences du marché du travail, la politique de croissance d’emplois et la prévention contre le chômage économique.
1) Orientations sur les exigences du marché du travail
Dans ce volet, nous allons énumérer deux points essentiels.
– Adéquation formation-emploi: identifier le marché du travail et ses différentes mutations ces 5 dernières années, en relevant les besoins disponibles par secteur d’activités. Il faudrait orienter les jeunes dans les formations en adéquation avec les offres de métiers disponibles dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Par exemple, si le marché du travail offre 70 % d’emplois portés sur les filières techniques et scientifiques, on doit nécessairement orienter 70 % des formations dans ces secteurs.
– Reconversion professionnelle : elle concerne les demandeurs d’emploi qui peinent à s’insérer sur le marché du travail par défaut de critères professionnels. Par rapport à ces cas, il faudrait initier et renforcer les programmes de formations en harmonie avec les exigences du marché.
Nous tenons à préciser que le PNPE a entrepris ce type de programmes depuis les cinq dernières années.
2) Politique de croissance d’emplois
Elle aborde quatre points à savoir:
– Renforcer le transfert des technologies et la délocalisation des industries par le canal des modèles, tel que la coopération décentralisée, en favorisant le régime fiscal et les coûts de production à ces partenaires économiques.
– Faciliter l’accès aux crédits à des taux réduits aux entreprises, dans le but de permettre à ces entreprises d’accroître l’offre des biens et services. Une tendance qui va nécessairement entraîner à une augmentation du capital humain au sein de la chaîne de production, donc à une création d’emplois.
– Promouvoir l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux crédits aux entrepreneurs à des taux raisonnables. Nous félicitons d’ailleurs la décision des autorités de Transition qui ont décidé de lancer la Banque nationale de développement pour l’entrepreneuriat des jeunes. Il faudrait également favoriser et renforcer l’accès aux marchés aux PME-PMI locales. Nous saluons au passage la révision du texte sur le seuil de passation obligatoire des marchés publics et du seuil de la commande publique qui dédie aux entrepreneurs locaux les marchés inférieurs ou égaux à 200 millions de francs CFA. Nous suggérons que cela s’étende également dans le seuil de la commande privée.
– Promotion des activités génératrices de revenus (AGR) au sein des Zones rurales en grande partie, afin de réduire l’exode rural. Cet aspect doit viser prioritairement les jeunes sans qualifications. Par l’Initiation des modules d’apprentissage en phase avec le cadre socio-économique ; et ensuite faciliter la création d’AGR en impliquant les collectivités locales et les ONG’s.
Une meilleure gestion de la résolution du chômage passe également par la protection des emplois.
3) Prévention contre le chômage économique
La prévention contre le chômage économique passe par l’amélioration du climat des affaires.
L’un des points que nous voulons aborder sur cet axe, c’est le respect des échéances de la dette intérieure. Nous constatons qu’au Gabon, les autorités ne respectent pas le règlement de la dette intérieure. Le non-respect des échéances de cette dette met les entreprises en difficulté dans leur trésorerie et fonctionnement, cette situation crée des arriérés de salaire et favorise l’augmentation du chômage. Donc, l’État doit respecter ses engagements en ce qui concerne le règlement de la dette intérieure.
Voici en résumé quelques recommandations à prendre en compte afin de remédier à la problématique sur le chômage au Gabon.