Pour une première fois depuis l’instauration des élections en milieu universitaire pour désigner les responsables des universités et grandes écoles publiques du Gabon, tous les responsables ont été virés de leurs fonctions et remplacés en Conseil des ministres. Le Pr Hervé Ndoume Essingone et le CTRI viennent de marquer un grand coup.
C’est un véritable coup de pied dans la fourmilière qui a été donné dans le secteur de l’Enseignement supérieur. Le 7 février dernier, à l’issue du Conseil des ministres tenu ce jour-là, toutes les têtes des universités et grandes écoles publiques du Gabon sont tombées. Le Comité pour la transition et la restauration des institutions et le Pr Ndoume Essingone ont levé le verrou qui, jusque-là, empêchait tout changement radical au sommet des universités et grandes écoles publiques.
En effet, en mode élection depuis près d’une décennie, le mandat des derniers responsables des universités et grandes écoles avait déjà expiré. Sauf que certains responsables de ces structures, selon nos sources, auraient ouvert une guerre d’usure contre les anciennes autorités de l’enseignement supérieur pour retarder la désignation de nouveaux responsables. Au point que certains trouvaient un malin plaisir à défier les autorités gouvernementales de l’époque.
Connaissant parfaitement le milieu, le Pr Ndoume Essingone, l’actuel ministre de l’enseignement supérieur savait qu’il ne réussirait sa mission à la tête du ministère qu’en commençant par attaquer le mal à la racine. Il a obtenu du CTRI, l’abrogation du système électoral dans les universités et grandes écoles en cette période exceptionnelle de la transition politique. Du coup, il a fait nommer les hommes et femmes qu’il faut à leur bonne place.
En effet, tous les recteurs et directeurs généraux nommés sont des professeurs titulaires ainsi que le disposent les textes en la matière. «Certes, les promus sont professeurs titulaires, mais beaucoup qui sont nommés sont les amis et proches du ministre», fustige un universitaire qui a requis l’anonymat. Notre interlocuteur soupçonne aussi la touche du Pr Guy Rossatanga, universitaire et actuel secrétaire général de la présidence de la république dans ce ‘’tsunami’’ intervenu à l’enseignement supérieur. Vrai ou faux, en tout cas : «au moins certains Ayatollahs ont libéré le plancher», estime N.O, étudiant en master 1. Qui s’insurge contre les agissements rétrogrades d’un ancien doyen de faculté à l’université Omar Bongo : «Dieu merci, il a été viré» se réjouit-il.
Et maintenant ?
Il est clair que ces seuls changements intervenus à l’enseignement supérieur ne peuvent garantir la performance qui sied dans le secteur. Jadis réputé dans le continent, l’enseignement supérieur public du Gabon a du plomb dans l’aile. Entre les moyennes sexuellement transmissibles, la ‘’méchanceté’’ de certains enseignants qui hypothèquent l’avenir de la jeunesse en bloquant les soutenances et les capacités d’accueil pléthoriques, les chantiers restent nombreux.
Toutefois, la dernière valse dans les universités et grandes écoles montre la volonté des autorités du pays de rendre l’enseignement supérieur public ses lettres de noblesse. Afin que les parents qui s’échinent à envoyer leurs progénitures à l’extérieur du pays refassent confiance à nos universités et grandes écoles publiques.
Nelson Tchimbakala