Ayant passé un peu plus de 3 ans au Parti démocratique gabonais, l’ex parti au pouvoir, à la suite d’une fusion absorption entre cette formation politique et Démocratie nouvelle, Jonathan Ndoutoume Ngomo, a récemment présenté sa démission au siège de Louis. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à notre rédaction, il donne les raisons de cette démission, revient sur son parcours politique et parle de son avenir.
Pyramidmediasgabon : Votre départ du PDG fait grand bruit dans la presse écrite et sur les réseaux sociaux. Qu’en est-il exactement ?
Dr Jonathan Ndoutoume Ngome ; Moi aussi j’ai lu dans la presse écrite et sur la toile toutes les publications autour de ma démission du PDG. Mais, je suis étonné que ces journaux s’emparent de ce sujet plus d’un mois après. En effet, j’ai déposé ma démission du PDG le 10 mai dernier sans grand bruit, car je ne voyais pas la nécessité de faire emballer la presse à propos de mon départ du PDG. La bonne question est de savoir pourquoi c’est maintenant que les journaux en parlent sur la base d’un même article qui a été partagé et publié ?
Ça veut dire que ce papier a été rédigé dans une officine par certaines personnes qui pensent que je pourrais gêner leur repositionnement politique. Laissez-moi vous dire que je connais ceux qui ont rédigé cet article et ont payé les journaux en ligne et certains titres de la presse écrite pour publier.
L’article parlant de votre démission du PDG et effectivement très relayé dans la presse écrite et sur la toile, vous traite de girouette politique. Que répondez-vous ?
Si pour avoir été dans deux partis politiques, c’est être une girouette politique, cela voudrait dire que la plupart des acteurs politiques au Gabon sont des girouettes. En effet, j’ai soutenu André Mba Obame au cours 2009 et j’ai adhéré à l’Union nationale qu’il crée en 2010 avec d’autres acteurs politiques. Je quitte l’Union nationale à la suite d’une idée qui fait la promotion de la DTE (destitution, transition, élection). Autrement dit, plusieurs partis dont l’Union nationale avaient estimé, en 2015, que pour des raisons de nationalité douteuse, il fallait d’abord Destituer Ali Bongo pour ouvrir par la suite une Transition qui devait déboucher sur l’organisation de l’Élection présidentielle(DTE).
Cette idée a été vendue aux militants. Faisant partie de ceux qui pensaient qu’il fallait préparer l’élection présidentielle de 2016 qui pointait à l’horizon, au lieu de perdre du temps à penser qu’on pouvait destituer Ali Bongo, avec quelle Cour Constitutionnelle, pour ouvrir d’abord une transition avant l’organisation des élections, j’ai rejoint alors le noyau qui soutenait Jean Ping fin 2015 début 2016. En avril 2016, nous créons Démocratie Nouvelle, parti politique dont je deviens Conseiller national en communication et Porte-parole.
En 2022, Démocratie Nouvelle fait une fusion absorption avec le PDG, et par discipline, loyauté et fidélité à mon parti DN, j’adhère comme les autres militants, au PDG en octobre 2022 qui m’élève comme Membre du Bureau Politique lors de son dernier Congrès. Et 19 mois après, au regard de l’évolution politique dans le pays, j’ai décidé de quitter le PDG le 10 mai dernier. Voici le cheminement logique et cohérent de ma démarche politique.
On vous accuse de rouler pour vos intérêts et non pour vos convictions. À votre avis ?
Quand j’ai soutenu André Mba Obame en 2009, alors qu’il s’opposait au régime, j’avais quel intérêt ? Quand j’ai adhéré à l’Union nationale qui était le parti d’opposition le plus détesté entre 2010 et 2015, j’avais quel intérêt personnel. Quand je rejoins Jean Ping en 2015 pour soutenir sa candidature à l’élection présidentielle de 2016, j’avais quel intérêt ?
Non, il se trouve que, à la fin de l’élection présidentielle de 2016, deux camps s’opposent au sujet du recours à déposer à la Cour Constitutionnelle. Je fais partie, avec le leader de DN, René Ndemezo et bien d’autres, de ceux qui pensaient que la requête à la Cour Constitutionnelle ne pourrait prospérer. D’ailleurs, sans trahir un secret, un ancien diplomate d’un pays voisin, de même substratum culturel que nous, appelle le président René Ndemezo’o, Directeur national de campagne de Jean Ping, et lui dit que ce n’est pas la peine, l’affaire est pliée, le recours à la Cour Constitutionnelle, ne va jamais aboutir. L’autre camp qui croyait au recours l’a quand même déposé. Dès que la Cour Constitutionnelle s’est prononcée en déclarant Ali Bongo vainqueur, pour Démocratie Nouvelle, l’élection présidentielle était terminée.
C’est dans ce contexte que nous participons au dialogue d’Agondjé en 2016/2017. C’est au sortir de ce dialogue que je suis entré au gouvernement d’ouverture formé à cet effet, et qui verra la participation de plusieurs membres de l’opposition, même ceux qui avaient refusé de participer au dialogue d’Agondjé.
Je ne suis donc pas allé au gouvernement dans un contexte de « pêche à la ligne », mais bien beaucoup plus pour défendre au compte de Démocratie Nouvelle, les réformes que nous avions adoptées à Agondjé.
On vous accuse d’avoir défendu les réformes d’Ali Bongo.
J’ai défendu les réformes que nous avons adoptées à Agondjé en 2017 tout comme je défends les réformes du dialogue national inclusif d’Agondjé en 2024. C’est dans ce sens que je mènerai campagne pour le oui au référendum pour l’adoption de la nouvelle constitution. En politique, il faut du courage et de la cohérence dans ses prises de position. Je ne peux pas avoir été au dialogue d’Agondjé en 2017 et renier ses résolutions tout comme j’assume les propositions de décision du dialogue national inclusif, mais je dénonce le deux poids deux mesures concernant ceux qui ont été au PDG entre 2016 et 2023 et ceux qui y ont été entre 1990 et 2016 et qui sont, pour certains, responsables des crimes en tout genre pour lesquels on veut passer l’éponge.
Propos recueillis par Junior Akoma