La montée en puissance de l’Imam Oceni Ossa dans le giron politico-administratif et religieux gabonais relève d’un véritable conte de fées.
D’origine béninoise, l’Imam Oceni Ossa serait arrivé au Gabon dans les années 80. Certaines sources affirment qu’il serait passé par la case vulcanisateur, avant de se frayer un chemin vers l’enseignement coranique et la prêche ensuite dans les années 90. Dans cette lancée, en 1992 il est le premier imam à mettre en place un comité des fidèles à la mosquée de l’échangeur de Lalala et dont le bureau était composé d’un représentant musulman de chaque communauté vivant au Gabon. En 1996, il est l’un des membres fondateurs du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG), qu’occupe pour la première fois Ali Bongo Ondimba. Selon nos sources, c’est leur première rencontre dans un cadre officiel, mais aucun lien de proximité n’est encore vraiment établi entre les deux hommes. C’est sur ces entrefaites qu’intervient la connexion entre les deux hommes, via Maixent Accrombessi, l’ancien tout puissant Directeur de cabinet d’Ali Bongo. Désireux d’exercer un contrôle que certains qualifiaient de spirituel (il exercerait des activités de maraboutage, c’est à dire, de l’ésotérisme conjugué avec des paroles tirées du Coran, (pratiques interdites par l’Islam, selon les spécialistes) sur Ali Bongo.
Lors du premier septennat d’ABO, les deux hommes se rapprochent par l’intermédiaire de ce dernier, qui est l’homme à tout faire, le Mazarin du Roi, et non pas le Raspoutine comme aimait à le qualifier la presse locale ainsi que ses opposants politiques de tout bord (opposition et majorité présidentielle). A la mort d’Omar Bongo Ondimba en juin 2009 et après l’élection de son fils Ali Bongo en octobre de la même année, c’est donc tout naturellement que le nouveau chef de l’Etat arrive au palais « Rénovation » avec son plus proche collaborateur, qui réintroduit officiellement cette fois, Ismaël Oceni Ossa. Par ailleurs, le 13 février 2010, quelques mois après sa prise de fonction, Ali Bongo est promu au rang de Raïs (chef suprême) de la communauté musulmane, lors du second Congrès Ordinaire.
Dans la foulée, il impose une nouvelle charte, qui a été utilisée immédiatement. A la surprise de la communauté, celle-ci est à l’opposé de la charte usitée sous feu Raïs Omar Bongo. Le ton était donné. Le passage en force créera des tensions entre les membres, se séparant en deux factions distinctes : les pros et les antis Ali Bongo. Surtout, inconnue de beaucoup à l’époque, la nouvelle charte controversée et présentée aux membres de la communauté musulmane, avait été concoctée en amont par Maixent Accrombessi et son ami, l’Imam de la Mosquée Hassan II Ismaël Oceni Ossa.
Elle a ensuite été vendue à Ali Bongo Ondimba par les deux hommes sous le nom de « Charte de la Vérité ». Dans son article 14, ladite charte donne au chef de la communauté musulmane le « pouvoir discrétionnaire » de nommer le président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG). Plus précisément, l’article 14 permet au Raïs d’imposer une personne de son choix comme représentant de la communauté musulmane, sans consulter ces derniers. Tout ce qui remet en cause l’autorité suprême d’Allah, « le clément, le tout miséricordieux». Bénéficiant de la présence tutélaire de Maixant Acrombessi, Ismaël Oceni Ossa est nommé par le Raïs, président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG).
Cette nomination fait des vagues au sein de la communauté, eu égard au tempérament de l’homme, qui n’est pas fédérateur et peu outillé (administrativement très peu lettré) et il n’a pas fait d’études théologiques de haut niveau, notamment à Médine, à contrario de nombreux jeunes imams gabonais. Néanmoins, le 1er décembre 2013, rebelote, lors du 3ème congrès de la communauté musulmane du Gabon, l’Imam Ismaël Oceni Ossa, est réélu haut la main et quasiment dans les mêmes conditions, président du CSAIG, mandat qui durera quasiment 9 ans, jusqu’en février 2022.
Il sera élu une 4ème fois d’affilée, malgré les contestations de plus en plus vives de divers groupes dont celui de Issa Landry Mounguengui. Entre-temps, l’imam est devenu un proche de deux personnalités incontournables du palais : la Première Dame Sylvia Bongo Ondimba, qui devient l’une de ses confidents spirituels, et l’accompagne lors de ses nombreux voyages, et se transforme en un sherpa pour elle. On lui prête ainsi le fait de se référer à lui, avant chaque décision en amont, sur ce qu’il convenait de faire ou pas, et qui engagerait le pays. Du fait de sa maîtrise des choses secrètes et mystiques, à son tour, Ismaël Oceni Ossa se basait sur ce qu’il recevait et aurait transmis ce que lui révéleraient les êtres dits surnaturels.
C’est dans ce contexte et Sylvia Bongo Ondimba souhaitant installer Mohammed Nour-Ed-Din Edouard Bongo Valentin, son fils au pouvoir, que Ismaël OCENI OSSA, place ses deux fils (adoptif et naturel) et sa fille (Secrétaire de Nour-Ed-Din) dans les plus hautes sphères de l’Etat gabonais, certainement pour renforcer ses liens avec la famille Bongo Ondimba.
A ce titre, il voyagera à maintes reprises dans son Bénin natal, séjournant à l’hôtel Golden Tulip, Le Diplomate de Cotonou (4 étoiles), où il a ses habitudes. Y ayant ses quartiers, il fera régulièrement dans ce but, des séjours dans les pays suivants : Burkina Faso, Niger, Nigéria, Togo, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Sénégal, Mauritanie…Durant ces années auprès de la famille régnante, il a pu bâtir un immense empire immobilier aussi bien au Bénin qu’au Gabon notamment.
La seconde personnalité dont il sera proche jusqu’à très récemment, est Romuald LEKOGO aussi connu sous le nom d’Ali Akbar Onanga Y’Obegué. Originaire d’Akieni dans le Haut Ogooué, c’est un enseignant de droit privé à l’UOB en 2010, soupçonné d’être devenu multi milliardaire en quelques années (moins de 8 ans précisément). Il est le beau-fils du général Idriss NGARI et est également ancien député de la Lekabi Lecori. Ses faits d’armes sont nombreux. Selon nos fins limiers, il serait par exemple à l’origine du flou artistique qui règne actuellement au CSAIG.
N.T