Le temps peut être orageux, le plafond bas, des éclairs et bruits de tonnerre, rien ne sera nouveau sur terre ou sous le soleil en dehors de ce que voudront les Hommes. L’image et l’ossature constituent le réel de l’emphase mais le vécu et l’expérience des faits vécus nous imposent du recul. Il ne faut pas répondre trop facilement aux chants des sirènes, Lumumba et Sankara l’ont payé de leurs vies, malgré l’aura et la popularité de chacun.
Quand il y’a manqué de stratégie, il n’y aura pas de réussite en politique À quelques encablures de la fameuse concertation nationale appelée encore dialogue national par certains (mais dialogue entre qui et qui ?) le ciel de la transition semble dégagé pour certains et chargé pour d’autres mais une chose est sûre, les choses se bousculent au point que beaucoup d’acteurs et autres animateurs politique du Gabon, gros comme des chameaux, cherchent à se frayer un passage par le trou d’une aiguille.
Pas facile dans ce cas de garder la tête froide pour les initiateurs de cette grande messe qui, sûrement, verra aussi, hormis les soucieux du devenir du pays, des participants de pacotille, des apprentis sorciers et autres plaisantins, et beaucoup d’autres qui sortiront sans vergogne tout droit du pandémonium dans lequel le peuple gabonais a été gardé cette décennie et plus et où ils étaient des gardiens zélés.
Dans cette configuration, les organisateurs n’y peuvent rien, le caractère inclusif dont revêt cette rencontre les obligeant. Aussi, le bénitier du monseigneur IBA-BA étant suffisamment large, il est presque sûr que plus de la moitié des participants courent le grand risque de s’y noyer et ce n’est pas les autres membres du bureau modérateur de ces assises qui leur jetteront la moindre bouée de sauvetage.
Les assises arrivent et les appétits s’aiguisent frénétiquement avec des techniques aussi variées que machiavéliques, des assises avec pleins de boulangers, où seul le manque de farine pourra arrêter ces lugubres scénarii et pour cela, l’adepte et fidèle étudiant de Machiavel devrait aussi y veiller car l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Quand certains leaders politiques multiplient les subterfuges pour garnir leurs écuries des ex militants du parti de masse en errance politique très prononcée, brandissant leur proximité, en réalité supposée, avec les militaires au pouvoir, se faisant même passer pour la barque qui portera le CTRI vers la félicité, d’autres, se disant moins bien chaussés par la transition attendent, gourdin en mains, pour balayer tout ce qui a été à leurs yeux des obstacles à l’arrimage à la bombance que procure la félicité et la grande messe est pour eux, l’occasion à ne pas manquer et, pendant ce temps, dans le secret de la nuit, les plus subtiles et leurs comparses continuent à injecter à doses homéopathiques. Ce poison qui, à la fois paralyse après l’avoir atrophié, le cerveau et le bon sens, moteur de toute gouvernance responsable.
Ces assises ne devraient nullement être un podium pour le raisonnement de masse ou seulement une rencontre de croyance ou de sciences. Les excès de zèle et autres excentricités d’une certaine classe politique et aussi de la société civile vont déborder à l’approche de ces retrouvailles et c’est alors là que le peuple gabonais placera chacun sur la balance Roberval pour beaucoup car ne pesant pas bien lourd et aussi sur la bascule pour les poids lourds, véritables personnalités politiques (une espèce très rare dans le paysage politique nationale aujourd’hui).
Jusqu’à aujourd’hui, personne en réalité ne sait le format, le caractère juridique, républicain ou constitutionnel de ces assises, les conclusions seront-elles des recommandations, des propositions ou des injections et à l’endroit de qui ?
Puisque tout est provisoire (transitoire) au Gabon et que seule l’armée a toute seule les principales manettes qui dirigent le pays et comme tout le monde le sait, l’armée a son monde, ses règles, sa philosophie et ne tire ses ordres que d’elle-même. Le civil ne donne pas des ordres au militaire, il lui suggère, au mieux, lui propose. Mais jamais ne peut lui ordonner à moins que la présence de l’archevêque de Libreville n’y soit pour quelque chose, même si j’aurais conseillé également la présence de l’aumônier militaire dans le bureau de ces assises car lui sait comment parler à ses fidèles pas comme les autres.
Ces assises sont d’une délicatesse politique et intellectuelle que beaucoup de simplicité psychologique constitueront des pièges pour leurs émetteurs et le raccourci à éviter car empreint de paresse intellectuelle c’est justement celui qui tente les futurs moralisateurs de cette rencontre à savoir : faire simplement le contraire de ce que fit le PDG déchu, depuis son accession au pouvoir. Ce sera beau à entendre pour les simplistes spirituels et une manière de voir l’enfant être jeté avec l’eau du bain. Heureusement que l’invisible sera là pour fixer le temps.
Jean Hilaires Biteghe Obame, journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI. Contact : 066 12 14 02