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Transition au Gabon| Le CTRI, une rose dans les ronces

L’amour interdit aurait été le titre d’un roman mi-rose mi-rouge d’une relation idyllique entre le CTRI et la population gabonaise, au grand dam des asexués qui vivent l’ère de la transition de Brice Clotaire Oligui Nguema.

Depuis l’annonce officielle du chronogramme des différentes étapes qui devront ponctuer la transition au Gabon jusqu’en août 2025, mettant fin au pouvoir transitoire des militaires avec à la clef, l’organisation de l’élection présidentielle sous sa nouvelle nomenclature issue des concertations, réformes, restaurations voire consultations inclusives et référendaire du peuple, jamais le cœur des gabonais n’a autant balancé.

Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, ©D.R

D’aucuns auraient aimé ardemment mettre des propulseurs au temps, s’ils en avaient la possibilité, pour que tout aille très vite afin que les militaires regagnent leurs casernes laissant les civils reprendre les rênes de la politique. Ces derniers, pour faire beau, badigeonnent leurs désirs du vocable  » retour à l’ordre constitutionnel« , quand bien même cet ordre constitutionnel dont ils exigent le retour n’a toujours été qu’une vue de l’esprit depuis très longtemps au Gabon et, d’ailleurs, cette vérité est la chose la mieux et la plus partagée des fils et filles de ce pays.

Ce désir presque effréné de finir très vite avec le pouvoir militaire qui a vu le jour le 30 août 2023 par cette franche de la population ( bien que visiblement minoritaire), se justifierait par la volonté de faire véritablement vivre le multipartisme par les standards de la démocratie, approche qui peut faire croire au peuple, via les partis politiques, qu’il est acteur des schémas de fonctionnement pour le développement de son pays, grâce à la liberté de penser, de parler, d’entreprendre et surtout de choisir ses représentants par la voie des élections et pas le faire subir avec des cotations et autres nominations comme c’est le cas avec les pouvoirs d’exception comme l’est le CTRI.

 À y regarder de plus près, une autre réalité que ces derniers pensent cacher avec le petit doigt mais qui déborde de cette cachette est l’implémentation et le refus de mettre sous cloches les partis politiques (le fameux : il n’y a plus de majorité ni l’opposition du président de la transition), qui voient en la présence des militaires au pouvoir, une restriction drastique d’espace de vie et d’actions, de shows et souvent de folklores. Ces écuries d’acteurs et philosophes des pensées politiques au sens théorique le plus ample, insupportent d’attendre et d’observer, ils se disent chauds et transmettent cette ferveur à la limite de l’agitation à leurs militants surtout pour les formations politiques qui se disent être oubliés par le CTRI dans les choix des acteurs qui l’accompagne dans la transition comme si faire politique est synonyme d’occupation de postes dans la haute administration.

Être un(e) politique, c’est concevoir comment on organise la cité des humains car la politique sans la vision globale, son action est aveugle et toute théorie imaginée, mais sans action est dérisoire etabsurde. Voilà pourquoi, après plus de soixante ans de partis politiques au pouvoir, le peuple gabonais se demande toujours ce que ces derniers ont à lui proposer encore à l’exception de quelques rares leaders qui ne courent pas en errance totalement loufoque vers le gâteau à partager.

A qui les militaires font peur ?

Pour le peuple, la politique est malheureusement réduite au combat de personnes, à la compétition et à la communication et c’est ici que rentre en scène la partie du peuple qui dit ne pas être convaincu que le très court mandat que s’accordent les militaires du CTRI soit l’idéal pour le démarrage du nouveau Gabon.  Ou du moins, ce que le peuple espère. Leur attachement presque inconditionnel aux militaires au pouvoir tient à l’expérience que cette frange de la population qualifie de cauchemardesque des civils politiques sans éthique durant les cinquante dernières années.  Cela ne milite pas, selon elle, pour un retour précipité aux anciens formats. Il faut du temps pour expurger le poison de la mauvaise gouvernance, de l’impunité, de l’intouchable, de l’incivisme, des compromissions etc. Pour ces derniers, pourquoi courir le risque de repartir dans un bourbier qui les a gardés captifs, couverts de honte et autres genres d’opprobre. Il faut les écouter dans les faubourgs du pays dans leurs recherches de réponses : pourquoi certains gabonais veulent si rapidement que le pouvoir soit remis aux civils là que nous connaissons tous, qui a intérêt à ce que les mêmes politiques reviennent au pouvoir avant de s’entourer de toutes les garanties de ne plus vivre ce que le pays a vécu ?

 À qui l’armée au pouvoir fait peur ?  Des questionnements emprunts à la fois de raison et d’émotions, une manifestation d’amour de raison et d’intérêts que bien d’autres veulent bien qualifier d’incestueux pour des raisons extra républicaines.

Ces gabonais qui ne sont pas pressés de voir les militaires repartir dans leurs casernes ( ils y sont pourtant, à en juger par leur représentation à minima dans le gouvernement et la haute administration de la transition) disent que la présence d’Oligui Nguema est venue modifier la condition humaine des gabonais, plus noble que la condition sociale qui classifie le peuple entre propriétaires ou patron et les ouvriers ou travailleurs. Les mêmes disent que le président de la transition, dès l’entame de son magistère, pose des actes qui dessinent qu’une autre humanité est possible pour les gabonais, que celle qui était hier et qui est aujourd’hui. Il opte pour le futur présent, conjugué à un seul temps : le plus-que-parfait et donc l’impératif s’impose comme mode. Les pro Oligui Nguema et la junte disent que tout le monde est politique par définition et que l’humanité est semblable aux singes : on s’entre apprend entre nous-mêmes comme le font les enfants. Donc, on peut être un très bon militaire entre les très bons militaires et un excellent politique en étant avec d’excellents politiques, moi je me demande, en journaliste que je suis, si le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema est entouré vraiment d’excellents politiques ?

Retenons simplement que, chacun des pas avec des brodequins ou rangers suscite des réactions dans le Landerneau politique nationale. Pour les uns, les cœurs battent la chamade très prononcée de l’amour et pour d’autres, une montée d’adrénaline pouvant provoquer des accidents cardiaques. Oui, c’est le rythme qui fait l’histoire, fort heureusement que le temps, notre médecin de toujours, est là à nos côtés.

Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI

 

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