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Transition| Le CTRI à l’épreuve du chantage politique

Les mêmes qui, 33 ans durant, ont ruiné les espoirs d’un peuple avec des arrangements d’arrière-boutique, les compromis et autres compromissions, qui n’ont servi qu’à leurs seuls intérêts, veulent refaire surface pour dénaturer les objectifs visés par les forces de sécurité et de défense dans leur opération : sauver le pays.

Cédera, cédera pas ? Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au pouvoir depuis le 30 août dernier, après avoir mis fin à un régime de 56 ans, suite à des élections truquées d’avance, fait face à une série de pressions des hommes politiques. Qui, profitant de la large ouverture de la gouvernance du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a pris l’initiative de consulter  toutes les forces vives de la nation, pour mieux restaurer les institutions du pays, ambitionnent de faire le plein des institutions de transition. Se passant ainsi pour de parfaits et uniques architectes de l’ossature institutionnelle du pays.

Or, malgré leur forte présence dans les multiples assises, dialogues et autres concertations politiques tenus au Gabon depuis 1990, dans le but de construire un pays réellement démocratique, le Gabon tâtonne entre les scrutins de deux tours à un tour, les bulletins uniques trompeurs, le changement permanent des institutions qui gèrent les élections depuis 1994… La liste n’est pas exhaustive.

Dernière escroquerie politique en date: la fameuse concertation politique de février dernier pour préparer les élections générales du 26 août dernier. Un conclave de plus qui a réuni, sous une bâche, dans l’enceinte du ministère de la défense nationale, 80 gabonais de la majorité et de l’opposition, en parfaite égalité. Résultat, plusieurs acquis du dialogue d’Angondje de 2017 avec la participation presque des mêmes acteurs, ont été remis en cause. Et les seuls vrais gagnants ont été, comme toujours, les participants qui ont reçu leurs gros per diem. Au détriment de l’intérêt général. La suite, on la connait : le PDG est parti d’avance gagnant dans les élections heureusement annulées par le CTRI.C’est parce que les résultats de ces multiples assises politiques: de la Conférence nationale de 1990 aux Accords de Paris (1994) en passant par le Dialogue d’Angondje (2017) et celui d’Arambo (2005), n’ont jamais été solides et sincères que les forces de Sécurité et de Défense ont été contraintes de mettre fin à cette longue série de parodies d’assises politiques, où le peuple a toujours été le dindon de la farce, 33 ans durant. Après tant d’échecs des hommes et femmes politiques, continuer dans la même dynamique serait une erreur. Indéniablement.

Quid du nombre de partis politiques au Gabon ?

Dans une récente sortie de quelques chefs de partis, ces derniers se sont indignés de leur absence dans les différentes institutions de la transition. Pour eux, sur 103 partis politiques reconnus par l’administration, 96 auraient été exclus. Appelant ainsi, les nouvelles autorités du pays à réactiver le conseil économique social et environnemental (CESE), dissout, pour y caser les représentants de la Société civile qu’ils trouvent inconvenant d’occuper les sièges au Parlement de transition. Une hérésie !

« Si la société civile est forte (comme c’est le cas au Gabon ces derniers temps, avec notamment le Copil Citoyen), on a un gouvernement qui est plus responsable, et qui bénéficie des idées et des points de vue de plusieurs types de citoyens », déclarait Barack Obama, lors d’une table ronde de la société civile tenue, le 21 novembre 2015. Quelles sont donc les réelles motivations qui poussent les hommes politiques gabonais à vouloir écarter cette grande frange de la population des grands centres de décisions ?

Questions: est-on sérieux, quand on se gargarise d’avoir 103 partis politiques légalisés dans un pays de 2 millions d’habitants ? Et de quels partis s’agit-il ? Puisqu’il est de notoriété publique que ces partis, pour la plupart, ne comptent pas les militants au-delà de la cellule familiale (père, mère, fils et petits-fils). Des partis dont le chef est, généralement, en même temps : président, secrétaire général, trésorier, chargé de la communication, coursier…

Voilà un autre véritable chantier du CTRI. Car, l’ordre doit commencer par auditionner les responsables de ces officines. Contrôler si effectivement, les 3000 militants minimum exigés pour qu’un parti soit légalisé, existent. Voir quel est réellement l’impact sociologique de ce parti sur le territoire national…

En résumé, le CRTI  qui a pris ses responsabilités ne doit pas céder aux chants de sirène. Leur prise de pouvoir, le 30 août dernier, sans effusion de sang, doit fondamentalement changer  les modes de fonctionnement qui ont ruiné le pays.

Jean Yves Ntoutoume

 

 

 

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