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Alliance PCMM/A2O, l’amitié de la carpe et du lapin

Les observateurs politique au Gabon ont suivi, pour nombreux d’entre eux médusés, à la conférence de presse commune animée par l’ancien ministre d’Omar Bongo et ancien vice-président de la République d’Ali Bongo Pierre Claver Maganga Moussavou, président à vie du parti social-démocrate ( PSD ), ex candidat à la présidentielle d’août 2023 au Gabon et de Albert Ondo Ossa, lui aussi candidat à la même présidentielle d’août 2023 pour le compte de la plateforme d’un certain nombre de partis politiques de l’opposition gabonaise, dénommée Alternance 2023, à la grande surprise de tous les analystes politiques qui voyaient plus Alexandre Barro Chambrier avec son parti politique RPM ou encore Paulette Missambo leader de la formation politique Union Nationale, même quelque peu affaibli par des secousses internés dues à une forme de scission après le renouvellement de sa direction, mais c’est Ondo Ossa qui fut copté.

 

Par Jean Hilaire Biteghe Obame

 

Une union qui a laissé les férus de la politique gabonaise pantois car, à première vue, rien ne semblait rapprocher autant ces deux figures d’apparence conceptuellement différents, tant sur le point de la philosophie politique que de l’approche comportementale. Albert est beaucoup connu de par sa rigidité caractérielle et son intransigeance décisionnelle, alors que Pierre Claver lui, est le prototype même du trop flexible politique que le peuple gabonais qualifie de changeant, car emprunte d’une intelligence très intéressée et de gesticulations audacieusement nombriliste. C’est peut-être là, le point de jonction de ces deux politiciens au Gabon.

Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, ©D.R

Le professeur Albert Ondo Ossa, universitaire reconnu par ses pairs, n’était pas à sa première élection présidentielle au Gabon. Celui qui était ministre d’Omar Bongo Ondimba s’était toujours retrouvé parmi les bons derniers des concurrents à cette élection majeure, contrastant ainsi avec sa lumière académique. Il était bien sûr désormais connu comme politicien, mais de dernière zone même si ses nombreuses lectures et analyses de la politique économique de son pays ne laissaient point les scrutateurs politiques et économiques du Gabon indifférents. Bien que plusieurs de ses projections analytiques, prévisionnelles et conceptuelles rencontraient souvent des détracteurs, ce qui n’enlevait rien à l’éminence de l’homme lui conférant un respect certain.

Albert Ondo Ossa, que ses sympathisants ont affectueusement baptisé A2O lors des joutes de 2023 est donc reconnu au Gabon et maintenant dans toutes les chancelleries du monde comme Homme politique gabonais, car sa candidature portée par ses pairs de l’opposition à Ali Bongo et son pouvoir à fait mouche à la course au palais du bord de mer de cette année. Arguant même sa possible victoire face au Président de la République sortant, nonobstant les résultats donnant Ali Bongo vainqueur sans pourtant  convaincre personne.

Le candidat de la plateforme Alternance 2023 s’est vu pousser des ailes surtout avec l’aéropage d’hommes politiques de fort calibre qui l’ont sorti de ce marasme de candidature de queue pour occuper la tête, la vitesse de son ascension lors de ce scrutin était tellement vertigineux que les autres concurrents ne pouvaient suivre. Parmi lesquels, Pierre Claver Maganga Moussavou du PSD, lui aussi habitué à cette élection et toujours aussi parmi les bons derniers.

Voici donc, deux anciens candidats à la même dernière élection présidentielle, qui n’ont rien en commun sur la tenue desdites consultations et sur les probables résultats, mais qui se découvrent les mêmes intérêts et la même vision de comment diriger le pays. Et si c’était vraiment le cas, ils auraient dû faire chemin ensemble lors des élections.

Une amitié qui cache mal l’incongruité des deux personnages, une amitié entre la carpe et le lapin qui est simplement folie, car de biotope complètement différente. Il est vrai que ces derniers continuent à voiler leurs véritables intentions. En 2016, Gabon télévision diffusait très tard dans la nuit, une émission sur l’économie gabonaise, où était invité le professeur Albert Ondo Ossa, les représentants des institutions du FMI et de la Banque Mondiale, le patronat gabonais représenté par Bikalou, et il y avait également Gilbert Ngoulakia de la Cour des comptes, face à l’intransigeance des propos et analyses du Pr Albert Ondo Ossa, Gilbert Ngoulakia fixera le professeur en économie dans les yeux suivi de cette question : est-ce que le professeur est en train de dénoncer la politique économique du pays ? Le professeur ne put répondre à cette question.

Un commentaire hors contexte vînt clôturer ces instants surréaliste, c’est quand le magistrat de classe exceptionnelle rappela à l’éminent professeur qu’ils  » priaient ensemble dans la même église », que comprendre ? Albert Ondo Ossa est sans conteste, une fierté pour notre pays dans le domaine universitaire. Autant son parcours universitaire est limpide, autant son initiation en politique l’est moins. Avoir été ministre d’Omar Bongo sans rien laisser en retour me semble improbable, soit on adhère au PDG, soit on fait de très larges concessions. Qu’aurait laissé Albert à Albert pour que le vaillant garçon d’Ossa voit en l’opération du 30 août 2023 une révolution de palais et à la gestion de la transition militaire, le retour sans frein au système Bongo-PDG ? L’oncle qui a voulu ramener le gibier qu’il n’a pas réussi à tuer au village à la place du neveu. Le chasseur, héros de la partie de chasse n’en démord pas.

Ainsi, celui qui était probablement le vainqueur dans les urnes qui n’ont pas livré leurs vérités, à défaut de pigeons s’est contenté des merles et cela a fait de lui, un petit chasseur au lance-pierre au grand dam de tous ceux qui pensaient encore que ce n’était que partie remise et qu’ils pouvaient rebeloter à la fin de la transition. Mal en a pris à cet acteur d’apparence pondéré de choisir de voler avec un oiseau que beaucoup pensaient ne pas être de même plumage. Le mythe de l’aigle qui vole très haut s’est effondré laissant place aux battements d’ailes de moineaux.

  La politique c’est un art, mais c’est aussi un métier. Pour Pierre Claver Maganga Moussavou, la politique c’est un métier avec ses tours et ses astuces et Pierre amasse souvent mousse parce qu’il sait rouler et apparemment, Albert a été le beurre, cette fois-ci, car à y regarder de très près, l’attitude et les actes que pose ce duo profitera largement au CTRI. Les militaires ne réagiront pas à ces gesticulations car, faisant d’eux, des parfaits militaires démocrates. Et ces militaires que je vois là, sont aussi politiques que ne le sont certains civils politiciens d’opéra.

Albert dit avoir prévenu Paris de l’éminence d’un coup d’État rebaptisé coup de libération au Gabon avant le 30 août 2023 et Paris ferma les yeux et les oreilles. Pierre Claver quant à lui, informa le peuple gabonais que le général de Brigade, Président de la transition projetterait un coup de force si le peuple allait à l’encontre de ses attentes lors de la consultation référendaire, là aussi le peuple n’y croit pas, c’est comme si ces deux compères étaient véritablement ignorés de tout le monde. Le peuple attend la prochaine prestation, plus il y a de fous, plus on rit !

                                                          Journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI

 

 

 

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