Le naufrage, le 9 mars dernier, du navire Esther Miracle, qui a endeuillé plusieurs familles gabonaises, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’un secteur des transports devenu moribond au fil du temps.
En réunissant, le 17 mars dernier, les cadres dirigeants et autres responsables du secteur transports, huit jours après le naufrage, le premier ministre, chef du gouvernement, Alain Claude Billie-Bi-Nze, ne croyait pas si bien dire, en stigmatisant : «le laxisme, les conflits d’intérêts et l’intérêt général» qui ont pris en otage tout un secteur, en mettant en péril la vie des usagers.
Ici, la corruption a pris des proportions inquiétantes au point de laisser le premier ministre à le dénoncer publiquement : «Le phénomène de la corruption dans notre administration devient plus que préoccupant », a fustigé un Billie-Bie-Nze qui compte quand même au sein de son gouvernement, tout un ministère en charge de la lutte contre la corruption. Ajouté à une commission nationale aux mêmes objectifs qui, visiblement, sert plus à engraisser ses membres qu’à lutter véritablement contre la corruption et l’enrichissement illicite.
Ainsi donc, à cause de la corruption, les vies humaines sont systématiquement exposées, par terre, en mer, dans le train et en avion. Sur le plan terrestre, plusieurs camions retirés de la casse sont remis en circulation après avoir reçu quelques coups de soudures et des petites couches de peinture. Résultat, pas un jour n passe sans que ces vieilles carcasses ne causent des dégâts sur la voie publique. Pourtant, toute cette ferraille baladeuse, est à jour, en termes de documents administratifs et techniques. Comment font les propriétaires pour obtenir toutes ces autorisations ? Bien sûr par des «compromissions, de passe-droits et de petits arrangements».
Idem pour le transport maritime. Où les épaves de bateaux sont récupérées par quelques individus pour être remises en circulation, non sans avoir graissé la patte au circuit d délivrance des autorisations. Au grand dam des usagers contraints d’emprunter ces embarcations de fortune.
Tous coupables
S’il est vrai que les principaux auteurs du drame du 9 mars doivent être sanctionnés, il est aussi primordial que ceux qui sont politiquement responsables répondent d’une manière ou d’un autre. Par exemple, comment un gouvernement vient découvrir, après coup, que «le laxisme, les conflits d’intérêts et l’intérêt personnel» sont devenus monnaie courante dans l’administration qu’on est censé diriger? Et que « le phénomène de la corruption devient plus que préoccupant» au sein de la même administration? Alors qu’à ce niveau, c’est aux pouvoirs publics de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une bonne orthodoxie administrative.
Nelson Tchimbakala