En nommant Rose Christiane Ossouka Raponda, en qualité de vice-présidente de la république, Ali Bongo, a-t-il fermé les portes à tout partage du pouvoir avec une certaine classe politique ?
Nommée vice-présidente de la république, le 9 janvier dernier, au moment de quitter le « 2 décembre », Rose Christiane Ossouka Raponda, n’est pas seulement la première femme à occuper ce poste. Elle est aussi le premier militant du PDG, parti au pouvoir, à occuper le maroquin.
Avant elle, le Gabon, sous le régime des Bongo, avait déjà connu deux personnalités politiques à occuper le poste : Didjob Divungi Di Ding et Pierre Claver Maganga Moussavou. Le premier nommé par le père et le second nommé par le fils.
Sur le plan protocolaire, le poste de Vice-Président est directement lié à la présidence de la république. « Le président de la république est assisté par un vice-président » dispose la constitution gabonaise. A la différence d’autres pays où le président et son vice-président sont élus, celui du Gabon est nommé. Il n’a donc aucun mandat.
C’est au lendemain des « accords de Paris » qui ont ramené la paix dans le pays, après un lendemain électoral chaotique que le Gabon a connu à l’issue de la présidentielle de 1993, que le poste a été créé.
En 1997, Omar Bongo, nomme à ce poste, Didjob Divungi Di Ding. Après sa nomination, Omar Bongo avait effectué une tournée dans le Gabon pour présenter son nouveau vice-président. Un geste anodin ? Pas si sûr. Omar Bongo décède, son successeur n’a pas reconduit le tout premier vice-président de la république.
Le poste va rester vacant jusqu’à la fin du dialogue d’Angondje en 2017. Des assises organisées à l’issue d’une élection présidentielle très contestée. Pierre Claver Maganga Moussavou, est nommé au poste. À peine deux ans, l’ancien maire de Mouila est évincé.
Alors que la concertation est annoncée pour démarrer ce 13 février, qu’est qui a poussé Ali Bongo à anticiper la nomination d’un vice-président de la république ? Et pourquoi avoir choisi une personnalité de son parti ? Est-ce un signal à donner à la classe politique qui prendra part à cette concertation qu’il a lui-même voulue ?
Dans la démarche d’Omar Bongo, la création du poste de Vice-Président obéissait à l’esprit d’ouverture politique et du partage du pouvoir gage d’une certaine stabilité du pays. Il semble que les tenants actuels du pouvoir ne s’inscrivent pas dans cette logique.
Melchior Ndabeyene