Majoritaire dans le pays depuis 30 ans, l’hégémonie du congrès national africain a pris fin le 29 mai dernier, en obtenant 159 sièges sur 400, contre 230 parlementaires auparavant lors des récentes élections. Le président Ramaphosa devrait manager dur, s’il veut continuer à diriger le pays.
Par Serge Bibang
Les élections générales tenues récemment en Afrique du sud sont une véritable déconvenue pour l’ANC. Le parti historique n’a obtenu que 159 députés sur 4OO sièges. Une véritable hécatombe politique pour ce parti au pouvoir depuis trente ans. Le paysage politique sud-africain se recompose avec le parti politique de Jacob ZUMA (Umkhonto we sizwe) et celui de Julius Malema (Economic Freedom Fighters).
L’ANC est donc condamnée à nouer des alliances s’il veut conserver le pouvoir. Peut-être faut-il s’interroger sur les raisons d’une telle déroute électorale du parti politique de Nelson Mandela, d’Albert Luthuli, d’Oliver Tambo et autres. Il semble que la corruption observée pendant la présidence ZUMA n’est pas étrangère à ce recul progressif de l’ANC sur le terrain. Par ailleurs, l’inégalité économique entre les noirs et les blancs n’a pas été réglée. Une grande population noire vit encore sous le seuil de la pauvreté…
De plus, certaines idées phare de l’ANC ont été «enfouies» volontairement sous l’ère Mandela pour préserver la paix. Il faut dire que dans le programme politique initial de l’ANC, la redistribution des terres aux noirs est une donnée essentielle. Seulement, sous Mandela ce sujet n’a jamais été abordé. Pour le parti de Julius Malema, la réappropriation des terres par les noirs reste un point essentiel.
Cette démarcation des idéaux populaires de l’ANC a grandement divisé le parti durant ces quinze dernières années. L’ANC n’a pas pu sortir une bonne partie de la population noire de la pauvreté. Aussi, les dissensions internes ont affaibli le parti au point que les anciens cadres du parti exclus ou démissionnaires constituent aujourd’hui les principaux rivaux politiques de l’ANC.
Sur le plan économique, l’Afrique du Sud demeure la première puissance économique d’Afrique, mais on peut observer ces dernières années un ralentissement de la croissance et un net affaiblissement de la fourniture en électricité dans les grandes villes du pays. Une gouvernance qui est à mettre dans le passif de l’ANC. Il n’est pas rare, par exemple, que Johannesburg ou Pretoria soit privée d’électricité pendant des heures interminables ….
Pour sûr, la future alliance entre l’ANC et les partis de ZUMA et de Malema aura une incidence majeure sur la politique économique du futur gouvernement. On peut penser qu’une politique de gauche dirigiste sera de mise. On reproche au président Cyril Ramaphosa d’avoir une politique libérale en faveur des entreprises, à l’instar de l’ancien président Thabo Mbeki.